Algérie-France : la chanson douce du déni

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Les propos d’Emmanuel Macron continuent de faire des vagues. Et non des moindres. Cette fois c’est sur la langue française que le ton monte.

Ton présent…chaque fois que les relations algéro-françaises sont secouées par le « je t’aime moi non plus ».

Et c’est dans cette foulée, que le directeur de l’enseignement supérieur au ministère du même nom, a annoncé mercredi passé, que l’essentiel du programme pédagogique des deux écoles supérieures de mathématiques et d’intelligence artificielle, nouvellement créés, sera en anglais.

Mesure populiste ou rythme ternaire habituel des brouilles et qui se tassera comme d’hab ?

Sous les fâcheries, le pluriel des discordes et le singulier du butin de guerre, comme disait Kateb Yacine ?

Mais la vraie question est : a-t-on les moyens, tous les moyens, humains, pédagogiques, techniques pour amorcer un virage à 360°, et troquer l’anglais pour le français dans les plus hauts paliers de notre enseignement supérieur ?

La réponse envoie paître la langue de Shakespeare avec La Chèvre de Mr Seguin. Et la question paraît aussi improbable que la dissipation du « Fog » dans les hauts du Hurlevent.

En réalité , pour réaliser la prouesse de congédier le français , il faudrait s’y mettre dès les premières initiations du primaire, après avoir formé pendant des années, les instits, les profs, les S.G, les proviseurs et changer de but en blanc tous les outils pédagogiques en anglais. Ce qui n’est pas une sinécure.

Butin de guerre a dit Kateb…Alors utilisons le, ce butin.

Et disons à Macron que ses sonnets et ses alexandrins, récités à des gosses qualifiés de petits enfants de la guerre d’Algérie, sentent la chanson douce du déni que pérore Zemmour et qui lui met l’eau à la bouche.

Et affrontons le dans sa langue, en lui donnant le la, et lui rappeler que la mémoire ne peut être une rente, car elle est marquée par tant de saloperies coloniales que même Prévert ne pourrait inventorier. Et qui vont de l’enfumade au napalm , du pillage au saccage , de la torture à la corvée de bois.

Macron voulant à tout prix se faire réélire à l’Elysée ? Il le peut aisément mais sans marcher sur le cadavre encore fumant…d’une mémoire saccagée par 132 ans de génie civilisateur français.

Madjid Khelassi

La Nation, 10/10/2021

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