Algérie : Le Tourisme opère sa mue. Forte de beaucoup de potentialités, la destination Algérie n’attire pas grand monde, pour autant.
Le ministre du Tourisme, Yacine Hammadi, veut revigorer les activités de son secteur, par un changement en profondeur. Forte de beaucoup de potentialités, la destination Algérie n’attire pas grand monde, pour autant. Aussi, M. Hammadi entend numériser l’activité touristique, de préserver la richesse culturelle et de diversifier les produits de l’artisanat, de sorte à attirer le plus de touristes et valoriser l’image de l’Algérie, comme destination touristique, par excellence.
Si la situation de ce secteur est jugée bancale par beaucoup de spécialistes, les mesures qui seront apportées seront un plus, mais «restent encore insuffisantes» soulignent-ils.
Pour M. Hammadi, la destination Algérie, sera encore rehaussée par une production artisanale de qualité et veut s’en donner les moyens. Il a assuré dans ce sens, la poursuite de l’accompagnement des artisans par la formation notamment, et a mis l’accent aussi sur la mise en place d’espaces pour la commercialisation des articles de l’artisanat traditionnel.
Sur un autre volet, le ministre a insisté sur la promotion du tourisme intérieur, en réunissant les conditions nécessaires à son développement, en plus de valoriser la destination touristique algérienne pour attirer le touriste étranger.
Il faut dire que ces deux années ont été catastrophiques pour le secteur, et en particulier, l’hôtellerie qui a vu baisser ses réservations de plus de 80%. Aussi, le début du tourisme saharien prévu fin octobre courant, fait naitre beaucoup d’espoirs auprès des acteurs locaux.
Le tourisme algérien renaitra-il de ses cendres ?
Pour beaucoup, la tâche sera rude. En effet, des observateurs estiment que le tourisme algérien souffre d’un manque de vision et de stratégie, et «les mesures apportées ou certaines corrections, ne sont pas à même de relancer une activité, qui malgré ses atouts, reste au creux de la vague. On ne peut promouvoir la destination Algérie en améliorant, juste, les prestations artisanales. Elles sont un plus, mais pas la solution», nous affirme Bourad Mohamed, spécialiste et consultant en tourisme durable.
Derbal Mohamed, gérant d’une agence de tourisme «Select Tour» à Mohammedia, est plus réservé et nous a donné ses impressions. «Nous venons de subir (et nous ne sommes pas les seuls) deux années terribles à cause de la Covid. Notre secteur en a été très impacté du fait des politiques précédentes, où le tourisme, était livré à lui-même, sans organisation ni planification»..
Ce gérant estime que le tourisme devrait être spécialisé et les activités divisées en sous-secteurs. «Tout le monde ne doit pas faire tout, un spécialiste du tourisme balnéaire se casserait les dents en touchant au saharien et vice versa. Il faut développer chez le citoyen, d’autres formes de tourisme. Il n’ya pas que la mer ou le réveillon de fin d’année. C ‘est tout une culture à mettre en place. C ‘est ainsi que l’on pourra développer le tourisme domestiques (randonnées, séjours courts, de montagne, culturels etc, et surtout, développer les maisons d’hôtes. Pas besoin de structures lourdes pour accueillir un touriste en quête d’authenticité et de terroir». Et de continuer de préciser sa pensée en affirmant «qu’il faut développer certaines niches du secteur très prometteuses, comme le tourisme de luxe par exemple. A condition d’avoir les prestations qui vont avec» nous assure-t-il
Pour M Derbal, «beaucoup de choses manquent à l’Algérie pour devenir une destination touristique. A commencer par une bonne communication et présentation de l’Algérie. De plus, il faut une souplesse dans l’obtention des visas touristiques; des infrastructures d’accueil touristiques dans les normes; des bureaux de change officiels; une offre de vols plus large, car les vols vers l’Algérie sont une autre problématique majeure, la promotion de la culture et de l’histoire algériennes, une communication sur la sécurité en Algérie; une offre culturelle et de loisirs sur place, accès agréable aux plages, un accueil et une orientation des touristes, un réseau de transports performant et intuitif » et de conclure: «Nous sommes en 2021, et ce n’est que maintenant que l’on commence à réfléchir sur les moyens d’attirer les touristes étrangers mais aussi les membres de la communauté nationale établis à l’étranger, en leur offrant la possibilité de passer des vacances dans leur pays au lieu de choisir des destinations touristiques étrangères», a-t-il soutenu.
Réda Hadi
Ecotimes, 24/10/2021