Comment Israël a infiltré l’Union africaine. Tel-Aviv se serait essentiellement appuyé sur le Tchad qui a agi à travers Moussa Faki, président de la commission de l’organisation africaine.
Les zones d’ombre qui entouraient la question de l’admission d’Israël en qualité de membre observateur au sein de l’UA commencent à se dissiper. Tel-Aviv se serait essentiellement appuyé sur le Tchad qui a agi à travers Moussa Faki, président de la commission de l’organisation africaine.
Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Intelligence Online, une publication numérique consacrée aux services de renseignement des principaux États à travers le monde, en dit long sur la question.
Dans un article spécialement consacré à la stratégie africaine du nouveau patron du Mossad, cette dernière évoque le voyage entrepris en juillet dernier au Tchad, un pays auquel David Barnea a réservé son premier déplacement à l’étranger depuis sa nomination. « Il s’agissait notamment de remercier le pays pour l’effort diplomatique mené par le pays sahélien pour appuyer la candidature d’Israël en tant que membre observateur au sein de l’UA », note cette publication. Elle ne s’étale pas davantage sur le sujet mais les indications fournies suffisent à tout expliquer. L’organisation africaine se trouve sous le contrôle de Moussa Faki, un Tchadien à la tête de la commission de l’Union africaine, accusé par plusieurs membres de cette organisation d’avoir décidé unilatéralement le statut de membre observateur de Tel-Aviv au sein de l’organisation.
L’Algérie s’est exprimée à plusieurs reprises sur la question en lançant de lourdes accusations à peine voilées à l’encontre du mis en cause. Des expressions telles que « décision prise sans consultation » ou « fait accompli » ont été utilisées dans différents communiqués publiés par Alger qui, doit-on le rappeler, mène une réelle fronde aux côtés d’autres États africains contre la présence de l’État hébreux au sein de l’UA. Moussa Faki n’a, lui, encore jamais fourni de réponse officielle ou réagi de manière formelle aux accusations qui lui ont été lancées, se contentant d’affirmer que sa démarche entrait dans le cadre de ses prérogatives. Faki a-t-il agi sur instruction des dirigeants de son pays ? Les affirmations contenues dans Intelligence Online laissent peu de doutes sur la question.
Cette publication va même encore plus loin dans ces révélations : « Israël nourrit de grands espoirs de coopération avec ce pays (…) il tente de savoir si les autorités du Tchad sont prêtes à accueillir une base avancée israélienne de plus grande envergure dans le nord du pays afin d’y disposer des drones de surveillance (…) N’Djamena fait figure de partenaire idoine, le pays est à la confluence des deux dossiers prioritaires du Mossad, le Soudan et la Libye (…) Depuis le début de la guerre civile dans ce pays, Israël a toujours veillé à disposer de canaux de discussions dans les deux camps (…) avec le Tchad, Israël peut disposer d’un partenaire en contact avec la plupart des intervenants régionaux sur ces dossiers. »
Ces écrits confirment aussi ce que l’on sait, l’offensive israélienne en Afrique s’accentue. « Le continent africain apparaît dans les priorités de l’agenda du nouveau directeur du service extérieur de renseignement israélien David Barnea », écrit encore Intelligence Online avant de livrer une information de taille : « Le Mossad espère accueillir à Tel-Aviv une réunion de maîtres espions africains début novembre. Elle sera consacrée aux questions d’intérêts pour Israël sur le continent africain. »
La même source avance la présence du patron des Moukhabarate égyptiens, du General Intelligence Service soudanais (GIS) et du patron de l’Agence nationale de sécurité tchadienne (ANS), « les principaux partenaires sécuritaires d’Israël dans la zone ».
Abla Chérif
Le Soir d’Algérie, 27/10/2021