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Depuis 2015, et pour la troisième fois, le Maroc apporte son soutien diplomatique clair au projet séparatiste du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie, le MAK classé en 2021 organisation terroriste en Algérie.
Et au moment même où le fantassin de la diplomatie marocaine aux Nations unies, Omar Hilale, réitérait au sein d’une instance onusienne l’appui du Maroc à une scission de la Kabylie, Maroc Hebdo, vecteur médiatique belliqueux de la propagande du Makhzen, déroule le tapis rouge pour Ferhat Mhenni (numéro 1405 du 03 au 09/O9/21).
Pour le laisser parler comme un arracheur de dents, et pour mieux mettre en couverture du magazine sa psychose paranoïaque et son délire schizophrénique !
Le Tartarin de Tarascon du séparatisme kabyle déroule alors son discours indépendantiste habituel, osant notamment assimiler son projet sécessionniste à la question kurde. Il affirme, entre autres élucubrations, divagations, mensonges complets, demi-vérités, vraies fausses vérités et délirium tremens, que la Kabylie « est occupée militairement », « est colonisée » et que l’Algérie indépendante « est une création française ex-nihilo ».
Et, sans crainte aucune du ridicule assassin, il prétend que la Kabylie a toujours été autonome depuis la nuit des temps. Et que constituée en royaume, elle aurait même signé des traités internationaux avec le Vatican, l’Espagne et bien évidemment le Maroc avec lequel Ferhat Mhenni espère bientôt établir des relations « diplomatiques » !
Derrière le délire paranoïaque d’un chef de mouvement illuminé et messianique, qui se voit même comme le prophète Moïse « guidant son peuple (kabyle) vers sa liberté », c’est Maroc Hebdo qui manipule finalement Ferhat Mhenni pour marteler l’idée que la revendication indépendantiste du MAK relève d’un problème de « décolonisation ».
Au même titre que l’Angola ou l’Apartheid sud-africain, comme le souligne, avec la djellaba en montgolfière et les babouches en turbopropulseurs, l’éditorialiste du magazine, sous le titre « la cause kabyle et nous » les Marocains. La manœuvre éditoriale est cousue de fils blancs, comme celles de la diplomatie royale : Le but étant de dire que si la question du Sahara occidental devait être considérée comme un problème de décolonisation, alors la « cause kabyle » devrait l’être aussi, et sur un même pied d’égalité (CQFD).
Ferhat Mhenni se prend pour Moïse !
En fin de compte, le magazine propagandiste du Makhzen sert de déversoir au délirium tremens du chef du Mak, et se sert de lui pour mieux servir les intérêts diplomatiques du Maroc contre l’Algérie. Il n’est donc en rien étonnant de voir un media militant makhzenien utiliser un renégat et un félon algérien profondément attaché à trois pays ayant eu ou possédant actuellement un statut de colonisateur.
La France, ex-puissance coloniale qui lui a accordé l’asile politique et le Maroc et Israël qui le soutiennent à bien des égards. De la part de Maroc-Hebdo, la démarche est normale, en rien surprenante, le journal ne faisant que défendre, pas toujours subtilement, il est vrai, les intérêts de son pays. Le sujet est par conséquent Ferhat Mhenni et son mouvement de sédition dont il faut déconstruire le discours.
Il y a une dizaine d’années, et dans les colonnes d’un quotidien algérien disparu depuis, l’auteur de ces lignes se demandait déjà s’il fallait, pour la énième fois, rappeler que l’idéologie du MAK et le discours de son chef de file sont dangereux pour l’unité nationale ? Dire encore qu’ils relèvent du délirium tremens mais qu’ils constituent tout de même un poison réel. Il s’agissait à l’époque de prendre au sérieux le fait que Ferhat Mhenni voyait les Kabyles « à l’image des Kurdes de Turquie » que l’Algérie « traite en ennemis dont il faut éteindre l’identité et la langue y compris par l’extermination s’il le faut ».
Pis qu’un Cassandre, il exhortait à cette date ses militants à se « préparer à parer à toute éventualité, y compris dans la perspective de l’effondrement du pouvoir algérien ». Et ce corbeau de mauvais augures de prédire la guerre civile comme issue inéluctable : « Il est vital que la Kabylie (…) ne soit pas aspirée dans la spirale de la guerre civile », estimait-il.
Il n’y avait pas longtemps de cela, le Nostradamus indépendantiste avait encouragé ses troupes à « constituer des services d’ordre et de vigilance ». En fait, des milices ou une police parallèle à celle de la République. Forces susceptibles de s’opposer à la police et à la Gendarmerie nationales en Kabylie. Ce discours sécessionniste et belliciste était certes absurde, mais il était surtout et certainement de plus en plus dangereux. Cette façon de voir les choses est certes kafkaïenne, mais elle fait partie d’un discours toxique et contagieux, forcément destructeur car porteur d’une menace séparatiste réelle.
En dépit de cela, les autorités nationales de l’époque avaient mis du temps pour en prendre un peu la mesure. Et qualifier enfin, de manière minimale, le MAK de « mouvement fractionnaire ». Une attitude tardive de relative fermeté, mais qui incitait à se questionner sur la réalité de cette « menace fractionnaire ». Le Mak était alors passé de l’idée de l’autonomie à celle de l’indépendance. Ce qui devenait plus problématique. Et ça devient plus problématique quand l’idée d’un schisme kabyle fait son chemin même lentement. Il est vrai que nos chers compatriotes kabyles ne sont pas, dans leur grande majorité, acquis à ses thèses séparatistes. C’est du moins ce que l’on constate empiriquement en l’absence de sondages qualificatifs fiables.
Alors, tout en veillant rigoureusement à la préservation de l’unité nationale, il faudrait donc décortiquer en permanence le discours idéologique du MAK, et faire tout le temps la lumière sur ses soutiens, étrangers en particulier. On sait que Ferhat Mhenni bénéficie de l’appui financier et diplomatique affiché du Maroc, du soutien discret d’Israël qu’il a visité, et dont il appuie la politique d’occupation et d’expansion coloniales. Et qu’il dispose de l’asile politique en France, en qualité de réfugié politique, et probablement de citoyen français après son abandon de la nationalité algérienne.
Grenouilleur international
Dans l’Hexagone, il a notamment bénéficié de l’intrusion du méphistophélique Bernard-Henri Levy, dans le dossier du séparatisme en Kabylie. Un BHL qui confond lui aussi, délibérément, Kabyles et Kurdes : Les Kabyles, « ce peuple sans Etat comme le sont les Kurdes ».
Le grenouilleur international français, qui aime tant être l’étincelle du feu de déstabilisation des pays qui refusent de pactiser avec Israël, reprenait à son compte cette antienne du MAK. Pour Ferhat Mhenni, une Kabylie indépendante, c’est un nouveau Kurdistan qui serait le meilleur allié des USA et de l’OTAN contre Daech.
Séparatiste ami d’Israël, obligé du Makhzen et glorificateur de la colonisation de l’Algérie
On sait que le Ferhat M’henni d’aujourd’hui et des dernières années n’a plus rien à voir avec le fils de chahid, patriote unioniste et démocrate de naguère. Place donc au séparatiste devenu ami d’Israël, l’obligé du Makhzen et le nostalgique assumé de la colonisation française de son ancien pays. Il n’y a pas si longtemps que ça, il y a juste une décennie, et devant des députés de droite français glorificateurs de la colonisation, il avait estimé alors qu’elle était un « regrettable accident » historique.
Dans son esprit, c’est un « malentendu » ayant pour point de départ la bataille d’Icherridène en Kabylie (24 juin 1857), et pour point final l’indépendance de toute l’Algérie. Même la Libération est un « malentendu », vu qu’en 1962, « la Kabylie n’a jamais récupéré sa souveraineté transférée » par la France coloniale au pouvoir central de l’Algérie libérée. Il avait trouvé aussi que la France coloniale fut plus clémente à l’égard de la Kabylie que ne l’aurait été le régime algérien depuis 1962 : « Ce qui oppose le pouvoir à la Kabylie est bien plus lourd que ce qui a opposé la France à la Kabylie depuis 1857 jusqu’à 1962 ».
La colonisation est ainsi absoute de tous ses crimes. Du coup, ses compatriotes au pouvoir depuis 1962, décideurs Kabyles inclus, fort nombreux au demeurant, auraient commis des « crimes bien plus graves que ceux de la colonisation ». Dans cette logique, la geste patriotique héroïque de Fathma N’Soumer et des Cheikhs El Mokrani et El Haddad relèvent d’un « malentendu » à « dissiper ». Les crimes à grande échelle du maréchal Randon et des généraux Mac Mahon, Renault et Maissiat en Kabylie procèdent également d’un « malentendu ».
Dans la sémantique séparatiste du MAK, il est question également d’« ethnocide » et de « génocide » de Kabyles devenus par ailleurs, dans son cerveau enfiévré, les « nouveaux Juifs », les victimes supposées d’un Exodus à l’algérienne. Délirium tremens mais poison réel, à ne plus jamais négliger, écrivait en 2011 le signataire du présent article.
Par Nadji Azzouz
Le Jeune Indépendant, 07/09/2021
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