Le Maroc à la manœuvre pour la réouverture du gazoduc GME

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Le Makhzen ne semble pas avoir digéré la décision prise par l’Algérie de fermer le gazoduc Maghreb Europe (GME). Dans les médias marocains, presque quotidiennement, des articles de presse annoncent des pressions qu’exercerait Naturgy, la compagnie gazière espagnole, cliente de Sonatrach, pour la réouverture du GME.

En parallèle, une campagne est menée pour jeter le doute sur la crédibilité de l’engagement de l’Algérie à respecter les clauses des contrats de livraison de gaz naturel vers l’Espagne à la suite de la fermeture de ce gazoduc.
En plus de cette campagne de désinformation, le Makhzen a actionné quelques députés européens à sa solde pour exiger de Bruxelles de faire pression sur Alger et la ramener à revoir sa décision.

Les manœuvres du Makhzen visent à discréditer l’Algérie, l’accusant de faire du chantage politique en utilisant le gaz naturel comme carte de pression politique, tout comme le fait la Russie. Ces accusations ne résistent pas devant les faits compte tenu du fait que Sonatrach a, de tout temps, honoré ses engagements contractuels.

L’Algérie ne fournit pas seulement du gaz naturel à l’Espagne, mais également à l’Italie, au Portugal, à la France et à la Turquie, dans le cadre de contrats à long terme.
En dehors du GME, aujourd’hui fermé, Sonatrach dispose d’une capacité d’exportation de gaz naturel par gazoduc (Medgaz et Henrico Mattei) dépassant les 43 milliards de mètres cubes par an, en plus de 32 autres milliards de mètres cubes en gaz naturel liquéfié (GNL).

Ces volumes dépassent largement les quantités de gaz naturel exportées par le pays en 2020 qui avaient atteint 40 milliards de mètres cubes.
Ces données sont connues de l’ensemble des intervenants dans le commerce mondial du gaz naturel . Sinon comment expliquer alors l’agitation du Makhzen, sachant qu’il n’aurait aucune chance de conduire à des pressions internationales sur l’Algérie et encore moins à une remise en cause de la décision de l’arrêt des exportations de gaz naturel via le GME.

Pour les initiés sur la situation énergétique du Maroc, la décision de couper l’approvisionnement en gaz naturel transitant par le voisin de l’Ouest, prise par l’Algérie, aura, dans un avenir très proche, des incidences économiques plus ou moins pénibles, même si le Makhzen tente, jusqu’à ce jour, de minimiser l’impact financier et gazier de la fermeture du GME.
En moyenne, le Maroc a besoin d’un milliard de mètres cubes de gaz naturel annuellement. Ce gaz fait fonctionner deux centrales électriques et deux autres centrales hybrides, l’une avec le solaire et l’autre avec le charbon.

Ce qui représente une puissance de 1 184 MW pour les deux centrales à gaz et 725 MW pour les deux autres centrales hybrides. Ce qui est énorme pour un pays qui ne dispose que d’une puissance électrique installée de 10 600 MW.

Si la consommation d’électricité des Marocains reste modérée, le problème ne se posera pas avec acuité. Mais en raison de la pandémie de la Covid-19, l’économie marocaine a connu une grave récession de -7% en 2020 et elle doit impérativement renouer avec la croissance cette année ainsi qu’en 2022. Et une forte croissance économique entraînera inévitablement une hausse de la consommation de l’énergie, en premier lieu l’électricité.

A titre d’exemple, la centrale électrique de Tanger, d’une puissance de 384 MW, fonctionne au gaz naturel.
Cette centrale alimente, entre autres, l’usine Renault et le port Tanger Med.

L’arrêt de la production de cette centrale aurait de graves conséquences sur toute l’économie de la région, d’où le désarroi du Makhzen, qui ne dispose pas des infrastructures nécessaires pour importer directement du GNL et permettre ainsi à ses centrales à gaz de fonctionner. La solution d’importer du GNL via l’Espagne et le regazéifier avant de l’acheminer par le GME vers le Maroc est une solution complexe, aujourd’hui abandonnée par les médias marocains.
Reste alors une autre option pour le makhzen : importer de l’électricité d’Espagne à prix fort. En Espagne, le prix de l’électricité a augmenté de 35% depuis le début de l’année en cours. Inévitablement, le coût élevé de l’énergie au Maroc aura un impact négatif sur la croissance de son économie en 2022.

Réda C.

Le Jeune Indépendant, 16/11/2021

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