Le parlement français approuve les indéminsations aux harkis

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La chambre basse de la France a voté un projet de loi prévoyant une compensation pour les harkis, des musulmans algériens qui ont combattu aux côtés de la France pendant la guerre d’indépendance algérienne. La loi sur les réparations, promise par le président Macron, passe désormais au Sénat.

Les députés de l’Assemblée nationale française ont approuvé un projet de loi ouvrant la voie aux harkis et à leurs descendants pour recevoir une compensation pour la façon dont ils ont été traités à la fin de la guerre d’indépendance algérienne en 1962.

Le président Macron a promis une telle législation lors d’un discours qu’il a prononcé en septembre, dans lequel il a également demandé pardon aux harkis et à leurs descendants après avoir été « abandonnés » par la France.

Le projet de loi a été voté jeudi en première lecture par 46 voix (1 contre et 6 abstentions) et passe désormais au Sénat pour approbation.

Camps sordides
Le projet de loi a à la fois une dimension mémorielle et compensatoire.

Sur le plan symbolique, il reconnaît « les services rendus en Algérie » par les 200 000 harkis qui ont servi comme auxiliaires dans l’armée française de 1954 à 1962 et « qui ont été abandonnés lors du processus d’indépendance ».

Il reconnaît également les conditions « indignes » dans lesquelles vivaient quelque 90 000 harkis et leurs familles après avoir fui l’Algérie pour la France.

Environ la moitié d’entre eux ont été contraints de vivre dans des camps sordides entourés de barbelés et dans des hameaux forestiers.

Le projet de loi prévoit une indemnisation pour le préjudice qu’ils ont subi, avec une somme forfaitaire qui tient compte du temps qu’ils ont passé dans ces camps.

Geneviève Darrieussecq, ministre du Souvenir et des Anciens Combattants, a insisté sur le « préjugé spécifique » des 50 000 Harkis qui ont été relégués dans « six camps », « 69 hameaux forestiers » et « plusieurs autres lieux » où ils ont été « privés de liberté ».

Elle a qualifié cela de « particulièrement contraire à nos principes républicains ».

Elle a reconnu qu’il y avait des « zones d’ombre, même 60 ans plus tard », et a déclaré que si des lieux de détention supplémentaires étaient identifiés, ils seraient intégrés dans le projet de loi.

Certains députés de l’opposition avaient fait pression, sans succès, pour que les 90 000 harkis et leurs descendants puissent prétendre à une indemnisation et pas seulement ceux détenus dans des camps de transit et des hameaux forestiers.

302 millions d’euros au total
Un fonds de prévoyance a été créé en 2018 pour les descendants des combattants harkis, dont beaucoup sont encore aujourd’hui confrontés à la marginalisation et à la pauvreté. Quelque 50 millions d’euros ont déjà été alloués dans le projet de budget 2022 pour compléter cela.

La facture porte sur un montant global de 302 M€, étalé sur plusieurs années.

« Nous estimons que 6 000 demandes d’indemnisation pourraient être ouvertes à partir de 2022 », a déclaré la députée Patricia Marallès du parti au pouvoir LREM, et qui a porté le projet de loi devant le Parlement.

Mais les réparations « n’effacent pas les souvenirs douloureux », a souligné Geneviève Darrieussecq, qui a appelé à « vérité et honneur » pour tourner l’une des « pages les plus sombres de l’histoire de France ».

Le projet de loi contient également des mesures d’aide aux veuves d’anciens combattants Harki et prévoit une commission chargée de travailler à la collecte et à la transmission des souvenirs des familles Harki.

En 2003, la France a célébré chaque année la Journée nationale de reconnaissance Harki le 25 septembre.

Dans un geste symbolique, les députés ont voté jeudi pour que la date du 25 septembre soit explicitement « inscrite dans la loi ».

RFI, 19/11/2021

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