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Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a accusé Paris, dimanche, de mensonges quant au nombre d’Algériens visés par une procédure d’expulsion du territoire français, et a exprimé son refus de toute médiation dans la crise qui oppose son pays au Maroc. Le ministère algérien des Affaires étrangères avait convoqué l’ambassadeur de France, voici quelques jours, pour lui signifier le rejet de la décision unilatérale de son pays de réduire de moitié le nombre de visas accordés aux Algériens, arguant que les autorités algériennes ont refusé l’accueil de plus de 7000 personnes sous le coup d’une décision judiciaire d’expulsion.
Dans un entretien avec des médias algériens, diffusé dimanche par la télévision d’État, le président Tebboune a déclaré que les chiffres du gouvernement français sont « faux », et que les autorités algériennes n’ont pris connaissance que de la situation de 94 personnes susceptibles d’être expulsées du territoire français. Il a expliqué que l’Algérie a accueilli 21 ressortissants expulsés, mais qu’elle a catégoriquement refusé d’en accueillir 16 autres, en raison de leurs liens avec le terrorisme, tandis que le sort des autres n’a pas encore été décidé.
Le président algérien a rappelé que son pays est lié par un accord d’immigration préférentielle avec la France, signé en 1968, et que Paris aurait dû traiter son pays de manière « privilégiée. »
Pas de médiation avec Rabat
Concernant la crise diplomatique entre l’Algérie et le Maroc, Tebboune a exprimé le refus de toute médiation entre son pays et Rabat.
Et de poursuivre : « Le bourreau et la victime ne peuvent être mis sur un pied d’égalité. Nous avons réagi à une agression, constante depuis notre indépendance en 1962, et dont nous ne sommes pas à l’origine. »
Tebboune a laissé entendre que la crise avec le Maroc n’irait pas jusqu’au conflit armé, affirmant : « Nous sommes un peuple qui a connu la guerre et qui aspire à la paix, mais nous ne tolérerons pas que l’on nous attaque. »
Le 24 août, l’Algérie a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc, en raison de ce qu’elle a qualifié d’agissements « hostiles et répétés ». Tandis que Rabat exprimait ses regrets quant à cette décision, qualifiant ses justifications de « fausses ».
Quelques jours plus tard, les diplomaties égyptienne et saoudienne sont entrées en contact avec les ministres des affaires étrangères de l’Algérie, Ramtane Lamamra, et du Maroc, Nasser Bourita, et évoqué des signes de médiation entre les deux voisins.
Saïed et Ghannouchi
S’agissant de la situation en Tunisie, Tebboune a déclaré que l’Algérie s’engage à ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures tunisiennes.
La Tunisie traverse une grave crise politique depuis le 25 juillet dernier, date à laquelle son président, Kaïs Saïed, a pris une série de mesures d’exception, dont le gel des prérogatives du Parlement, la levée de l’immunité de ses députés et la suppression de l’organe de contrôle de la constitutionnalité des lois.
Le président tunisien a ainsi décidé de promulguer des lois par décrets présidentiels, de présider le ministère public et de démettre le Premier ministre pour assumer lui-même l’autorité exécutive avec l’aide d’un nouveau gouvernement.
Tebboune a ajouté être intimement convaincu que Kaïs Saïed est « un patriote et un démocrate ».
Il a ajouté que Rached Ghannouchi, leader du mouvement Ennahdha et président du parlement suspendu, devait se rendre en Algérie, sans pour autant révéler si cette visite aura finalement lieu.
La majorité des forces politiques, dont Ennahdha (qui dispose du plus grand bloc parlementaire avec 53 députés sur 217), rejettent les mesures d’exception décidées par Saïed, et les considèrent comme un « coup d’État contre la constitution ». D’autres forces soutiennent ces mesures, y voyant une « correction de cap de la révolution de 2011 », à la lumière des crises politiques, économiques et sanitaires (« pandémie de coronavirus).
Saïed, qui a entamé un mandat présidentiel de 5 ans en 2019, a déclaré à plus d’une reprise que ses mesures d’exception ne constituaient pas un coup d’État, mais qu’elles s’inscrivaient dans le cadre de la constitution pour protéger l’État contre un « danger imminent », selon son appréciation.
Élections en Libye
Concernant la situation en Libye, Tebboune a déclaré que son pays, en raison du peu de temps séparant les élections prévues le 24 décembre, a proposé aux Libyens d’organiser des élections régionales séparées, même si cela prend deux mois de temps.
Après un conflit armé qui a duré des années, la Libye, riche en pétrole, a connu une percée politique sous les auspices des Nations unies il y a quelques mois.
Or les tensions sont revenues au premier plan en raison de divergences entre la Chambre des représentants, d’une part, et le Haut Conseil d’État, le gouvernement d’union et le Conseil présidentiel, d’autre part, concernant les questions relatives aux prérogatives et aux lois électorales.
Anadolou, 11/10/2021
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