Exploration pétrolière israélienne au Sahara : un leurre?

Au moment où le Conseil de sécurité tenait sa réunion semestrielle à huit clos sur le Sahara occidental le Maroc annonce un accord d’exploration pétrolière avec une compagnie israélienne dans les territoires occupé de la république démocratique sahraouie.
Largement médiatisé par les relais du makhzen, cet accord se veut comme une consécration sur le terrain économique de la normalisation des relations entre l’entité sioniste et le Maroc entamée il y a neuf mois. Mais qu’en est-il exactement de cet accord ?

Premier constat, l’accord a été conclut avec une compagnie israélienne qui porte le nom de Ratio Petroleum.
Cette dernière ne figure pas dans la liste des grandes compagnies pétrolières mondiales.

Second constat, le bloc, objet de l’accord s’étends sur une vaste superficie de l’ordre de 129 000 kilomètres carrés, y compris une zone profonde en mer de 3 000 mètres. Ce qui constitue pour les spécialistes, une anomalie. Généralement, un bloc d’exploration ne doit pas dépasser quelques milliers de kilomètres carrés. La raison est qu’une compagnie pétrolière ne peut effectuer des relevés sismiques et des forages d’exploration sur de grandes superficies en raison des coûts élevés de ces deux étapes préalables à la production.

Ce n’est qu’une fois qu’une découverte d’hydrocarbures intervient que la superficie est élargie.
En eau profonde, le coût d’un forage en offshore est plusieurs fois supérieur à celui en terre ferme. Par ailleurs, et bien avant cet accord avec la compagnie israélienne, plusieurs petites compagnies pétrolières ont tenté des forages dans les territoires occupés du Sahara occidental sans succès.

Mais le Maroc n’est pas à son premier coup de bluff médiatique dans ce domaine.
En 2013, le Makhzen annonce pompeusement un accord avec le groupe pétrolier américain Kosmos Energy.
L’accord devait réserver une plate-forme offshore auprès d’une société de services portant le nom d’Atwood Oceanic, basé à Houstan au Texas.
Ce contrat de 652 millions de dollars devait permettre d’explorer les fonds marins au large de la côte atlantique située au sud du Maroc. Huit ans plus tard, ce projet arrive juste à produire quelques millions de mètres cubes de gaz naturel à des coûts élevés , couvrant difficilement 10% des besoins du Maroc en gaz naturel.

Pour les experts, l’annonce faite par le makhzen concernant cet accord avec la compagnie israélienne est surtout destinée à la consommation intérieure. Un simple coup de pub pour un produit inexistant.
La décision prise par Alger de rompre les relations diplomatiques avec Rabat continue de susciter des interrogations auprès de l’opinion publique marocaine.
Une décision qui a été étendue aux relations économiques avec la fermeture de l’espace aérien algérien aux appareils marocains, l’arrêt du gazoduc Maghreb-Europe et la résiliation de tous les contrats avec les entreprises du royaume.

Avant cette crise, le Maroc bénéficiait d’un droit de passage du gaz algérien vers l’Espagne et le Portugal qui pouvait atteindre parfois les deux cents millions de dollars. L’Algérie vendait également prés de 700 millions de mètres cubes de gaz naturel au Maroc à un prix compétitif suite à un contrat signé en 2011.
Mieux encore, Sonelgaz pouvait à n’importe quel moment répondre à une demande en électricité de notre voisin de l’ouest. L’Algérie dispose d’une puissance électrique installée dépassant largement ses besoins. Depuis des années, notre pays exporte de l’électricité vers la Tunisie et le Maroc et dans un futur proche à la Libye.

Que fera alors le Maroc le 1er novembre prochain, quand l’Algérie cessera tout approvisionnement en gaz naturel et en électricité du Maroc ?

En 2014, le ministre marocain de l’énergie décide de sortir de la dépendance au gaz algérien en investissant dans le gaz naturel liquéfié. Il promet un investissement de 3,7 milliards de dollars pour construire une usine de regazéification et des centrales électriques au gaz naturel. Evidemment, le gaz devait provenir d’ailleurs que d’Algérie. Nous sommes en 2021 et ce projet est toujours sur maquette. Il s’agit d’un autre mensonge du makhzen pour redorer un blason terni par ses compromissions avec Israël.

En absence d’un terminal de regazéification le Maroc ne peut importer du GNL pour compenser l’arrêt de l’approvisionnement en gaz algérien. Un arrêt qui intervient dans une conjoncture internationale défavorable marquée par une hausse historique des prix du gaz naturel et de l’électricité en Europe. Face à cette donne le makhzen n’avait pas d’autres choix que de vendre les bienfaits d’une normalisation des relations avec Israël.
Et il n’y a pas mieux qu’un investissement fantoche dans le secteur des hydrocarbures par ces temps de crise énergétique. Le mensonge du makhzen s’apparente ainsi à un acte désespéré, à quelques semaines de l’hiver qui risque d’être rude pour le peuple marocain.

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