Ross: Au Sahara, le mandat de l’envoyé onusien doit être élargi

Ross: Au Sahara, le mandat de l’envoyé onusien doit être élargi. Son rôle doit aller au-delà de la simple convocation de réunions et de navettes à la recherche de cessions.

Dans un post publié sur son profile Facebook, l’ancien envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara Occidental, rend le Maroc responsable de l’échec de ses efforts de médiation et met en exergue la nécessité de changer la façon dont les émissaires onusiens travaillent ainsi que celle de la MINURSO qui, à son avis, doit surveiller les droits de l’homme au Sahara occidental. Voici le texte intégral de sa publication :

Dix sénateurs, démocrates et républicains, ont récemment écrit au Secrétaire d’Etat Blinken pour demander que la surveillance des droits de l’homme soit ajoutée au mandat de la Mission des Nations Unies pour le Référendum au Sahara Occidental (MINURSO). PassBlue, un site de journalisme en ligne, a récemment mis en évidence leur lettre, mais a également cité un ancien chef de la MINURSO selon lequel cette action ne ferait qu’ajouter « un autre élément inapplicable » à son travail. Cela m’a incité à écrire le commentaire suivant.

J’ai servi en tant qu’Envoyé Personnel du Secrétaire Général des Nations Unies pour le Sahara Occidental de 2009 à 2017. Ma mission, telle que définie par le Conseil de sécurité, était de faciliter les négociations pour parvenir à « une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental. » Les propositions que le Maroc et le Polisario avaient présentées en 2007 s’excluaient mutuellement, et leur rigidité a assuré une impasse durable à chaque session de négociation en face à face que j’ai convoquée et dans toutes les navettes diplomatiques que j’ai entreprises dans une recherche chimérique de flexibilité.

En l’absence de progrès substantiels sur l’avenir du Sahara occidental, la question des droits de l’homme est devenue un front de bataille de substitution, chaque partie accusant l’autre de graves violations des droits de l’homme. Pour répondre à ces préoccupations, les rapports du Secrétaire général au Conseil de sécurité ont constamment appelé à une surveillance indépendante soutenue des droits de l’homme. Le Polisario a été prêt à accepter une telle surveillance, mais, par directive royale, le Maroc ne l’a pas fait.

Dans l’article de PassBlue, Wolfgang Weisbrod-Weber, ancien représentant spécial du Secrétaire Général au Sahara Occidental, a abordé une situation hypothétique dans laquelle le Conseil de Sécurité aurait ajouté les droits de l’homme au mandat de la Mission des Nations Unies pour le Référendum au Sahara Occidental (MINURSO). Il a déploré que cela ajouterait encore un autre élément impossible à mettre en œuvre dans le travail de la MINURSO. Ce n’est pas tout à fait exact. Pourquoi l’ajout des droits de l’homme serait-il impossible à mettre en œuvre ? Parce que le Maroc trouverait un moyen de le bloquer sur le terrain, comme il l’a fait en 2000 avec les préparatifs de la MINURSO pour un référendum. Pourquoi le Maroc refuserait-il d’organiser un référendum ? Parce qu’il craint que le résultat soit l’indépendance. Et pourquoi le Maroc bloquerait-il un mandat relatif aux droits de l’homme ? Parce qu’un tel mandat donnerait aux résidents sahraouis opposés à la présence marocaine un moyen transparent d’informer le monde extérieur de leur point de vue, ce que le Maroc a fait tout son possible pour empêcher, de peur que sa revendication sur le territoire ne soit affaiblie.

Cet aspect et d’autres de la position du Maroc sur le conflit du Sahara Occidental sont parfaitement logiques pour Rabat, mais ils font fi non seulement des recommandations de deux secrétaires généraux successifs de l’ONU pour la surveillance des droits de l’homme, mais aussi des appels répétés du Conseil de Sécurité pour des négociations sans conditions préalables. Rabat a court-circuité ces négociations en tentant d’imposer sa proposition d’autonomie comme seul point à l’ordre du jour, à l’exclusion de la proposition de référendum du Polisario. Il n’a pas souffert des conséquences de cette attitude car l’attachement de la France à la stabilité du Maroc l’incite à empêcher tout effort sérieux visant à rappeler le Maroc à l’ordre pour son incapacité à suivre les recommandations du Conseil de sécurité. À moins que le Conseil ne prenne des mesures correctives, éventuellement en élargissant le mandat du nouvel Envoyé personnel au-delà de la simple convocation de réunions et de navettes à la recherche de flexibilité, il sera confronté à la même situation d’impasse que ses trois prédécesseurs.

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