Paris fait les yeux doux à Alger

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Après avoir provoqué la colère des Algériens par ses propos du 30 septembre, le président français Emmanuel Macron tente de rectifier le tir en invitant Tebboune à sa conférence sur la Libye. Mais il est peu probable que le chef de l’Etat accepte cette invitation.

C’est avec deux fers au feu, une mémoire sélective et un aveu de faute intéressé que le président Emmanuel Macron tente de rattraper le dérapage incompréhensible qu’il a commis le 30 septembre dernier. Ce jour-là, il a condamné de façon discourtoise l’Etat algérien en le traitant de «système politico-militaro fatigué» qui exploite, selon lui, une «rente mémorielle». Plus grave, il a émis des doutes sur l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation. Il a, dans la foulée, annoncé la division par deux du nombre de visas accordés aux hauts responsables du pays. «On va s’attacher à ce que les étudiants et le monde économique puissent le garder. On va plutôt ennuyer les gens qui sont dans le milieu dirigeant, qui avaient l’habitude de demander des visas facilement», a-t-il dit.

Toutefois, quelques jours après les récentes déclarations du président Abdelmadjid Tebboune, le voilà opérer une volte-face, se déjuger et, enfin, regretter «les polémiques et les malentendus engendrés par les propos rapportés». Un communiqué du Palais de l’Elysée a souligné que «le président Macron a le plus grand respect pour la nation algérienne, pour son histoire et pour la souveraineté de l’Algérie».

C’est clairement une réponse au «je ne serai pas celui qui fera le premier pas» lancé, le 5 novembre, par Tebboune sur les colonnes du magazine allemand Der Spiegel qui l’interviewait. Le président de la république a alors précisé qu’il risquait de perdre ainsi l’estime de «tous les Algériens» car aucun d’eux «n’accepterait que je reprenne contact avec ceux qui ont formulé ces insultes».

Le retournement soudain du président français qui est, il faut le dire, de pure forme est à expliquer par l’approche des élections cruciales qui doivent se dérouler en Libye au mois de décembre. Paris dit souhaiter le développement de la relation bilatérale entre les deux pays «au bénéfice des populations algérienne et française mais également pour répondre aux grands défis régionaux, à commencer par la Libye».

L’Elysée a même invité Abdelmadjid Tebboune à la conférence qui sera organisée ce vendredi à Paris sur ce pays en proie à la guerre civile depuis dix ans après la chute de feu Kadhafi dans laquelle la France de Nicolas Sarkozy a joué le plus grand rôle. «L’Algérie est un acteur majeur dans la région et le président souhaite la participation du président Tebboune à cette conférence», a estimé un conseiller du chef de l’Etat français cité par la presse parisienne.

Il est certain, cependant, que le président de la république déclinera l’invitation puisque le malaise est encore vivace mais des informations faisaient état hier de la participation à cette rencontre du ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra. L’Algérie qui suit de près et activement les développements en Libye ne peut se permettre de rater l’occasion de prendre part à la moindre initiative qui concerne le rétablissement de la stabilité de sa voisine.

Enfin, comme le hasard n’existe pas en politique, il y a lieu de noter la nouvelle sortie, hier, du ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin sur l’histoire des visas et son insistance sur le cas Algérien. Interrogé par la radio Europe1, le responsable a assumé son bilan en ajoutant : «Si je prends l’exemple de l’Algérie, il y a eu 23.341 visas acceptés sur les huit premiers mois de l’année, et 10.828 refusés (31% de refus). Si je prends l’Algérie depuis la décision de septembre-octobre, cela fait 12.609 visas acceptés et 11.867 refusés, soit moitié-moitié». Il a, par ailleurs, précisé que les visas acceptés concernent les personnes ayant un lien économique avec son pays, notamment des chefs d’entreprise, des cadres et des investisseurs.

Mohamed Badaoui

La Nation, 11/11/2021

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