Note de cadrage politique Maroc-Panama

Tags : Maroc, Panama, relations bilatérales, Amérique Latine,

Sur le plan interne et suite aux élections présidentielles et législatives tenues au Panama, à un tour, le 04 mai 2014, M. Juan Carlos Varela, du « Parti panaméiste » (centre droit), a été proclamé vainqueur, avec 39,2% des voix. Alors que les sondages le donnaient en troisième position, il s’est vu élire avec sept points d’avance sur le candidat du « parti panaméiste » (centre droit ), M. José Domingo Arias, dauphin du président sortant. M. Juan Carlos Navarro, du « parti Révolutionnaire Démocratique », opposition de gauche est arrivé en troisième position, avec 27% des voix.

Ayant renoncé à ses ambitions présidentielles en 2009 pour rejoindre le camp de l’Ex Président, M. Ricardo Martinelli, M. Juan Carlos Varela avait été élu à la Vice-présidence et nommé Ministre des Relations Extérieures, avant d’être destitué de ce poste, en 2011, suite à un désaccord avec son prédécesseur. M. Varela avait toutefois conservé la Vice Présidence.

N’ayant obtenu que 12 sièges au parlement, lors du scrutin législatif, tenu en parallèle à la présidentielle, Le Parti Panaméiste a réussi à conclure le 30 juin 2014, un pacte avec le PRD, appelé « gouvernance législative », ce, après plusieurs semaines de négociations.

En matière de politique extérieure, le Panama, entretient des relations très étroites avec les Etats-Unis, premier utilisateur du Canal du Panama et premier partenaire politique, stratégique, économique et commercial du pays. L’accord de libre échange entre les deux pays, signé en 2007, a été ratifié en 2011 par le Congrès américain.

Panama/Amérique Latine : Membre fondateur du Système d’Intégration centraméricain (SICA), le Panama ne s’est engagé à rejoindre ce bloc sous-régional à caractère économique que tout récemment, après la signature de l’accord d’association entre l’UE et le SICA, en juin 2012. Cette adhésion montre la volonté panaméenne de renforcer son influence dans la région et de profiter de ses atouts, en particulier en matière de services maritimes et portuaires (zone franche, ports, canal). Le Panama qui entretient des relations très étroites avec le Chili, avec lequel un accord de libre échange a été signé, tente de se rapprocher du MERCOSUR, où il a un statut d’observateur. Il aspire également à devenir membre à part entière de l’Alliance du Pacifique, bloc économique comprenant « le Mexique, le Chili, le Pérou et la Colombie », qu’il a déjà intégré en qualité d’observateur. Le Panama sera hôte fin 2014 de la prochaine Conférence ibéro-américaine (SEGIB), où le Maroc est membre observateur. En outre, et devant accueillir, en 2015, le VIIème Sommet des Amériques, le Panama souhaite y faire participer Cuba. Avec l’arrivée au pouvoir du Président Juan Carlos Varela, le Panama et le Venezuela ont annoncé le rétablissement complet de leurs relations diplomatiques, après que les deux pays avaient traversé une crise diplomatique, ayant conduit le Président vénézuélien à rompre les liens diplomatique avec le Panama, reprochant à ce pays son ingérence dans la politique interne du Venezuela.

Panama/Moyen Orient : le Panama qui entretient des relations très étroites avec Israël, a voté contre l’adhésion de la Palestine au sein de l’UNESCO.

Panama/Pays arabes : Le Panama a été le premier pays latino-américain à avoir reconnu le Conseil libyen de transition Nationale. S’agissant de la crise syrienne, il convient de signaler que le Panama a annoncé le 30 juin 2012, la suspension temporaire de ses relations diplomatiques avec la Syrie, en guise de protestation contre « les multiples violations des droits de l’Homme » dans ce pays. Le gouvernement panaméen qui a condamné la violation des droits de l’Homme dans ce pays et l’utilisation d’armes chimiques, a appelé « les parties en conflit et l’Organisation des Nations Unies à explorer toutes les issues diplomatiques possibles  afin de mettre fin à la guerre civile en Syrie».

Crise ukrainienne : le gouvernement panaméen a exprimé sa préoccupation concernant la situation en Ukraine, en insistant sur la nécessité de respecter l’intégrité territoriale du pays.
S’agissant des relations bilatérales, le Panama qui a reconnu la pseudo « RASD », en mai 1979, a suspendu cette reconnaissance, le 20 novembre 2013. A travers un communiqué du Ministère panaméen des Relations Extérieures, le gouvernement panaméen a déclaré que « conformément aux principes du droit international et afin qu’une collectivité puisse se construire en un Etat souverain, qui soit reconnu par la communauté internationale, il est nécessaire qu’elle puisse disposer des éléments fondamentaux constitutifs d’un Etat, à savoir, le territoire, la population, le gouvernement et l’indépendance ». Le gouvernement panaméen a considéré que ces éléments ne sont pas réunis pour permettre la création de la « RASD » et décidé en conséquence, « de suspendre ses relations » avec cette entité fantoche.

Ladite position a été réitérée par le nouveau Vice-ministre panaméen des Relations Extérieures, M. Lyns Mighni Minkabyi, lors d’une rencontre qu’il a tenue avec Monsieur le Ministre, en marge de leur participation au 43ème Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement du Système d’Intégration d’Amérique Centrale (SICA), tenu à Punta Cana, en juin 2014. Il a ajouté que la décision prise par son pays a été irréversible et s’est basée sur la légitimité internationale et les réalités de l’histoire.

Il convient de signaler que ce retrait de reconnaissance auquel a procédé le gouvernement de droite a été vivement dénoncé par le parti panaméen d’opposition de gauche, le « Parti Révolutionnaire Démocratique » (PRD), et par d’autres organisations non gouvernementales, tel le collectif des Femmes Diana Moran (FRENADESO), acquis aux thèses des séparatistes.

Le retrait de la reconnaissance de la pseudo « RASD » par le Panama a donné lieu à l’ouverture d’une nouvelle page dans les relations bilatérales entre nos deux pays, marquée principalement par l’ouverture de l’Ambassade du Panama à Rabat, le 18 avril 2014, inaugurée officiellement, à l’occasion de la visite qu’a effectuée au Maroc, du 16 au 19 avril 2014, la Vice-ministre panaméenne des Relations Extérieures, Mme Mayra Arosemena.

A l’occasion de ladite visite, durant laquelle la responsable panaméenne a tenu une rencontre avec Monsieur le Ministre, un Mémorandum d’Entente sur les consultations politiques entre les Ministères des Affaires Etrangères des deux pays et un accord cadre de coopération ont été signés, permettant ainsi d’instaurer un premier cadre juridique à même de permettre le lancement d’actions de coopération concrètes.

Aussi, cinq autres projets d’accords de coopération entre nos deux pays se trouvent actuellement en cours d’examen ou de finalisation, à savoir, un projet d’accord commercial, un projet d’accord maritime, un projet d’accord portuaire entre le Port Tanger/Med et l’autorité du Canal du Panama, un projet d’accord culturel, et un Projet d’accord scientifique et technique, en plus d’un projet d’accord de coopération entre l’Académie Diplomatique du Panama et l’Académie Marocaine des Etudes Diplomatiques et d’un projet d’accord sur la suppression des visas pour les passeports diplomatiques, officiels et de service.

Aux cérémonies d’investitures du Président panaméen, M. Juan Carlos Varela, tenues le 01 juillet 2014, le Maroc a été représenté par  M. Rachid Talbi El Alami, Président de la Chambre des Représentants.

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