Sahara occidental, Maroc, Suisse, RASD,
par Abdelkrim Zerzouri
La Suisse reconnaît-elle la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental ? A lire de récents titres de la presse marocaine, on croirait que la Suisse a emboîté le pas à l’ex-administration de Donald Trump, mais à y regarder de près, il n’en est rien.
Pure propagande qui cherche à tromper l’opinion. Comment ? En s’accrochant à un arrêt rendu récemment par le Tribunal fédéral suisse, à travers lequel un réfugié sahraoui a été débouté de sa demande contestant la décision des autorités suisses de refuser, lors du renouvellement de son permis de « réfugié », de faire apparaître le «Sahara Occidental» sous la rubrique «nationalité», ces médias ont vite conclu que l’arrêt de cette autorité judiciaire suprême de la Confédération suisse épouse parfaitement la position du gouvernement suisse.
Autant dire une décision de justice aux connotations politiques !? Non, bien sûr, le Tribunal fédéral suisse s’en est tenu au droit et, surtout, à la célèbre et historique réputation de neutralité suisse, utilisée depuis toujours comme moyen d’adapter sa politique de sécurité et sa politique extérieure.
D’une part, il y a lieu de constater que la Suisse a accordé au concerné le statut de réfugié, qui n’est pas aussi facile à obtenir, sauf pour les cas réellement persécutés ou menacés dans leur intégrité physique, ou encore fuyant des conflits sanglants et la famine.
Bien évidemment, les plumes marocaines ont glissé sur cette vérité qui met en exergue les violations par le Maroc des droits humains dans cette région, reconnus de fait par la Suisse en octroyant le titre de réfugié à un ressortissant sahraoui.
En second lieu, dans son arrêt, le Tribunal fédéral suisse vise expressément une conformité avec la position internationale de la Suisse, qui ne reconnaît pas la RASD en tant qu’Etat. Quelle est cette position internationale de la Suisse du dossier du Sahara Occidental ?
Officiellement, la Confédération helvétique, à travers le département fédéral des Affaires étrangères (DFAE), soutient les efforts des Nations unies et le rôle central qu’elles jouent dans le processus concernant la question du Sahara, apportant ainsi son soutien à une solution politique en accord avec le droit international et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, tout en restant convaincue que seule la négociation permettra d’aboutir à une solution politique, juste, durable et mutuellement acceptable.
La Suisse ne reconnaît pas la RASD en tant qu’Etat, mais elle ne reconnaît également aucune souveraineté du Maroc sur ce territoire, considérant que le dossier étant entre les mains des instances onusiennes.
Il n’y a pas, donc, de quoi danser la «Reggada». Il faut noter que même les pays qui reconnaissent la RASD en tant qu’Etat défendent tous le principe d’un règlement du dossier en accord avec le droit international, par le biais d’une médiation onusienne.
La reconnaissance de la RASD en tant qu’Etat ne peut pas être autrement vue qu’un soutien fort et inébranlable à son indépendance. Mais, force est de reconnaître que le dernier mot reviendrait aux représentants du peuple sahraoui et aux Marocains, à l’issue de négociations directes entre eux, sous l’égide de l’ONU.
Le Quotidien d’Oran, 31/08/2021
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