Mali : Bamako formalise le dialogue avec les djihadistes

Mali : Bamako formalise le dialogue avec les djihadistes. Cela fait des années que le peuple malien appelle à des discussions avec ces groupes », déclarait récemment Choguel Kokalla Maïga.

Pourquoi, comment et à quelles conditions faut-il dialoguer avec les djihadistes qui ensanglantent le Sahel depuis plusieurs années ? Autant de questions auxquelles les autorités maliennes ont décidé de donner des réponses concrètes et officielles. En tout cas, elles ont officiellement confié au ministère des Affaires religieuses le dossier du dialogue avec certains groupes djihadistes liés à Al-Qaïda et ont ouvertement communiqué sur ce sujet jusqu’alors tenu relativement confidentiel, à un moment délicat des relations avec la France.

La réalité de discussions entre les autorités et certains groupes djihadistes ne fait pas de doute pour les experts depuis longtemps, avant même que l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta, renversé en août 2020 par les militaires, ne reconnaisse en février 2020 l’existence de contacts. L’idée de négocier avec les chefs djihadistes, déjà lancée en 2016, avant d’être abandonnée sous pression française, est revenue publiquement sur la table à l’issue du « dialogue national inclusif », en 2019. Le rapport final préconise en effet clairement d’« engager le dialogue avec Amadou Koufa et Iyad Ag Ghali pour ramener la paix au Mali ».

« J’ai un devoir aujourd’hui et la mission de créer tous les espaces possibles et de tout faire pour que, par un biais ou un autre, on puisse parvenir à quelque apaisement que ce soit. Parce que le nombre de morts aujourd’hui au Sahel devient exponentiel, je crois qu’il est temps que certaines voies soient explorées », justifiait IBK, sur Radio Fran­ce Internationale (RFI) et France 24. L’ancien chef de l’État avait pris en référence l’expérience de l’Algérie dans la lutte contre l’islamisme.

Tout en se disant favorable au dialogue, la junte désormais au pouvoir à Bamako et le gouvernement de transition qu’elle a installée étaient jusqu’alors restés plutôt discrets sur la question. « Cela fait des années que le peuple malien appelle à des discussions avec ces groupes », disait récemment dans Jeune Afrique le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, « en Afghanistan, les Américains ont bien fini par discuter avec les talibans ». Interrogé sur l’existence de négociations, notamment pour la libération d’otages, il répondait : « Bien sûr, nous continuons à travailler pour libérer les otages. Mais nous n’avons pas besoin de le hurler sur tous les toits. »

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