Algérie-diplomatie: Dettes et pragmatisme

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par Abdelkrim Zerzouri

L’effacement des dettes de nombre de pays africains et arabes revient au-devant de l’actualité d’une manière inattendue, mais le contexte s’y prête toujours pour cerner ces gestes humanitaires déployés par l’Algérie pour aider des pays amis. Ainsi, selon l’avis de l’expert Mustapha Mékidèche, l’Algérie a toujours soutenu la libération et le développement économique de nombre de pays africains et arabes sans qu’une quelconque demande politique ou diplomatique n’ait été exprimée vis-à-vis de ces pays.

Cela malmène un peu le proverbe qui dit qu’on ne donne rien pour rien, mais on peut ne pas être au courant de la contrepartie attendue de ces effacements de dettes. Cette contrepartie peut ne pas être formulée en termes clairs, ou publiquement exprimée, mais cela n’exclut pas qu’on s’attende dans ce cadre à un minimum de révérence envers le pays bienfaiteur.

Ce qui n’a pas toujours été le cas. Et, faut-il l’admettre, cela fait très mal au pays. L’Algérie peut-elle s’enorgueillir de n’avoir pas fait comme les autres pays, comme le relève notre expert, soit réclamer le remboursement des intérêts, puis de la dette, soit transformer cette dette en investissements algériens dans ces pays ? Pourtant, la meilleure option, la plus pragmatique, aurait été de transformer cette dette en investissements algériens dans ces pays.

Cela aurait été d’un plus grand secours à ces pays, où l’investissement les aurait aidés économiquement et sur le plan de la création d’emploi, et ce n’est pas un mal si cela aurait également permis à l’Algérie d’être plus présente dans ces pays et défendre ses intérêts économiques et politiques. Et de telles opportunités existent toujours, parce que l’Algérie détient encore d’autres créances sur certains pays qui n’ont pas fait l’objet d’annulation, mais font l’objet d’accords pour des échéances de remboursement. Et puis, sait-on jamais, où ira l’argent de ces dettes effacées ?

C’est le Maroc qui a poussé l’Algérie à la défensive, au repli, en l’accusant d’acheter l’allégeance de ces pays ou d’utiliser ce levier de l’effacement des dettes comme moyen de pression politique sur ces pays, et les amener à s’aligner sur les positions de l’Algérie dans tous les dossiers qui engagent la communauté africaine et internationale. Alors que ce même pays, qui ne trouve aucune gêne à financer des articles de presse, a engagé une vaste politique d’investissement en Afrique, pas d’effacement de dettes ou de leur transformation en investissements, parfois sur fonds propres du Roi, dans le seul but de gagner le maximum de pays à sa cause, la défense de la marocanité du Sahara occidental.

« La permanence des engagements de l’Algérie en tant que pays africain et arabe solidaire avec les autres pays, que ce soit pour leur libération ou leur développement économique », une position soulignée par M. Mékidèche, mais il ne faut pas être dupe pour aider des pays et les avoir sur le dos quand il s’agit de chercher des soutiens à la cause sahraouie, par exemple.

Le Quotidien d’Oran, 14/09/2021

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