Le conflit maroco-algérien déchire les familles frontalières

Le conflit maroco-algérien déchire les familles frontalières – Les familles séparées se contentent de se retrouver au poste frontière de Bin Lajraf, à l’extrême nord-est du Maroc.

Bouarfa, Maroc, 3 novembre (EFE) – Une mère fond en larmes en voyant sa fille la saluer de loin, séparée par la frontière maroco-algérienne, fermée depuis des décennies en raison des tensions entre les pays d’Afrique du Nord.

Elles font partie des milliers de familles séparées par cette frontière terrestre de 1500 kilomètres, fermée depuis 1994 en raison de tensions bilatérales qui se sont récemment aggravées.

Latifa, une Algéro-Marocaine de 58 ans, n’a pas pu quitter l’Algérie, où elle vit avec son mari et ses trois enfants depuis 30 ans, pour assister aux funérailles de sa mère au Maroc.

« Rien ne peut guérir cette blessure de ne pas pouvoir voir ma mère », confie à Efe, trois ans après, une Latifa émue.

« C’est injuste, je suis proche de mes frères et de mes oncles mais je vis séparément, je ne peux pas aller aux mariages ou aux enterrements, je n’ai que WhatsApp », ajoute-t-elle.

La dernière fois que Latifa a pu voir sa famille, c’était il y a quatre ans, lorsqu’elle a emprunté de l’argent pour entreprendre un long et coûteux voyage afin de contourner les restrictions de voyage.

D’autres n’ont pas eu cette chance, notamment Lakhdar, 66 ans, qui n’a pas vu ses sœurs depuis des décennies.

« Mes parents étaient des Marocains qui ont été expulsés en masse par l’Algérie en 1975, mais mes sœurs sont restées là-bas parce qu’elles étaient mariées à des Algériens », dit-il.

« Au début, elles traversaient pour nous rendre visite, mais depuis la fermeture de la frontière terrestre en 1994, je ne les ai jamais revues », a-t-il ajouté.

Les tensions se sont ravivées en août lorsqu’Alger a rompu ses liens diplomatiques avec Rabat et a fermé son espace aérien aux avions marocains, seule possibilité pour les familles vivant de part et d’autre de la frontière de se rendre visite.

Mohamed, un Marocain de 66 ans, explique à Efe que pour voir ses neveux algériens, qui vivent à environ 180 kilomètres de chez lui, il a dû « parcourir tout le Maroc et l’Algérie » en avion et en bus.

La fermeture de l’espace aérien algérien aux avions marocains oblige désormais les familles qui souhaitent se rendre visite à faire escale en France ou en Espagne, ce qui alourdit un voyage déjà coûteux.

Face à ces complications, de nombreuses personnes se tournent vers les passeurs marocains et algériens, mais cette option est devenue de plus en plus dangereuse en raison de l’opération militaire marocaine au Sahara occidental, ont déclaré plusieurs membres de familles à Efe.

En attendant des jours meilleurs, les familles séparées se contentent de se retrouver au poste frontière de Bin Lajraf, à l’extrême nord-est du Maroc.

Il s’agit d’une montagne coupée en deux avec une route sur chaque versant. L’une des routes est marocaine et l’autre est algérienne.

Au fond de la gorge, une clôture métallique sépare les deux pays.

Là, les familles qui n’ont pas les moyens de se payer un billet d’avion ou qui n’osent pas se lancer dans un voyage clandestin peuvent être momentanément réunies, bien qu’elles soient séparées par 100 mètres. EFE

Prensa Latina, 03/11/2021

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