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L’agence Anadolou a indiqué mardi détenir « des documents confidentiels qui font la lumière sur les liens entre le numéro un mondial du ciment, la société française Lafarge, et l’organisation terroriste Daech en Syrie » signalant que « les liens et les relations du cimentier français étaient connus de l’État français étant donné que Lafarge a régulièrement informé les services de renseignements français internes et externes (DGSI et DGSE) ».
L’agence de presse turque rapporte que « la justice française a été saisie afin d’étudier les accusations de complicité de crimes de guerre imputées à Lafarge en raison des paiements que le géant français a réalisé au bénéfice de l’organisation terroriste pour pouvoir poursuivre son activité en Syrie. Les documents consultés par l’AA démontrent que l’État français connaissait le teneur des liens et relations de Lafarge avec Daech ».
« En effet, toujours d’après ces documents, les services de renseignements français ont profité de l’activité de Lafarge en Syrie pour récolter des informations relatives aux développements dans la région et aux activités et membres des différents groupes armés et organisations terroristes impliqués dans le conflit syrien », ajoute-t-elle.
Elle précise que « ces documents confidentiels démontrent également que les services français n’ont jamais mis en garde la société Lafarge concernant leur éventuelle implication dans des crimes de guerre ».
Anadolou constate que les documents dans sa possession « mettent également en avant l’historique des échanges entre Lafarge, par l’intermédiaire de son Directeur sûreté, Jean-Claude Veillard, et les services de renseignement français, via une adresse email du ministère de l’Intérieur français. Les échanges débutent en janvier 2014 ».
« Dans l’un de ses courriers électroniques, Veillard indique par exemple que Lafarge poursuit son activité en Syrie, ce qui « implique des relations avec les antagonistes locaux ».
Selon Anadolou, « le Directeur sûreté de Lafarge a notamment voulu mesurer avec les services français « le degré d’exposition du siège et des dirigeants » de Lafarge après que certains médias du Moyen-Orient ont divulgué des informations négatives quant aux relations entre Lafarge et Daech. Une rencontre en Veillard et les services français devait donc être programmée dans les jours qui ont suivi et échange ».
Elle rappelle que « une fois l’affaire de financement de Daech par Lafarge dévoilée par les médias, et l’ouverture d’une enquête concernant les activités du cimentier français en Syrie, un élément des services français a été interrogé par la justice ».
« Dans ses dépositions du 18 novembre 2018, précise-t-elle, où son identité n’est pas dévoilée et où il est appelé « AM-02 », le membre des renseignements français confirme que Lafarge était la principale source d’informations en Syrie. Il explique comment les services français ont « profité » des activités de Lafarge pour récolter des renseignements sur la Syrie ».
« AM-02 » fait savoir, par exemple, qu’entre 2012 et 2014, Lafarge fournissait du ciment « à tous les groupes armés » de la région, sans exclure le groupe terroriste Daech. Daech a notamment utilisé le ciment de Lafarge pour construire des tunnels extrêmement solides face aux attaques de la Coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.
« On a fonctionné de manière totalement opportuniste profitant de leur maintien sur place », a-t-il notamment déclaré, parlant de la poursuite des activités de Lafarge en Syrie.
Les renseignements français savaient que Lafarge fournissait du ciment à Daech
Dans un échange d’emails entre le Directeur sûreté de Lafarge, Veillard, et les services français, datant du 1er septembre 2014, il est question d’apporter « plus de précisions concernant l’approvisionnement en ciment de Daech ».
Cette demande d’informations complémentaires montre clairement que les services de l’État français étaient bien au courant des relations entre Lafarge et le groupe terroriste.
Les documents confidentiels que l’AA a pu consulter confirment l’existence d’au moins 30 échanges/entretiens entre 2013 et 2014 entre Lafarge et les services de renseignement français.
Lafarge a transmis des informations sur la situation sur le terrain en Syrie
Alors que Lafarge était accusée de complicité de crimes contre l’humanité en participant au financement d’une organisation terroriste, son Directeur sûreté, Jean-Claude Veillard mis en examen, a été interrogé par la police le 30 novembre 2017.
Dans le procès-verbal en question, que l’AA a pu se procurer, Veillard affirme que les services français étaient informés de toutes ses activités concernant la période incriminée.
Des échanges avec le renseignement français montrent effectivement que Veillard transmettait régulièrement des informations, des données et des documents relatifs à la situation sur le terrain syrien.
Il a notamment transmis des informations concernant les groupes armés, les développements militaires et les équilibres entre les différents groupes du conflit syrien.
Sur l’un de ces documents qui date d’octobre 2013, Veillard a écrit une note manuscrite qui stipule que le document a été envoyé à la DGSE.
Ces divulgations vont-elles être camouflées ?
Dès 2016 en France, des articles ont relevé l’existence de paiements par Lafarge de commissions à Daech, participant ainsi au financement de l’organisation terroriste.
D’après la presse française, en plus de payer des commissions à Daech pour pouvoir poursuivre les activités de l’usine de ciment de Jalabiya en Syrie, Lafarge s’est également fournie en matériels et carburants auprès de l’organisation terroriste.
Le cimentier Lafarge a reconnu, en 2017, avoir payer des taxes aux différents groupes armés en Syrie pour pouvoir garder son usine ouverte, mais a catégoriquement rejeté les accusations « de complicité de crimes contre l’humanité ».
Huit personnes, dont les principaux cadres dirigeants de Lafarge, ont été mises en examen pour « financement du terrorisme » et « complicité de crimes contre l’humanité ».
En novembre 2019, la Cour d’appel a annulé l’accusation de « complicité de crimes contre l’humanité ». Les parties civiles ont contesté cette décision auprès de la Cour de Cassation. Celle-ci, doit se prononcer, aujourd’hui mardi. Le tribunal ouvrira ou fermera la voie à une poursuite pour « complicité de crimes contre l’humanité » à travers « le financement du terrorisme », conclue l’agence.