Sahara Occidental : Des cartes pour de Mistura

Sahara Occidental : Des cartes pour de Mistura. Le plan d’autonomie est tributaire des engagements monnayés avec les puissances qui soutiennent son occupation illégale du territoire sahraoui.

Sur le plan diplomatique, les émissaires personnels du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental ont, tous, choisi une stratégie de dialogue avec le Royaume marocain, au lieu de lui mettre la pression pour le forcer à négocier. C’était lui offrir l’occasion renouvelée de faire traîner les choses en longueur et de réduire leur mission à une «concertation» inefficace, à l’image des tables rondes organisées par Horst Kohler. Si la raison d’être d’un diplomate est de négocier avec tout le monde, y compris avec le diable, force est de constater que les missions des trois derniers représentants onusiens étaient vouées à l’échec. La raison en est simple: ils n’avaient d’autre alternative que celle d’espérer un «geste» de la partie marocaine, laquelle est restée rivée à son plan d’autonomie, parce que tributaire des engagements monnayés avec les puissances qui soutiennent son occupation illégale du territoire sahraoui.

Comment, dans un tel contexte, l’ONU pourrait-elle relancer le processus de paix, en évitant, par réalisme, le piège contraignant, de vouloir amadouer un Royaume marocain qui, dans les périodes les plus critiques, refuse de souscrire aux engagements pris par le roi Hassan II, lorsque son pays se trouvait dans une situation militaire dangereuse, en 1991.

De ce fait, la mission de Staffan de Mistura semble vouée, elle aussi, à l’échec. Son aventure en Syrie s’est terminée par une démission qui fut un aveu d’impuissance à concilier les attentes de l’ «opposition» et les positions d’un pouvoir syrien ressuscité par la grâce de l’intervention russe que personne n’avait vue venir, excepté le général iranien Qassem Soleïmani, son principal artisan, chef de la Force spéciale El Qods, assassiné en janvier 2019 sur ordre de l’ancien président américain Donald Trump.

De cette expérience, de Mistura aura, sans doute, tiré quelques enseignements qui pourraient, le cas échéant, être mis à profit, dans sa démarche envers le Royaume marocain. Encore faudrait-il qu’il puisse trouver, au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, un soutien effectif pour contrecarrer les manoeuvres habituelles d’une diplomatie marocaine rompue à toutes les esquives.

Cela n’est nullement garanti, quand un des membres permanents du Conseil est, en même temps, le principal bouclier de l’aventurisme du Makhzen au Sahara occidental. Auquel cas, le diplomate italo-suédois aura beaucoup de peine à faire mieux que ses prédécesseurs, à moins que les cartes ne soient réellement rebattues.

Chaabane BENSACI

L’Expression, 26/10/2021

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