Algérie : Voilà de quoi la « Issaba » est le nom

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En décidant hier de placer l’ex -ministre des Finances Mohamed Loukal, sous mandat de dépôt, le juge d’instruction du pôle pénal du tribunal de Sidi M’hamed, souligne un peu plus l’ampleur insondable de la corruption en Algérie durant le règne de Bouteflika et sa clique qui ont saigné à blanc le pays. Il suffit de rappeler les fonctions stratégiques qu’a eu à exercer Mohamed Loukal pour se rendre compte des dégâts immenses qu’a provoqué le serpent de mer de la corruption et le détournement des deniers publics qui aura « bouffé » tout le corps de l’État.

Deux années après la chute de Bouteflika et ses hommes de main, on n’est pas encore au bout de nos surprises. Des personnalités et des responsables que nous croyions naïvement au-dessus de tout soupçon s’avèrent finalement être de vulgaires rapaces qui se sont servi de l’État au lieu de le servir. Faut-il rappeler que ce monsieur dont il est question, a été notamment Gouverneur de la banque d’Algérie, PDG de la banque extérieur de l’Algérie (BEA) avant de finir grand argentier du pays !

En termes simples, Mohamed Loukal détenait les cordons de la bourse de notre pays pendant des années avec la bénédiction du clan Bouteflika dans le gouvernement de Nourredine Bedoui. La Issaba a assurément un nom. Plutôt des noms.

Dans notre infinie suspicion, nous n’avions peut être jamais imaginé que l’Algérie était gérée aussi vulgairement par cette caste de voleurs sans foi ni loi qui n’ont eu aucun scrupule pour ce peuple qui souffre encore pour ce pays qui leur a tout donné pour assurer leurs arrières et ceux de leurs enfants et petits-enfants. Le constat est hallucinant. A Mohamed Loukal qui se jouait allégrement de notre argent, la justice reproche notamment « abus de fonction » et d’avoir accordé « d’indus privilèges » à des hommes d’affaires durant son long règne à la tête de la BEA – la banque de Sonatrach faut-il le souligner- entre 2001 et 2016.

A ce stade des révélations, il n’est même pas exagéré de dire que l’Algérie était géré par une maffia qui se croyait tout permis et qui n’avait aucun scrupule si tant est qu’elle puisse en avoir ne serait-ce qu’un brin. Quasiment tous les hommes et les femmes qui avaient servi Bouteflika sont en prison où en instance de l’être.

Il est rare de trouver un pays aussi mal servi au monde ! Et ce n’est pas fini. L’ex- Premier ministre Nourredine Bedoui a été entendu il y a quelques jours sur des affaires de corruption du temps où il était wali de Constantine. D’autres anciens hauts responsables sont placés sous ISTN le temps que les enquêtes les concernant aboutissent.

De fait, le legs des années Bouteflika est très lourd. L’Algérie et son peuple vont payer cette corruption généralisée qui a gangrené toutes les sphères de la vie nationale. La « Issaba » est loin d’être finalement une simple formule creuse.

La Issaba est une véritable bande organisée d’ex- hauts responsables qui avaient pris en otage le destin national. La Issaba fonctionnait comme une secte de voleurs qui avait entre les mains tous les pouvoirs y compris celui de disposer comme bon lui semblait de l’argent du peuple. La Issaba a trahi le peuple et a trahison les chouhadas. Elle ne mérite donc aucune pitié. Que justice soit faite et que les coupables reçoivent le châtiment exemplaire !

Par Imane B.

L’Est Républicain, 27/09/2021

Bedoui sous contrôle judiciaire, Loukal incarcéré : Bedoui sous contrôle judiciaire, Loukal incarcéré
La machine judiciaire en marche

Cité dans plusieurs enquêtes sur la corruption, Mohamed Loukal a été placé hier sous mandat de dépôt sur ordre du juge d’instruction du pôle économique et financier du tribunal de Sidi M’hamed (Alger). Parmi les chefs d’accusations retenus contre lui, plusieurs sources évoquent entre autres, »abus de fonction », « octroi de privilège illicites à de tiers personnes » et « dilapidation de deniers publics ». Il avait occupé le poste de PDG de la Banque extérieure d’Algérie, de 2001 à 2016, et toutes les charges qui pèsent sur lui sont en rapport avec cette période.

En avril 2019, il est nommé ministre des Finances dans le gouvernement Bedoui, avant de disparaitre des radars, après l’investiture de Tebboune et la nomination du gouvernement Djerad. Cependant, il y a lieu de signaler qu’il avait déjà comparu devant le procureur de la République de Sidi M’hamed et auditionné pour des affaires de corruption. Son incarcération n’est donc pas une surprise.

Dans le collimateur de la justice depuis 2019, il rejoint en prison 18 anciens ministres de l’ère Bouteflika, dont Ahmed Ouyahia, Abdelmalek Sellal, Hocine Nécib, Amar Ghoul, Saïd Barkat, Abdelmalek Boudiaf, Tayeb Louh, Youcef Yousfi, Khalida Toumi, Djamila Tamazirt, Tahar Khaoua, Djamel Ould Abbès, Amara Benyounès, Abdelghani Zaalane, Mahdjoub Bedda, Boudjemaâ Talaï, Houda Feraoun et Mohamed El Ghazi.

Mohamed Loukal serait impliqué dans plusieurs affaires de corruption, à l’époque où il occupait le poste de PDG de la BEA. Les aveux de certains oligarques incarcérés ont fini par l’enfoncer. Dans le même contexte, Nouredine Bedoui, ancien wali, ministre et Premier ministre, a été placé sous contrôle judiciaire, après avoir été auditionné hier par le juge d’instruction.

Il a déjà été entendu par le même magistrat, le 18 septembre dernier, où il avait répondu à des chefs d’inculpation liés à des affaires de corruption dans lesquelles il est cité. Il y’a environ une année, le 12 octobre 2020 plus précisément, il avait été entendu par la brigade économique et financière de la police judiciaire de Constantine dans le cadre d’une vaste enquête sur des transactions foncières ayant été actées durant la période où il occupait le poste de wali de cette wilaya.

Tous les dossiers remis à la justice concernent la période située entre le 30 septembre 2010 et le 11 septembre 2013. A cette époque, il aurait octroyé dans des conditions opaques des lots de terrain à construire à des sénateurs et des députés. Les parcelles en question sont situées à Zouaghi, sur les hauteurs de la ville de Constantine, du côté de Aïn El Bey ; au niveau de la nouvelle ville Ali Mendjeli et à El Khroub.

Des promoteurs immobiliers auraient également profité du passage de Nouredine Bedoui à la tête de la wilaya de Constantine, pour mettre la main sur les meilleurs sites, dans le but de les réserver à des projets de construction de milliers de logements promotionnels. Et ce n’est pas tout, puisqu’il doit s’expliquer sur la dilapidation du foncier industriel.

Sous son autorité, des milliers de m² auraient été cédés en violation flagrante de la réglementation en vigueur. Ces terrains, propriété de l’Etat, auraient été bradés au profit de certains investisseurs fictifs, qui les ont ensuite détournés, en les vendant ou bien en changeant carrément leur caractère de manière illégale.

D’après des sources locales, Nouredine Bedoui serait poursuivi pour des affaires liées à l’octroi de marchés dans le cadre de contrats gré à gré à des opérateurs, qui ne remplissaient pas les conditions et les normes exigées par la législation. En outre, Hocine Ouadah, ex-wali de Tizi Ouzou a été auditionné le même jour et placé en détention provisoire. Ce dernier a lui aussi occupé le poste de wali de Constantine, de 2013 à 2015, succédant ainsi à Nouredine Bedoui.

Mohamed Mebarki

L’Est Républicain, 27/09/2021

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