France, Mali, Niger, Burkina Faso, Barkhane – Enlisement sécuritaire au Sahel ?
Les opérations militaires menées au Sahel par l’armée française, avec l’aide d’armées alliées, européenne et américaine, s’enlisent-elles dans les sables de cette vaste région désertique ? Des succès militaires sur le plan de la lutte contre les groupes terroristes sont notables, mais l’échec est patent sur les plans de la situation sociale et politique dans les pays voisins de la bande sahélo-saharienne, connus par le G5 (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad ). Résultat, les transformations du djihadisme dans la région ont compliqué la tâche aux militaires étrangers, arrivés au point de ne plus faire la distinction entre les terroristes et les habitants. Ajouter à cela un mécontentement des populations locales face à l’instabilité politique et les problèmes économiques, qui ont fini par se retourner contre ces militaires étrangers qui ne leur ont apporté «rien de bon sur le plan de l’amélioration de leur vie quotidienne».
Le mouvement anti-français a commencé au Mali, pour s’étendre aux pays voisins, le Burkina Faso et le Niger. Dans ces deux derniers pays, l’hostilité à la présence de troupes militaires françaises s’est manifestée d’une manière très violente, avec le blocage d’un convoi militaire d’une centaine de véhicules par des manifestants, provoquant des heurts entre militaires et populations civiles locales, où des morts ont été enregistrés. Que reste-t-il de l’intervention de l’armée française et ses alliés au Sahel quand les populations locales se soulèvent contre la présence de leurs troupes militaires ? C’est le plus grand problème auquel se trouve confrontées les opérations militaires étrangères au Sahel, et contre lequel l’Algérie avait par le passé manifesté ses réserves, refusant de s’y impliquer militairement sans autres actions visant une amélioration de la vie socioéconomique des populations des pays concernés.
Aujourd’hui, les populations locales sont arrivées à appeler les Russes à la rescousse. Au Mali, la route est presque balisée pour une intervention du groupe Wagner. Et on continue encore à sonder d’autres pays pour intervenir au Sahel.
La Chine, vu l’intense coopération commerciale avec de nombreux pays du continent africain, avec des échanges directs atteignant plus de 200 milliards de dollars en 2019, semble qualifiée pour jouer un rôle en matière de soutien sécuritaire au Sahel. Un appel direct à la Chine a été lancé dans ce sens par la ministre sénégalaise des Affaires étrangères Aissata Tall Sall. Cette dernière a fait part de son espoir, à l’ouverture du 8e Sommet Chine-Afrique à Dakar, et à l’issue d’une rencontre avec son homologue chinois Wang Yi, de voir la Chine apporter son soutien dans la lutte contre l’insécurité au Sahel.
Quelle sera la réaction de la France et des Etats-Unis après cette invitation à la Chine de s’investir sur un plan sécuritaire au Sahel ? Les deux pays, qui ont manifesté leur opposition à toute présence au Sahel du groupe Wagner, réserveront-ils un accueil différent à la Chine ? En tout cas, un déploiement des troupes militaires chinoises au Sahel, aux côtés des troupes militaires françaises et d’autres armées alliées, est impensable.
Reste seulement l’option d’une participation financière, qu’on chercherait à faire payer la Chine comme une dîme à ses bénéfices réalisés sur le continent africain.
par Abdelkrim Zerzouri
Le Quotidien d’Oran, 30/11/2021
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