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Comme tous les habitants de la Terre, les Algériens sont à longueur de journée accrochés à leur smartphone, leur fenêtre sur les réseaux sociaux. Toutefois, Internet demeure peu utilisé dans le business. Seulement quatre millions de ménages algériens d’abonnés, donc moins de la moitié, sont abonnés à l’Internet fixe alors que l’Internet mobile réunit 39 millions de clients, soit 90% de la population. Ces chiffres annoncés lors de la dernière réunion du gouvernement traduisent la faible pénétration des technologies de l’information dans les foyers.
Souvent instable et lente par rapport à un monde qui va de plus en plus vite, la Wifi d’Algérie télécom n’arrive pas à s’imposer. Les internautes lui préfèrent les connexions mobiles un peu plus performantes, même si, elle aussi, souffre de dysfonctionnements. De toute façon, les sociétés s’atomisent et l’individualisme progresse. Les téléphones portables et les tablettes sont des outils plus adaptés à l’épisode schizophrène que traverse l’humanité. Les relations humaines deviennent de plus en plus virtuelles depuis l’invention des médias sociaux qui favorisent la dématérialisation des échanges interhumains.
La tendance a néanmoins profité au commerce et au business en général. Les plateformes de vente en ligne remplacent graduellement, mais sûrement, les boutiques en dur. La facilité d’accès, la rapidité des transactions et la traçabilité des transferts d’argent ainsi que le gain de temps ont permis au secteur d’évoluer à une grande vitesse.
L’Algérie est encore loin d’avoir les capacités de jouer sur ce terrain. Alors que dans des pays, parfois moyennement avancés, énormément d’opérations se font maintenant en ligne, Internet en Algérie demeure un outil pour se distraire avant tout.
L’e-paiement n’existe pratiquement pas. On peut certes acheter des biens et des services via le web, mais leur acheminement se fait toujours par livreur et on règle sa facture en espèces. Dans tous les cas, le déplacement pour régler telle ou telle affaire, acquérir tel ou tel objet demeure nécessaire.
Dans un pays où même le chèque n’est pas encore utilisé à grande échelle, la démagnétisation de la monnaie peut s’avérer sujet à caution. Les banques qui doivent être le fer de lance de ce changement de paradigme sont toujours pusillanimes, pour ne pas dire rétives, à opérer la révolution numérique.
Résultat, le nombre des web-marchands en Algérie dépasse à peine la centaine. La vente des biens représente la plus grande portion de l’activité des web-marchands avec 38 opérateurs, suivie par les prestataires de services (formation, visa, transport de colis, billets électroniques pour évènements sportives, rechargement téléphonique..) et les compagnies d’assurances avec, respectivement, 15 et 13 opérateurs. Une douzaine seulement travaillent dans le domaine du tourisme où, ailleurs, tout se fait maintenant digitalement.
Adapter les pratiques et les mentalités
Parmi les opérateurs homologuées pour le paiement sur internet, on trouve également huit sociétés de distribution de l’électricité, du gaz et de l’eau, six organes spécialisés dans les services administratifs, cinq dans les télécommunications, trois entreprises de presse, trois entreprises de transport aérien ou ferroviaire, et deux opérateurs de louage de véhicules de transport avec chauffeur.
Toutes ces raisons ont poussé des cadres ministériels, des opérateurs économiques et des experts du secteur des technologies de l’information et des télécommunications à plaider l’adaptation des pratiques et des mentalités aux exigences de la transition numérique. Le ministre de la Numérisation et des Statistiques, Hocine Charhabil, a lui-même récemment expliqué que la transition numérique ne signifie pas uniquement la mise en place des technologies de l’information et de la télécommunication au sein des différentes institutions. Il s’agit, selon lui, « d’une transition numérique à travers de nouvelles pratiques au niveau interne des institutions mais aussi au niveau externe au profit du citoyen et des chefs d’entreprises loin des pratiques bureaucratiques ».
Pour sa part, le ministre de la Poste et des Télécommunication Karim Bibi Triki, a estimé que la feuille de route nationale de la numérisation doit s’appuyer sur la concertation, la coopération et la communication avec l’accompagnement des services du ministère au profit des citoyens et des investisseurs via les différentes facilitations aux niveaux administratif et technique.
A travers ces mots, on comprend que la transition numérique de l’économie algérienne a encore du chemin à parcourir avant de devenir une banale réalité. Il est vrai que certaines démarches administratives se font actuellement par Internet et que les citoyens peuvent maintenant se procurer quelques documents officiels en les imprimant eux-mêmes. Mais en règle générale, la nécessité du contact physique, parfois houleux, au regard de la bureaucratie qui caractérise l’administration algérienne.
Mohamed Badaoui
La Nation, 18/10/2021
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