Fermeture du GME, mauvaise nouvelle pour Madrid et Lisbone

Fermeture du GME, mauvaise nouvelle pour Madrid et Lisbone – La suspension des livraisons de gaz via le Maroc est une mauvaise nouvelle pour l’Espagne et le Portugal.

L’Algérie a arrêté les livraisons de gaz à l’Espagne via un gazoduc passant par le Maroc à partir de minuit dimanche. Les dirigeants algériens sont en train de fermer le robinet du gaz pour frapper au portefeuille le Maroc, avec lequel les relations se sont récemment fortement détériorées. L’arrêt de l’approvisionnement en gaz est une mauvaise nouvelle pour l’Espagne et le Portugal, qui sont déjà aux prises avec le prix relativement élevé du gaz en ce moment.

Selon une déclaration, Alger a arrêté les livraisons de gaz en raison des « pratiques hostiles » du Maroc. Depuis 1996, l’Algérie fournit environ 10 milliards de mètres cubes de gaz par an à l’Espagne via le gazoduc Maghreb-Europe (GME). En échange du transit, le Maroc a reçu 7 % du gaz, la moitié comme paiement en nature, l’autre moitié à un prix relativement bas. Mais le contrat correspondant a expiré dimanche et l’Algérie ne l’a pas renouvelé.

L’Algérie a promis à l’Espagne que, pour éviter une crise énergétique dans la péninsule d’Ibirsch, elle fournira davantage de gaz par un autre gazoduc, appelé Medgaz, qui va directement en Espagne. Mais la capacité supplémentaire de ce gazoduc est limitée et on s’attend également à ce qu’une grande partie du gaz liquide doive être transportée dans des camions-citernes, ce qui rendra l’approvisionnement plus coûteux. Madrid n’est pas rassurée et a envoyé mercredi la ministre de l’énergie Teresa Ribera en Algérie pour des consultations.

L’ampleur de l’impact sur le Maroc n’est pas claire. Selon un expert cité par l’AFP, les conséquences sur l’approvisionnement en électricité sont « marginales », car le pays dispose d’une capacité de production suffisante, même sans deux centrales électriques fonctionnant au gaz algérien.

Conflit au sujet du Sahara occidental
Mais cette décision ne fait que renforcer l’antagonisme entre les deux rivaux nord-africains, qui ont gardé leur frontière commune fermée depuis des décennies. En août, Alger a annoncé qu’elle rompait ses relations diplomatiques avec Rabat. Et en septembre, les Algériens ont refusé aux avions marocains l’accès à leur espace aérien.

La cause profonde la plus importante est le conflit autour du Sahara occidental, une zone désertique située au sud-ouest du Maroc. Le mouvement de libération du Polisario, soutenu par l’Algérie, s’efforce depuis des années d’y créer son propre État pour les Sahraouis autochtones. Ce conflit a éclaté l’année dernière lorsque les partisans du Polisario ont commencé un sit-in sur une route construite par le Maroc vers le poste frontière de Guerguerat. Cette route est la principale voie terrestre pour le commerce marocain avec l’Afrique de l’Ouest. Lorsque les troupes marocaines ont violemment mis fin au blocus, le Polisario a déclaré un cessez-le-feu qui était en place depuis près de trois décennies. Depuis lors, il y a eu des escarmouches occasionnelles.

Un autre facteur est qu’à la fin de l’année dernière, le président américain de l’époque, Donald Trump, a reconnu que le Sahara occidental faisait partie du Maroc. Trump a fait cela en échange de l’établissement par le Maroc de relations diplomatiques avec Israël. La tension s’est encore accrue lorsqu’Israël a commencé à fournir des drones armés au Maroc. Les Marocains auraient rapidement utilisé ces drones contre le Polisario.

Trouw, 01/11/2021