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Cet événement, dont des historiens britanniques ont écrit que ce fut la répression d’une manifestation désarmée qui a fait le plus de victimes dans toute l’histoire contemporaine de l’Europe occidentale, a été ensuite dissimulé par le pouvoir français.
Les Algériens commémorent aujourd’hui la répression féroce des manifestations du 17 octobre 1961 à Paris. Sortis pour dénoncer le couvre-feu raciste auquel ils avaient été soumis par la préfecture de Paris, les milliers de manifestants ont été sauvagement reçus par la police française. Ces manifestations pacifiques ont été organisées par la Fédération de France du Front de libération nationale pour protester contre le couvre-feu injuste décrété par les autorités françaises à compter du 6 juin 1961 contre les Algériens.
Des crimes odieux ont été commis contre ces manifestants pacifiques qui avaient reçu la consigne de la fédération de France du FLN de ne porter aucun objet susceptible d’être considéré par les autorités françaises comme une arme. La tuerie a été sans nom.
Des hommes ont été jetés dans la scène, d’autres ont eu le crâne fracassé et d’autres encore ont été abandonnés jusqu’à ce que mort s’ensuive. Il eut également des Algériens enterrés vivants… en un mot, toutes les formes d’assassinat ont été pratiquées sur les manifestants désarmés. Plusieurs jours après cette funeste répression, des dizaines de corps étaient repêchés de la Seine. Un horrible massacre que la classe politique dirigeante de l’époque avait soigneusement caché aux français. Le sujet était tabou dans la presse.
Aucun documentaire n’était toléré et encore moins une œuvre cinématographique ou télévisuelle. L’omerta avait été imposée à tous les acteurs médiatiques et politiques du pays. Des historiens ont tout de même eu le courage d’écrire des livres sur ce crime d’Etat. Mais leur voix étaient étouffées par l’establishment. Tous les pouvoirs qui s’étaient succédé à la tête de la France avaient mis le couvercle sur cette sanglante répression.
Aujourd’hui, ces voix sont enfin audibles, même si les médias lourds français tentent toujours de minorer les événements du 17 octobre et la responsabilité de l’Etat français dans l’assassinat de centaines d’émigrés algériens. Parmi ces historiens courageux, on notera la déclaration de Henri Pouillot, témoin de la Guerre de libération nationale et militant anticolonialiste. «Il est impératif et indispensable que la France reconnaisse et condamne ces crimes commis en son nom», a indiqué M. Pouillot dans un entretien à l’APS, à l’occasion de la commémoration du 60e anniversaire des massacres du 17 octobre 1961. «Ce n’est pas un simple pardon qui est nécessaire. Le pardon, c’est simplement la demande d’une excuse pour une petite faute, pas possible pour un crime», a commenté cet anticolonialiste français, soulignant que «c’est à ce prix qu’un traité d’amitié entre l’Algérie et la France est possible».
De son côté, l’historien Gilles Manceron, souligne que «cet événement, dont des historiens britanniques ont écrit que ce fut la répression d’une manifestation désarmée qui a fait le plus de victimes dans toute l’histoire contemporaine de l’Europe occidentale, a été ensuite dissimulée par le pouvoir français», ajoutant que «cette dissimulation et ses raisons doivent être maintenant étudiées et méditées».
Les historiens algériens qui ont travaillé sur le sujet sont du même avis. Fouad Soufi est, à ce propos, catégorique. «Il ne faut pas être naïf. L’Etat colonial en Algérie était foncièrement raciste et fondamentalement au service de la minorité européenne. Quant à la population colonisée, c’était comme l’a écrit Olivier Le Cour Grandmaison, coloniser, exterminer», note-t-il.
Dans la même veine, des chercheurs de l’université d’Oran spécialisés dans l’histoire de la glorieuse Guerre de libération considèrent que les massacres perpétrés par la police française contre une manifestation pacifique, le 17 octobre 1961 à Paris, est une «épuration ethnique» à l’encontre des Algériens.
M. Bendjebbour, du département d’histoire de l’Université Oran 1 «Ahmed Ben Bella», a souligné, que la police française, lors de sa répression sanglante des manifestations pacifiques organisées par des émigrés, a commis un véritable massacre considéré comme «un crime d’Etat et un crime contre l’humanité».
Yahia Bourit
Ouest tribune, 17/10/2021