Joaquim Chissano: « faire revivre la flamme de l’africanisme » – La «guerre de Libération algérienne a été une révolution qui a inspiré les luttes, non pas uniquement dans le contient africain, mais aussi au-delà».
L’ex-président du Mozambique, Joaquim Chissano et l’ancien ministre sénégalais Abdoulaye Bathily, ont félicité, jeudi dernier, les Algériens pour le 67e anniversaire du déclenchement de la Révolution du 1er Novembre, appelant les peuples africains à s’inspirer de cette date «pour faire revivre l’espoir, la flamme de l’africanisme et l’esprit de l’indépendance et de l’unité». «Je suis très content d’être en Algérie, cette terre bien aimée des Mozambicains. Je profite de l’occasion pour féliciter le peuple algérien et ceux qui ont pris l’initiative de célébrer de manière digne cette date», a déclaré M. Chissano à son arrivée à Alger pour prendre part à un colloque sur la décolonisation dans le continent africain prévu demain, dans le cadre de la célébration du déclenchement de la Guerre de libération nationale.»
La célébration du 1er novembre me fait rappeler le 25 septembre 1964 (déclenchement de la Guerre d’indépendance, ndlr) au Mozambique», a indiqué l’ancien chef de l’Etat (1986-2005), se rappelant que «cette date du 25 septembre a été préparée conjointement par les Mozambicains et les Algériens en Algérie». «La première force de l’Armée de libération du Mozambique a été préparée entre nous (Algériens et Mozambicains) et équipée ici en Algérie en vue de déclencher la lutte armée du 25 septembre», se souvient l’hôte de l’Algérie, faisant observer que «les liens d’amitié entre l’Algérie et le Mozambique se sont distingués par la suite par de grands travaux dans le domaine de la diplomatie». Pour sa part, l’ancien ministre sénégalais de l’Environnement, Abdoulaye Bathily s’est dit «très content» d’être en Algérie pour prendre part à la célébration du déclenchement de la Révolution algérienne, un événement qu’il qualifie d’«exceptionnel dans l’histoire africaine et dans l’histoire contemporaine».
«Le déclenchement de la Révolution algérienne a été un appel et un devoir pour la libération de la terre algérienne et, au-delà, du continent africain», a souligné cet historien et universitaire, faisant remarquer que la «guerre de Libération algérienne a été une révolution qui a inspiré les luttes, non pas uniquement dans le contient africain, mais aussi au-delà». «Le mouvement progressiste au Sénégal doit beaucoup son action et son inspiration à la date du 1er novembre 1954 en Algérie.
De même que pour ceux qui croient à l’africanité et l’unité du continent africain «, a souligné M. Bathily. Relevant que «la célébration du déclenchement de la Révolution algérienne prend un caractère tout à fait singulier en cette période particulière de l’histoire du continent africain», l’ancien ministre sénégalais a indiqué qu’il était «important» de commémorer la date du 1er Novembre 1954 car «elle nous donne les moyens de faire revivre l’espoir, la flamme de l’africanisme, l’esprit de l’indépendance et l’esprit unitaire».
Le ministre de la communication à l’agence de presse turque Anadolu : «Le panafricanisme pour affronter la Françafrique»
Le ministre de la Communication, Ammar Belhimer, a salué jeudi un regain «évident» d’un panafricanisme «hostile» au cadre néo-colonial qui régente la «Françafrique». «Il y a, en effet, un regain évident et salutaire de panafricanisme hostile au cadre néo-colonial qui régente la +Françafrique+. Toute l’Afrique subsaharienne, l’Afrique de l’Ouest et Sahel notamment, ressentent la présence française comme une humiliation», a indiqué M. Belhimer dans une interview accordée à l’agence de presse turque Anadolu. «Il semble bien que les rapports de domination-soumission post-indépendances qui se sont substitués aux rapports dominant-dominé qui ont prévalu à l’époque coloniale, arrivent bel et bien à leur terme, au profit d’un partenariat plus équilibré porté par les nouveaux partenaires émergents que sont la Turquie, la Chine et la Russie», a-t-il ajouté. Invité à analyser «l’affolement» de la France suite au rapprochement Alger-Bamako, le ministre de la Communication a indiqué que «la doctrine militaire française qui a projeté l’opération Barkhane au Mali, est inappropriée, voire contre-productive».
Il a ajouté que cette doctrine qui «prétend anéantir militairement les forces du terrorisme qui frappe la France (…), instaure une sorte de +tutorat+ qui méprise les forces locales, réduites à des supplétifs pour la protection des sources d’uranium nécessaires au complexe nucléaire français». Pour lui, «si l’intention était noble, ces moyens colossaux déployés auraient constitué un atout pour le développement économique, social et culturel du Mali», ce qu’il considère comme «la seule réponse durable à l’extrémisme et à l’obscurantisme si tant est qu’ils constituent une préoccupation réelle pour la France».
Par ailleurs, en réponse à une question sur l’état de la coopération algério-turque et ses perspectives, M. Belhimer a indiqué que «les relations algéro-turques n’ont cessé de se développer, particulièrement depuis le début du siècle», ajoutant que «ce développement s’inscrit dans une sorte de partenariat d’exception qui, en très peu de temps, propulsa la Turquie au rang de 5e partenaire commercial et de premier investisseur étranger en Algérie». Il a rappelé que ces relations trouvent leur source dans «une histoire commune» entre les deux pays qui «contrairement aux lectures erronées qui sont faites par certains, ne s’inscrit nullement dans ce qui est prétendu être +une colonisation ottomane+».
El Moudjahid, 30/10/2021
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