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C’est sûrement la position prise par Moscou lors de la crise politique traversée par l’Algérie en 2019 qui va le mieux renseigner sur l’étroitesse des relations entre les deux pays. Moscou avait mis en garde la communauté internationale contre toute ingérence en Algérie. La ligne Alger-Moscou se renforce chaque jour un peu plus. Les derniers développements sur la scène internationale confirment cet état de fait.
Après l’odieuse transaction conclue entre le Maroc et le président Donald Trump où Rabat a annoncé la normalisation de ses relations avec l’Etat hébreu contre une reconnaissance publique du président américain de sa souveraineté sur le Sahara Occidental, Moscou a, de go, dénoncé la décision du président sortant, estimant qu’elle «sort complètement du cadre du droit international». «Ce que les Américains ont fait ici, c’est une décision unilatérale qui sort complètement du cadre du droit international», a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov, cité par les agences de presse Ria Novosti et TASS.
Il a ajouté que cette décision ne respectait pas non plus «les décisions de la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, avec lesquelles les Américains eux-mêmes étaient d’accord».
La réaction russe était attendue puisque faut-il le rappeler, l’ambassadeur de Russie à Alger, Igor Beliaev, a souligné, il y a moins d’une semaine, «la convergence de vues» entre Moscou et Alger sur la crise à El Guerguerat, au Sahara occidental, réitérant la position de son pays qui appelle à la retenue. M. Beliaev avait ajouté «qu’après la récente aggravation du conflit au Sahara occidental, nous poursuivons le dialogue avec l’Algérie à différents niveaux (…) Les discussions ont permis de dégager une convergence de vues entre les deux pays vis-à-vis de cette crise (…) L’Algérie et la Russie appellent à la retenue, au retour à l’accord de cessez-le-feu de 1991, à la poursuite des négociations directes et à la désignation d’un représentant personnel du secrétaire général de l’Onu dans les plus brefs délais possibles».
Cette convergence de positions est à même de confirmer les relations solides entre les deux pays. Elle reflète également le choix de l’Algérie de changer de cap et de s’adosser sur son allié russe pour se soustraire à l’influence européenne. D’ailleurs, le partenariat stratégique entre l’Algérie et la Russie a atteint un niveau stratégique dans l’agenda bilatéral.
L’Algérie est le premier client Africain de la Russie dans le domaine de la vente d’armes. Elle vient d’acquérir d’ailleurs, pour 2 milliards de dollars, les derniers combattants Su-57. Le domaine de l’énergie figure également à l’ordre du jour bilatéral, même si les sociétés Russe Gazprom et Algérienne Sonatrach sont en concurrence dans le domaine de la production d’énergie sur le marché Européen.
Sur le plan politique, les relations entre les deux pays se sont nouées pendant les années de la guerre d’indépendance (1954-1962) lorsque l’ex-URSS a apporté son appui politique au FLN. Depuis les relations sont restées bonnes malgré un certain ralentissement après l’effondrement de l’Union soviétique.
C’est sous la présidence de Vladimir Poutine que les choses vont reprendre. Une déclaration de partenariat stratégique, l’effacement de la dette algérienne et une série d’accords de coopération économique signés. Mais c’est sûrement la position prise par Moscou lors de la crise politique traversée par l’Algérie en 2019 qui va le mieux renseigner sur l’étroitesse des relations entre les deux pays. Moscou avait mis en garde la communauté internationale contre toute ingérence en Algérie.
Cette alliance renforcée entre Alger et Moscou témoigne à la fois de la volonté de la Russie d’accroître son influence dans la région et de la volonté de l’Algérie de peser davantage sur la scène internationale. Les dernières critiques formulées par le parlement européen sur les violations des droits de l’homme et le vœu de promouvoir la démocratie en Algérie, ont renforcé l’attitude d’Alger envers l’UE qui a toujours été empreinte de prudence, voire de méfiance.
L’Algérie qui a bien compris que la résolution du parlement européen n’est qu’une pression politique visant à obtenir sa soumission économique après la décision d’Alger de revoir l’accord d’association, se retrouve dans l’obligation de renforcer ses relations avec d’autres puissances comme la Russie et la Chine, afin de mettre un terme aux pressions qu’elle subies.
C’est d’ailleurs avec ces deux pays que l’Algérie a opté de renforcer ses échanges économiques et même de coopérer pour la lutte contre la pandémie du coronavirus. Un choix stratégique car l’Algérie se retrouve aujourd’hui, seule dans l’arène, après la décimation totale du front de refus contre Israël. Ses positions immuables de soutenir les causes justes du Sahara Occidental et de la Palestine vont, à ne pas en douter, lui coûter beaucoup de tracas.
Amine Ghouta
Crésus, 11/12/2020
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