Algérie, Sahara Occidental, Israël, Palestine, Mossad – Le Maroc, un royaume à vendre
Le battage médiatique et la gesticulation qui ont entouré la récente visite au Maroc de Benny Gantz, le ministre israélien de la Défense, renseigne sur la psychose dans laquelle baigne le Makhzen depuis novembre 2020.
La couverture médiatique assurée par les médias israéliens et marocains ainsi que les débats que cette visite a suscités donne à penser que l’inquiétude du Makhzen a atteint son paroxysme suite à l’occupation d’El-Guerguerat par l’armée marocaine et la reprise des combats.
Depuis la violation du cessez-le-feu le 13 novembre 2020, le Maroc n’a ménagé aucun effort pour limiter l’impact médiatique de la reprise de la guerre et des coups que l’Armée de libération sahraouie assène régulièrement aux forces d’occupation marocaine.
A Rabat, on estime que les accords militaires entre le Maroc et Israël permettront de faire face à la résistance des combattants du Polisario. Si le Makhzen a appelé Israël au secours, c’est qu’il est en grande difficulté au Sahara occidental. Selon les analystes, la coopération sécuritaire entre Rabat et Tel-Aviv n’a pas attendu cet accord pour exister. Depuis le défunt souverain Hassan II, les services de sécurité marocains travaillent pour le compte du Mossad. Ce qui était à l’époque un secret de polichinelle est aujourd’hui devenu officiel.
L’affaire Pegasus est toute fraîche pour rappeler au Makhzen cette collusion de longue date. La visite du ministre de la Défense israélien, dit le boucher de Gaza, a donnée lieu à une prolifération d’informations dans les médias, évoquant, pêle-mêle, le montage de drones tueurs, l’achat du dôme de fer et même l’implantation d’une base militaire israélienne dans la région de Mellila, pas très loin de la frontière algérienne et aux portes de l’Espagne.
Mais acquérir ce matériel militaire et autres infrastructures a un coût que le Makhzen doit payer. Avant tout autre considération, Israël fait des affaires et veut ajouter le Maroc sur la liste de ses clients acheteurs de son armement. Le cas du dôme de fer est révélateur du niveau d’ignorance des milieux marocains dans ce domaine. Israël a développé le dôme de fer avec l’appui des Etats-Unis. En dehors de la contribution versée par les Etats-Unis, estimée à 205 millions de dollars, son coût réel n’est pas connu. Mais un seul missile intercepteur de ce dôme coûte 50 000 dollars.
Lors de la dernière agression sioniste de Ghaza, au début de mai 2021, un analyste militaire avait déclaré que lorsque le Hamas lançait 480 roquettes artisanales et qu’Israël en interceptait 200, “nous trouvons qu’au moment où la résistance palestinienne a investi 250 000 dollars dans leurs attaques, Israël a tiré plus de 10 millions de dollars de missiles intercepteurs”. A son coût élevé s’ajoute une efficacité qui laisse à désirer.
Pis encore, la portée de ce dôme ne dépasse pas les 70 kilomètres. La superficie d’Israël, y compris les territoires occupés, est de 22 000 km2. La superficie du Maroc fait vingt fois celle d’Israël, tandis que les territoires occupés du Sahara occidental près de huit fois. Donc, combien de dômes doit acheter le Maroc, et à quel prix, pour protéger ses sites dits sensibles et importants ?
Concernant les drones, nombreux sont les pays qui maîtrisent aujourd’hui cette technologie. Et l’Armée de libération sahraouie possède les moyens de s’adapter sur le terrain et améliorer son armement pour faire face à cette nouvelle donne. Mais la provocation la plus audacieuse a été l’annonce de l’implantation d’une base israélienne dans la région de Mellila, à 200 km des frontières de l’Algérie. En médiatisant ce projet, le Makhzen voulait faire peur à ses voisins, en exhibant le projet d’une base militaire avec l’aide sioniste, et ce à moins d’une centaine de kilomètres de ses frontières ouest.
Mais pour Israël, ce projet d’implantation d’une base militaire dépasse, et de loin, le seul objectif de menacer l’Algérie. En effet, la région de Melilla n’est pas éloignée du détroit de Gibraltar. Un détroit stratégique contrôlé par les puissances membres de l’ONU, la Grande-Bretagne et l’Espagne. Dans le cas où le Maroc offre une base militaire à Israël, ceci permettrait à ce pays de se positionner comme une force qui participe au contrôle de ce détroit stratégique, point de passage d’un important trafic maritime et même militaire.
Une ambition qui commence à s’affirmer dans cette nouvelle guerre froide qui s’installe entre les Etats-Unis et l’Europe occidental d’un côté et la Chine et la Russie de l’autre.
Les services de sécurité et l’armée marocaine ne sont pas de taille pour tenir tête aux Israéliens et éviter d’être mis sous leur tutelle. Et, inévitablement, les sionistes deviendront les vrais décideurs au Maroc, dans le cas où le Makhzen persiste dans cette voie d’alignement aveugle en faveur de l’entité occupante la Palestine.
Par Réda C.
Le Jeune Indépendant, 30/11/2021
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