Arabie Saoudite, Etats-Unis, Maison Blanche, Joe Biden, Mohamed Ben Salmane,
Entre l’Arabie saoudite et l’administration Biden, les relations ont été mauvaises dès le début, si par début on entend le moment où cette dernière s’est emparée des rênes du pouvoir aux Etats-Unis. La réalité, c’est qu’elles l’étaient avant même l’élection de Joe Biden, qui pendant la campagne électorale s’était engagé à les revoir en profondeur, ce qui par la même occasion témoignait de l’importance qu’elle revêtait à ses yeux comme à ceux de son pays. Il ne s’est guère appesanti sur le sujet cependant, laissant baigner dans un flou artistique les motifs réels derrière ce projet de sévir à l’égard d’un pays tout de même vieil allié du sien.
Ces propos de campagne étaient loin d’apporter de réponse à la question de savoir de quoi s’était donc rendue coupable l’Arabie saoudite pour que lui-même en arrive à promettre à son public de prendre le moment venu des sanctions contre elle. Car si la précision n’était pas leur marque principale, il n’en restait pas moins qu’ils étaient en eux-mêmes suffisamment clairs pour inspirer des inquiétudes à l’Arabie saoudite. Parce qu’à ce moment l’assassinat particulièrement horrible du journaliste Jamal Khashoggi hantait encore vivement les esprits, l’idée avait tout naturellement prévalu que la révision projetée par le candidat Biden devait être en rapport avec ce fait sans pareil.
On se disait que le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane, serait pour le moins désigné comme le commanditaire du crime si c’était Joe Biden qui était élu. Au bout du compte, cela ne s’est pas produit. Le rapport publié dans la foulée par le renseignement américain sur le sujet s’est bien gardé de porter une accusation aussi nette.
La seule mesure prise après cela qui à la rigueur pouvait passer pour une sanction contre l’Arabie saoudite, pour une faute toujours non spécifiée il convient de le préciser, c’est l’arrêt du soutien américain à la coalition arabe emmenée par elle dans la guerre contre les Houthis. Or ensuite les relations entre les deux pays, officiellement tout au moins toujours les meilleurs amis du monde, ont semblé amorcer leur rétablissement lorsque les Etats-Unis se sont chargés de protéger les installations d’Aramco après l’attaque d’Abqaïq et de Khurais en septembre 2019.
Des batteries antimissiles patriot ont été implantées en urgence autour de ces installations, les mettant à l’abri des attaques ultérieures. Elles sont le gage le plus significatif du lien étroit existant entre les deux pays. Pour que les Américains vous les prêtent, il faut qu’ils voient en vous un grand ami. Vous ne l’êtes plus, en revanche, ou du moins cette qualité est-elle en question à leur niveau, si d’aventure ils reprennent ce précieux objet. C’est justement cela qui vient de se produire, les Américains, apparemment sans crier gare, ayant retiré les batteries dressées en Arabie saoudite pour contrer les attaques aériennes houthies, et/ou iraniennes, alors même que celles-ci n’ont pas cessé.
On peut dire que depuis l’entrée en fonction de l’administration Biden, cette mesure est le premier acte équivalent à une sanction aussi indéniable que périlleuse. A une sanction, qui plus est, qui ouvre sur d’autres. Il faudrait pour cela que la partie qui en est frappée s’avise de lui trouver remède en se tournant pour cela vers un ennemi des Etats-Unis. Suivez mon regard.
Mohamed Habili
Le Jourd d’Algérie, 29/09/2021