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Emmanuel Macron a plaidé pour l’apaisement hier mardi 5 octobre sur France Inter, alors que les tensions montent entre la France et l’Algérie depuis plusieurs jours. Depuis des propos d’Emmanuel Macron rapportés par le quotidien Le Monde, Alger renouvelle les signes de son mécontentement : rappel de son ambassadeur à Paris pour consultations, interdiction aux avions militaires de survoler le territoire algérien.
Le président de la République française, Emmanuel Macron, a déclaré, hier, souhaiter « un apaisement » sur le sujet mémoriel entre la France et l’Algérie, et dit avoir des relations « vraiment cordiales » avec son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune.
Intervenant sur la radio France Inter, le président français a affirmé que ce qui se passe aujourd’hui est une crispation, une réplique de l’année dernière quand Alger avait rappelé son ambassadeur à Paris, après la diffusion d’un documentaire à la télévision. Emmanuel Macron dit avoir le plus grand respect pour le peuple algérien, et affirme entretenir des relations vraiment cordiales avec son homologue algérien.
Il appelle au dialogue : « Mon souhait est qu’il y ait un apaisement, parce que je pense que c’est mieux de se parler et d’avancer. Il y a sans doute des désaccords. La vie, c’est fait pour parler des désaccords et aussi les partager. Je pense que simplement, nous avons trop de nos compatriotes dont l’histoire est mêlée à l’Algérie pour faire comme si de rien n’était. »
C’est toujours facile de taper sur l’Algérie
Les propos du président Macron se veulent plus mesurés et il tente ainsi un repli pour essayer de désamorcer la crise avec Alger mais pas que. La dernière salve du locataire de l’Elysée n’a pas été aussi du gout de certains cercles français parmi les politiques et les hommes des médias. Pour certains, la France devrait d’abord balayer devant sa porte, elle qui a mis des décennies à mettre le mot guerre sur les « événements » en Algérie, qui verrouille les archives pour taire la vérité, qui n’arrive pas à mettre les mots sur les crimes d’Etat, tel le massacre policier et raciste du 17 octobre 1961…?, écrit par exemple Mediapart qui va encore plus loin en se posant la question, légitime d’ailleurs, de savoir pourquoi « alors que la rupture est à son comble entre le Maroc et l’Algérie, Emmanuel Macron choisit en connaissance de cause d’être dur avec l’Algérie et faible avec le Maroc. Il n’a jamais eu un mot de cette teneur acerbe à l’égard de la monarchie marocaine qui n’hésite pas à instrumentaliser la détresse des migrants pour faire pression sur l’Europe dans le dossier explosif du Sahara occidental, ni à espionner des téléphones de plusieurs personnalités publiques françaises – jusqu’à sa propre personne, comme l’a révélé le scandale mondial d’espionnage Pegasus », poursuit Mediapart.
La nation algérienne en question
L’avocat français Jean-Pierre Mignard qui est un familier de l’Algérie et qui, en février 2017, a accompagné le candidat Emmanuel Macron en Algérie n’est pas resté de marbre face à cette crise. Interrogé par RFI il se déclare en désaccord avec la négation de la nation algérienne par Macron « parce que, historiquement la nation est un concept occidental, très français, et un concept très récent. Des peuples peuvent exister, avoir une culture, une civilisation, une société, des formes de vie juridique entre eux, et ne pas être une nation constituée. Cela en effet, je pense que c’est faux. Je pense en effet que les Algériens le prennent mal, opposants et pro gouvernementaux. Je veux dire que c’est une vieille notion coloniale qui est : avant nous, il n’y avait rien ». Avant de poursuivre : « Ce n’est pas vrai. Avant l’arrivée de la France, il n’y avait pas rien. La preuve, quand même, on s’est servi sur le plan du trésor algérien, etc. Je trouve que c’est la phrase de trop. Tout n’est pas né avec la colonisation. Il faut faire extrêmement attention à cela. Là, je pense en effet qu’il y a dérapage. »
L’auteur du rapport surpris
Pour sa part l’historien Benjamain Stora, chargé en juillet 2020 par le président de la République française de « dresser un état des lieux juste et précis » sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie et qui a remis un rapport dans lequel il a formulé une trentaine de préconisations, a été surpris par les propos de Macron. Il explique à Mediapart ne pas souhaiter « rentrer dans le débat ». Il tient cependant à rappeler que son rapport est « tout l’inverse de cela ». « Tout le but de mon rapport est de ne pas donner de leçons d’histoire aux autres. C’est aux historiens d’écrire l’histoire qui ne peut pas être hémiplégique, ce n’est pas aux chefs d’État. La rente mémorielle est des deux côtés, pas d’un seul côté. La question algérienne structure l’extrême droite française qui a l’habitude de me rentrer dedans et qui refuse de reconnaître le principe de l’indépendance de l’Algérie. » « Moi, ce que je veux, poursuit le spécialiste de l’Algérie, c’est savoir ce qu’on fait concrètement de mes propositions. Que fait-on le 17octobre? Je n’ai toujours pas eu de réponse. On commémore, on reconnaît le crime d’État ? J’espère qu’il y aura une réponse. C’est un des combats de ma vie. »
Il est clair que l’onde de choc provoquée par les propos de Macron ne va pas s’estomper de sitôt, reste à savoir si la tentative d’apaisement d’hier trouvera écho chez nous comme chez les Français.
N. A.
Algérie aujourd’hui, 06/10/2021