11 DÉCEMBRE 1960 : L’échec du projet néocolonial français

11 DÉCEMBRE 1960 : L’échec du projet néocolonial français – Algérie, France, Colonialisme, guerre de libération,

Les historiens et les observateurs s’accordent sur l’impact décisif des manifestations de décembre 1960 dans la marche du peuple algérien pour son Indépendance.

En 1960, les manifestations du 10, 11 et 12 puis des journées de décembre qui suivirent ont été le coup d’accélérateur qui a rendu inéluctable l’Indépendance de l’Algérie.
Durant ces jours d’un hiver particulièrement rigoureux, dans les quartiers « musulmans », la rue a été occupée majoritairement par des femmes, des enfants et des adolescents qui avaient, pour la plupart, dans leurs familles, un ou plusieurs membres ou proches, emprisonnés, ou au maquis, ou tombés au combat. C’est comme s’ils attendaient ce moment. Il était clair qu’en brandissant le drapeau vert et blanc, frappé de l’étoile et du croissant rouges -qui ornera, par la suite, toutes les manifestations pour l’indépendance, organisées en divers points du territoire- et en criant « Algérie musulmane » et « vive le FLN », les manifestants ne voulaient laisser planer aucun doute sur leur revendication – l’Indépendance totale- et leur rejet autant du mot d’ordre des ultracolonialistes, « Algérie française », que de celui, ambigu, de la troisième voie, « Algérie algérienne », suggéré par le général de Gaulle, alors président français. C’est d’ailleurs lui qui offrit cette occasion au peuple algérien par sa tournée en Algérie, espérant gagner les « musulmans » à son projet néocolonial caché derrière le slogan « Algérie algérienne ».

Le 9 décembre, à Aïn Temouchent, première escale de la visite du général de Gaulle, les manifestants algériens lançaient leur slogan: « Algérie musulmane ». Le lendemain, 10 décembre, en fin d’après-midi, sous une pluie battante, des milliers de personnes, enfants et femmes pour la plupart, encadrés par des adultes, le drapeau de l’Algérie en main, occupent la rue de Lyon (rue Mohamed Belouizdad, aujourd’hui) qui traverse le quartier de Belcourt (aujourd’hui, Belouizdad).

Le 11 décembre, au matin, à la Casbah, à Belouizdad et à El-Madania, ainsi qu’à Blida, Oran, Chlef, Annaba, Constantine et ailleurs, la foule est sortie, en défiant l’armée coloniale, pour exiger l’indépendance de l’Algérie. Les militaires français et les colons ont tiré sans hésiter visant la tête et la poitrine. Un véritable carnage. Mais l’irruption massive de la population algérienne, en grande partie pauvre, dans la lutte, venait de mettre en échec le plan néocolonial de l’Algérie algérienne imaginée par de Gaulle. Un projet mort-né. En même temps, les «ultras », partisans de l’Algérie française, qui se faisaient l’illusion d’une fraternisation autour du mot d’ordre d’Algérie française, ont été bien obligés d’admettre que les « musulmans », comme les nommaient les autorités françaises à l’époque, étaient déterminés à chasser le colonialisme.

Un historien allemand qualifia les manifestations de décembre 1960 en Algérie de « Diên Biên Phû politique » pour la France impériale. Quelques jours après, le 14 décembre 1960, l’Assemblée générale des Nations unies adoptait la fameuse résolution 1514 (XV), qui est la première Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux. L’ONU reconnaissait, à tous les peuples coloniaux, le droit à l’autodétermination. Ce droit sera exercé par le peuple algérien en juillet 1962.

C’était le début de la fin du système colonial dont il ne reste actuellement que deux cas: l’occupation coloniale en Palestine par l’entité sioniste et au Sahara occidental, par le Maroc. Les deux colonisateurs ont conclu dernièrement un accord de coopération militaire et sécuritaire dont le but est évident. La résolution 1514 de l’Assemblée générale de l’ONU, écrite grâce aux sacrifices des peuples, dont le peuple algérien, qui se sont soulevés contre le colonialisme, constitue un atout diplomatique entre les mains des peuples palestinien et sahraoui, en complément des autres formes de lutte qu’ils mettent en œuvre.

M’hamed Rebah

Le Courrier d’Algérie, 12/12/2021

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