« Les Belgo-Marocains ont le cul entre deux chaises » (Barni)

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Le Bruxellois d’origine marocaine est une star au Maroc et cumule plus d’un milliard de vues sur YouTube. Il le rappelle souvent : « On est tous différents mais, comme les rayons d’une roue de vélo, on va tous vers le centre. » Pas étonnant, donc, de voir ce prince du raï se produire à ManiFiesta, où l’unité et l’antiracisme étaient portés par des milliers de festivaliers.

Il s’appelle Iliass Barni, mais peut-être le connaissez-vous mieux sous le nom de Tiiw Tiiw. C’est autour d’un café qu’il nous reçoit juste après son concert pour nous parler de sa vision d’artiste belgo-marocain sur le monde. Appeler à l’unité : voilà son moteur quand il monte sur scène. Et quelle meilleure manière de le faire qu’en touchant à tout, du stand up aux concerts, du raï à la salsa…

C’était de la folie ton concert ce soir. Quelle ambiance !
Iliass Barni. C’était excellent ! C’était ma troisième scène en Belgique. J’adore le public belge.

Tu te définis plutôt comme belge ou comme marocain ?
Iliass Barni. Nous, les Belgo-Marocains, on est vus comme des Marocains ici, et comme des Belges au Maroc. Du coup, on ne se retrouve nulle part. On a le cul entre deux chaises, comme on dit ! Mais ce qu’on oublie trop souvent, c’est qu’on a deux chaises. Moi, j’en ai fait une force.

C’est à dire ?
Iliass Barni. On doit s’ouvrir au monde. C’est ça la clef pour enrichir son esprit et développer sa fibre artistique : le vivre ensemble. Dans chaque communauté, dans chaque religion, on trouve des choses positives et négatives. Moi, j’ai essayé de prendre le meilleur de chacune de mes deux identités : marocaine et belge.

En Belgique, il y a une montée de l’extrême-droite, qui propage des idées racistes. Comment tu le vis ?
Iliass Barni. Le racisme, c’est de la peur, rien d’autre. Et cette peur, on l’acquiert au fil du temps, elle vient des préjugés qu’on nous met dans la tête. Au sein de la jeunesse musulmane de Belgique, une petite minorité fait des bêtises. Et cette minorité est surexposée dans les médias.

S’ils ne voient que ça à la télévision, je peux comprendre que des gens se sentent en insécurité et deviennent racistes. Personne ne naît raciste ou mauvais. Ce n’est pas une nature. On est tous capables de se remettre en question.

Est-ce que la musique joue un rôle dans la lutte contre le racisme ?
Iliass Barni. Quand j’ai commencé la musique, j’avais 15 ans. Bien évidemment, mes premiers morceaux n’avaient pas la prétention de porter un message. Mais aujourd’hui, je suis dans une autre démarche. J’ai envie de laisser une trace. J’ai envie d’être une source de motivation pour les autres jeunes. Donc oui, la musique permet de faire passer des idées.

Quels sont tes projets pour l’avenir ?
Iliass Barni. Il y a moins cinq ans, je ne touchais pas à la musique. Je faisais du stand up. J’ai appris à jouer du piano il y a moins de quatre ans. Quand on aime quelque chose, on ne compte plus les heures. Dans un ou deux ans, peut-être que je serai derrière un film, peutêtre sur la scène… Ce qui est sûr, c’est que je continuerai à faire ce que j’aime et à appeler à l’unité, quelle que soit la manière.

Livia Lumia

Solidaire, 09/11/2021

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