Algérie-Nigeria: Le gazoduc Transaharien devient une réalité

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/Le «corridor de développement», rêvé et voulu par l’Algérie et le NigEria se concrétisera-t-il dans les prochaines années ? Ce couloir de développement explique l’importance des relations économiques entre l’Algérie et le Nigeria. Les deux pays ont compris depuis longtemps qu’il est de loin préférable pour leurs peuples de s’engager dans une coopération entre Africains, plutôt que de regarder seulement vers l’occident. Trois grands projets ont été lancés : la route transsaharienne, le gazoduc Nigeria-Europe via l’Algérie, et la liaison par fibre optique Alger-Abuja.

D’ailleurs, l’ambassadeur du Nigeria à Alger a souligné toute l’importance de ses projets et cette coopération tous azimuts entre les deux géants africains. L’avantage économique du projet de gazoduc Trans-Saharan Gas-Pipline (TSGP), reliant le Nigeria à l’Europe via l’Algérie, sera « énorme » pour toutes les parties concernées, c’est un projet très important qui générerait beaucoup d’argent à la fois pour le Nigeria et les autres pays qui y participent », a souligné l’ambassadeur dans un entretien accordé au quotidien nigérian « Punch ». Le Nigeria, qui possède la 9e réserve mondiale en gaz, pourrait fournir à travers ce gazoduc 30 milliards m3 de gaz par an, selon le diplomate nigérian. Dans ce cadre, M. Mabdul a mis en avant les capacités dont dispose l’Algérie en matière de transport et de liquéfaction du gaz. « A l’heure actuelle, l’Algérie fournit une bonne partie des besoins en gaz de la plupart des pays européens. Elle dispose d’un réseau de gazoducs de plus de 2.000 km. Son principal gisement de gaz, Hassi R’mel, possède la quatrième plus grande réserve de gaz au monde », a-t-il fait valoir. Grâce à son infrastructure gazière et son réseau de gazoducs, l’Algérie est en mesure de connecter le champ gazier de Hassi R’mel à celui du Nigeria en passant par le Niger », a-t-il soutenu.

Un projet important pour le Nigeria

Le ministre du Pétrole de la République du Nigeria, Timipre Sylva, avait annoncé, le 23 septembre dernier, que son pays allait entamer la construction d’un gazoduc pour transporter le gaz nigérian vers l’Algérie, qui à son tour l’exportera vers d’autres pays. Dans une interview à la chaîne CNBC Arabiya, M. Sylva avait déclaré : « Nous avions l’intention de réaliser un gazoduc pour exporter du gaz nigérian depuis longtemps. Nous avons rencontré quelques difficultés à ce sujet, mais nous, au Nigeria, avons commencé la mise en œuvre de ce projet ». Et d’ajouter: « Nous avons commencé la construction d’un gazoduc du sud du pays vers le nord dans le but de transporter le gaz nigérian vers l’Algérie », qui l’exportera, après accord avec elle. Dans ce contexte, il a souligné que l’opération de construction avait effectivement commencé. Il a également souligné que son pays ambitionne d’acheminer le gaz nigérian en Europe afin de valoriser au maximum cette ressource énergétique avant la fin de « l’ère des énergies fossiles » et la transition vers les énergies renouvelables. A cet égard, le ministre a révélé que le Nigeria a pu, lors de ses opérations de prospection, explorer 256 milliards de mètres cubes de gaz. Une semaine avant lui, le PDG du groupe pétrolier public algérien, Sonatrach, Toufik Hakkar, avait indiqué que l’étude de faisabilité du projet du gazoduc est terminée et soumise aux entreprises des deux pays africains. Intervenant lors du Forum de la Chaine 1 de la Radio nationale, M. Hakkar avait précisé que cette faisabilité est liée notamment à la demande sur le gaz et surtout à l’étude du marché au vu de la baisse du prix du gaz, soulignant que le prix de ce dernier est passé de 10 dollars l’unité calorique il y a 10 ans à moins d’un dollar en 2020. Ce qui pourrait, selon lui, « influer sur la prise de décision de lancer un tel investissement », d’où la démarche de lancer une étude du marché pour déterminer la demande sur le gaz avant de trancher sur l’opportunité de s’engager dans ce projet. Selon le PDG de Sonatrach, qui a réalisé l’étude de faisabilité, l’étude technique du projet est « ficelée et le tracé du gazoduc défini ».

Le vieux rêve de la transsaharienne

Abordant les autres projets de partenariat engagés par les deux pays, Mohammed Mabdul a évoqué le projet de câbles à fibre optique qui vise à renforcer la connectivité internet entre l’Afrique et l’Europe. Pour rappel, le mégaprojet de fibre optique reliant Alger aux frontières du sud avec le Niger a été achevé avec la livraison du dernier tronçon Tamanrasset-In Guezzam d’une distance de 440 km en novembre 2019. L’ambassadeur nigérian a évoqué aussi le projet de la route transsaharienne de 9.900 km qui traverse également le Tchad et le Mali, et qui a atteint un taux d’achèvement d’environ 90%, a-t-il indiqué, relevant que « la partie algérienne a terminé la sienne et n’attend que l’inauguration ». Ce projet sera soutenu, selon le diplomate, par la connexion entre trois ports en eau profonde qui seraient construits pour booster l’activité économique de la région. Il s’agit du port en eau profonde à Lagos, d’un port qui serait construit dans une ville côtière en Algérie et un troisième prévu à Gabès, en Tunisie. « Les marchandises en provenance d’Europe et d’autres parties du monde transiteraient par ces ports et seraient acheminées via ces réseaux routiers communs. C’est un énorme projet qui créerait une chaîne d’activités pour les transporteurs, les hommes d’affaires, les commerçants. C’est une aubaine pour ces régions de s’épanouir », s’est-il réjoui. Lancé à la fin des années 1960, l’axe Alger – Lagos, connu aussi sous le nom de «Transafricaine 2» fait partie du réseau des 10 principales routes transafricaines. Elle dessert actuellement 37 régions, 74 centres urbains pour 60 millions d’habitants répartis dans les six pays (le Nigeria, le Tchad, le Mali, le Niger, la Tunisie et l’Algérie). Outre le financement des pays concernés, cet axe a bénéficié du soutien financier de la Banque africaine de développement (BAD) et d’autres partenaires au développement. Par ailleurs, M. Mabdul a souhaité la concrétisation de lignes aériennes reliant Alger à Abuja et Lagos, pour faciliter les déplacements des communautés d’affaires des deux pays. En l’absence d’une compagnie aérienne nigériane, c’est Air Algérie qui sera chargée d’ouvrir cette route aérienne entre Alger et les aéroports d’Abuja et Lagos.

Nawfal Abbas

L’Algérie d’aujourd’hui, 22/11/2021

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