Algérie. Le rebond de croissance

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Ouvrir grands les corridors de l’investissement. Le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmen Benabderrahmane, l’a annoncé hier. «La loi sur l’investissement représente l’un des principaux éléments des réformes structurelles en passe d’exécution». Relancer l’investissement productif, c’est maintenant, maintenant que la conjoncture s’y prête. Et le chiffre de croissance de l’ONS le confirme. L’économie algérienne, qui a subi de plein fouet les conséquences désastreuses de la pandémie de Covid-19, connaissant un recul en 2020, enregistre un rebond appréciable. Exit les effets néfastes du confinement sanitaire, la sécheresse… qui ont pesé sur les revenus du secteur agricole, réduisant la demande intérieure. Les perturbations des chaînes de valeur mondiales et le ralentissement soudain de la demande des principaux partenaires commerciaux de l’Algérie avaient comprimé les exportations algériennes, qui ont chuté au cours de l’année 2020.

Sur la même période, la baisse de la production intérieure et de la demande des consommateurs a réduit les importations. Pour l’année 2021, elle renoue de plus en plus avec la croissance pour atteindre 6,4% au deuxième trimestre 2021, par rapport à la même période de l’année dernière, selon l’Office national des statistiques (ONS). La croissance économique est repartie après plus d’une année de contraction, avec ses effets indéniables sur plusieurs secteurs ainsi que sur les indicateurs macroéconomiques et sociaux. La logique générale de la trame de cette évolution veut que la demande intérieure, de façon générale, soit concernée par cette reprise. Rappelons que les prévisions de croissance annoncées par des institutions nationales et internationales auguraient déjà d’une année meilleure. Cette croissance positive touche pratiquement tous les secteurs d’activité économique.

La hausse du PIB a été tirée principalement par l’accroissement de la valeur ajoutée du secteur des hydrocarbures, contre une forte baisse à la même période de 2020. Cette performance s’est réalisée dans un contexte de hausse remarquable des prix sur le marché pétrolier et du gaz. Les augmentations des prix des hydrocarbures ont conduit à une hausse du déflateur de la valeur ajoutée des hydrocarbures. Hors hydrocarbures, la croissance est également au rendez-vous, avec un PIB qui a enregistré un accroissement appréciable. Elle est tirée essentiellement par la croissance de l’industrie et celles des secteurs du BTPH (y compris services et travaux publics pétroliers) et des services non marchands qui connaissent des taux d’accroissement à la hausse.

Ce rebond peut également s’expliquer par l’investissement qui progresse. Une augmentation de l’activité agricole, bien que ce secteur a fait face à des conditions climatiques exceptionnellement sévères et à un «stress hydrique important» qui ont impacté ses performances. La croissance économique dépend des précipitations qui affectent le secteur agricole. La valeur ajoutée globale du secteur de l’industrie a conduit à une croissance tirée essentiellement par les industries agro-alimentaires, les industries sidérurgiques, métalliques, mécaniques et électriques et des matériaux de construction.

Ce rebond s’explique également par le recul du volume des importations de biens et services. Les exportations ont rebondi et devraient se renforcer davantage à court terme avec l’augmentation de la demande mondiale. Tout compte fait, à mesure que l’économie se remettra d’une importante récession et que l’agriculture retrouvera une bonne croissance, cela compensera probablement la morosité des secteurs qui enregistrent des baisses de croissance comme le tourisme. Par conséquent, le déficit de la balance courante et le déficit budgétaire devraient se resserrer, et les pressions inflationnistes devraient rester modérées.

Néanmoins, le pays est confronté à d’importantes inégalités sociales, à des disparités régionales en matière de développement économique ainsi qu’au chômage des jeunes. Aussi, le modèle de développement adopté par l’actuel gouvernement devrait favoriser une croissance inclusive. C’est la mission qui lui est assignée.

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Après la récession au temps de la covid-19 : L’Algérie affiche une forte croissance économique

La croissance économique de l’Algérie a atteint 6,4% au  2e trimestre 2021 par rapport à la même période de l’année dernière, selon l’Office national des statistiques (ONS).

Joint par nos soins, Brahim Guendouzi, professeur d’économie à l’Université Mouloud-Mammeri à Tizi-Ouzou, explique cette bonne performance par deux facteurs essentiels. D’une part, dit-il, une reprise économique dans nombre de secteurs, notamment agricole, industriel et celui des services, suite à l’allègement des restrictions liées au Covid-19. D’autre part, l’universitaire relève une «conjoncture pétrolière favorable et qui le demeure», avec à la clé un prix du baril se situant à des niveaux relativement élevés et des performances du groupe pétrolier Sonatrach qui a développé ses activités à l’export. Contacté également par El Moudjahid, Mustapha Mekidèche, économiste, évoque un «effet de reprise immédiat». Explicite, il indique que l’économie nationale était «très impactée par la pandémie, et part de très bas avec nombre d’activités qui étaient à l’arrêt, notamment le Btph et les services». Enchaînant, il souligne qu’ «avec la reprise, la croissance monte plus rapidement».

L’autre explication fournie par l’économiste est inhérente aux performances du secteur agricole qui, «en dépit de la sécheresse et autres inconvénients, a maintenu sa croissance».
Dans le même ordre d’idées, M. Mekidèche met également en avant «les résultats enregistrés par les industries manufacturières et celle des hydrocarbures», et affirme s’attendre à ce que des secteurs, comme celui du BTPH, sortent la tête de l’eau et redémarrent sur de bonnes bases, à la condition qu’il y ait un accompagnement nécessaire par le financement. Par ailleurs, il convient de préciser que pour ladite période, à savoir le second trimestre 2021, l’ONS explique aussi cette «croissance soutenue» par une «forte reprise» des activités économiques dans les secteurs des hydrocarbures avec 11%, l’industrie (9,3%), le bâtiment, travaux publics et hydraulique (BTPH), y compris les services et travaux publics pétroliers (STPP) (13,7%) et les services marchands (10,2%). Quant au taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) hors hydrocarbures, il a été de 6,1%, alors que le taux du PIB hors agriculture a affiché une hausse de 7,5% durant le second trimestre 2021 et par rapport à la même période de l’année dernière, a détaillé l’Office des statistiques. En valeurs courantes, le PIB du deuxième trimestre 2021 a enregistré une croissance de 27,3%, contre une baisse de 17% durant la même période de l’année précédente.

La même source a relevé, par ailleurs, que la demande finale totale est en hausse de 5,9% du fait, notamment, de l’augmentation du volume des exportations de biens et services de 10,2% et de la consommation finale des ménages qui a affiché une croissance «remarquable» de 7,1%. Rappelons que l’économie algérienne a commencé à renouer avec la croissance au premier trimestre 2021 avec un bond du PIB de 2,3% sur un an. Après quatre trimestres de contraction en raison des impacts directs et indirects de la pandémie de Covid-19, ce premier trimestre a été marqué, en effet, par des «croissances positives» de tous les secteurs d’activité économique.

En janvier dernier, le ministère de la Prospective, dans son premier rapport pour 2020-2024, précisait que trois nouveaux leviers de la croissance économique devaient être actionnés à moyen terme, incluant l’entrepreneuriat, le développement industriel et les investissements directs étrangers (IDE). Pour l’entrepreneuriat, il s’agit de la création d’un écosystème plus large d’instruments aptes à favoriser la création d’entreprises innovantes, tout en renforçant le système d’innovation. Quant aux investissements, le rapport préconisait de les orienter vers les secteurs productifs à fort effet d’entraînement. A propos des IDE, il s’agit de tirer profit de la relocalisation qui représente des opportunités, notamment pour l’Algérie.

El Moudjahid, 16/11/2021

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