Sahara Occidental : « La solution passe par Guerguerat »

Sahara Occidental : « La solution passe par Guerguerat » – Guterres, a mis le doigt sur l’abcès actuel qui a aggravé la situation et mis le feu aux poudres, lors de la présentation de son rapport au Conseil de sécurité de l’ONU.

La démilitarisation de la zone tampon de Guerguerat est la clé de voûte de toute solution pacifique au Sahara occidental et dans la région. C’est sans équivoque aucune que le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a mis le doigt sur l’abcès actuel qui a aggravé la situation et mis le feu aux poudres, lors de la présentation de son rapport au Conseil de sécurité de l’ONU, bien que le Polisario ne soit pas d’accord avec le refus de désigner directement l’agresseur marocain comme responsable de la reprise des hostilités.

Pour le patron onusien, il faudra régler cette situation, d’autant qu’il regrette que les autorités de l’occupation marocaine aient consolidé leur présence dans la zone tampon d’El-Guerguerat, dans le sud-ouest du Sahara occidental, près de la frontière avec la Mauritanie. Dans son nouveau rapport sur la situation au Sahara occidental, couvrant la période entre septembre 2020 et fin août 2021, Guterres a évoqué cette occupation et l’escalade marocaine en prenant possession de la zone tampon et, surtout, en construisant un nouveau mur de sable. Ce mur est long de vingt kilomètres alors que la présence totale de l’Armée royale marocaine s’étend sur une quarantaine de kilomètres carrés de terre dans cette zone.

Cette opération de militarisation outrancière d’une région a exacerbé les tensions après que des civils sahraouis eurent protesté pacifiquement, en novembre dernier, contre cette occupation marocaine, poussant les militaires du Makhzen à tirer sur les manifestants, mettant fin de facto à l’accord de cessez-le-feu entre le Polisario et Rabat, signé il y a trente ans sous les auspices des Nations unies.

Le SG de l’ONU relève dans son rapport présenté devant le Conseil de sécurité que la reprise des hostilités entre le Maroc et le Front Polisario “a entravé les opérations de lutte antimines de la MINURSO (Mission de l’ONU pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) au cours de la période considérée”.

Le 3 octobre 2020, les activités de déminage ont repris à l’est du mur de sable après avoir été suspendues au début de la pandémie de Covid-19. Après seulement cinq semaines d’opérations, les activités régulières de lutte antimines ont de nouveau été suspendues à l’est du mur de sable, et ce à la suite de la reprise des hostilités en novembre 2020, a relevé M. Guterres dans le document.

Se disant “profondément préoccupé” par l’évolution de la situation au Sahara occidental au cours de la période considérée, le patron de l’ONU a souligné que “le statut de la zone tampon en tant que zone démilitarisée demeure la clef de voûte de toute solution pacifique dans la région”.

Pour M. Guterres, “la reprise du processus politique ne pourrait être plus urgente”. Il demande, dans ce sens, aux membres du Conseil de sécurité, aux amis du Sahara occidental et aux autres acteurs concernés d’”encourager le Maroc et le Front Polisario à s’engager de bonne foi et sans conditions préalables dans le processus politique”, notamment après la nomination du nouvel envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara occidental, M. Staffan de Mistura.

Pour sa part, le président sahraoui et secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, a fustigé le mutisme de l’ONU face à la violation par le Maroc de l’accord de cessez-le-feu le 13 novembre 2020 dans la brèche d’El Guerguerat.

Dans un message adressé au SG de l’ONU, diffusé par l’Agence de presse sahraouie (SPS), en réaction au rapport soumis au Conseil de sécurité, le président Ghali a précisé que “le Front Polisario fustige le mutisme du secrétariat général de l’ONU qui ne veut pas appeler les choses par leurs noms et pointer du doigt l’Etat d’occupation marocaine, considéré comme responsable direct et unique de la violation du cessez-le-feu qui a duré près de 30 ans, étant partie intégrante du plan de règlement conjoint ONU-OUA (UA actuellement) et accepté par les deux parties au conflit (Front Polisario et Maroc) en août 1988, puis approuvé par le Conseil de sécurité dans ses rapports 658 (1990) et 690 (1991)”.

“Contrairement à la version sélective retraçant les faits enregistrés le 13 novembre 2020 dans le rapport (S/2021/843, alinéa 13), nul ne peut nier que l’Etat d’occupation marocaine a violé le cessez-le-feu de 1991 et les accords militaires y afférents, y compris l’accord militaire n°1, portant retrait de ses forces armées marocaines de la zone tampon à El Guerguerat, dans les zones sahraouies libérées”, a-t-il écrit.

Le Jeune Indépendant, 20/10/2021