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Civilisés
Dix ans avant la prise total du pouvoir des talibans en Afghanistan en 1996, l’URSS avait été leur premier grand adversaire. Mais à l’époque, en 1986, les Américains, ennemis de l’empire soviétique, avaient décidé de s’allier aux islamistes pour contrer l’influence de Moscou sur la région.
Les États-Unis avaient alors armé et entraîné des milliers d’hommes qui, s’ils ont réussi à vaincre les Soviétiques, ont aussi réussi à exporter leur lecture fondamentaliste de l’islam aux quatre coins de la planète. Aujourd’hui, après avoir réussi à vaincre les Américains, les talibans reprennent une fois encore le contrôle du pays après vingt années de guerre.
Le président russe Vladimir Poutine a dit espérer que les talibans se comportent de manière «civilisée» en Afghanistan, afin que les autres pays puissent avoir des relations diplomatiques normales avec Kaboul.
Prenant acte de la situation, il a estimé que «plus vite les talibans entreront dans la famille des peuples civilisés, plus il sera facile de maintenir des contacts, de communiquer avec eux afin de les influencer d’une manière ou d’une autre, de (leur) poser des questions».
Le président russe a prôné à ce titre des «relations civilisées» et le «respect de règles civilisées».
Le précédent régime taliban, jusqu’à sa chute en 2001 après l’intervention américaine à la suite des attentats du 11 septembre, s’est rendu coupable de terribles exactions et d’une politique de répression des femmes qu’il justifiait par la loi islamique.
«La Russie n’a aucun intérêt à une désintégration de l’Afghanistan, si cela arrivait il n’y aurait plus personne à qui parler», a en outre noté le président russe.
S’exprimant lors du Forum économique de l’Est à Vladivostok, en Extrême-Orient russe, Vladimir Poutine a blâmé les États-Unis pour la «catastrophe» en cours en Afghanistan. «Ils ont dépensé 1 500 milliards de dollars et quel est le résultat ? Il n’y en a pas», a-t-il lancé.
Les autorités russes ont adopté ces dernières semaines une attitude assez conciliante à l’égard des talibans, constatant leur victoire, tout en les appelant à un «dialogue national» pour former un gouvernement représentatif. Moscou considère en revanche toujours le groupe comme «terroriste», même si la Russie dialogue depuis des années avec lui.
Les autorités russes sont avant tout inquiètes pour la sécurité des ex-Républiques soviétiques d’Asie centrale, limitrophes de l’Afghanistan, et d’y voir émerger de nouveaux groupes djihadistes inspirés des talibans ou soutenu par eux.
Le Kremlin veut également éviter un afflux régional de réfugiés ainsi qu’un nouvel essor du trafic d’opium et d’héroïne.
Reste à voir quel type de relation s’instaurera entre Kaboul et Moscou dans le futur, ces deux anciens ennemis, si différents, ayant toutefois désormais comme adversaire commun, Washington.
Commentaire par Fouzia Mahmoudi
Le Jour d’Algérie, 06/09/2021