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Quelles sont les intentions réelles du royaume du Maroc à l’égard de l’Espagne?
La plupart des médias et des faiseurs d’opinion, tant en Espagne que dans le reste des pays occidentaux, attribuent les invasions successives qui ont eu lieu à Ceuta et Melilla à la mi-mai, et qui ont fini par être massives le 17 mai et les jours suivants, à l’entrée sur le territoire espagnol du leader du Front Polisario, Braim Ghali, dans l’intention de se faire soigner du COVID-19 dans un hôpital de Logroño.
Mais la réalité est bien différente : le Maroc mène des actions hostiles à l’Espagne depuis longtemps, des années, des lustrums, des décennies, depuis la « marche verte », au cours de laquelle les Marocains ont envahi la province espagnole du Sahara occidental, sur ordre du roi du Maroc de l’époque, Hassan II, qui entendait créer le « Grand Maroc », ce qui impliquait évidemment l’annexion du Sahara espagnol.
Les Marocains ont envahi la province espagnole du Sahara, profitant de la faiblesse du régime politique de l’époque, puisque le général Franco était alors hospitalisé et mourant… Bien sûr, lorsque l’invasion a eu lieu, elle avait l’autorisation des États-Unis et le soutien de la France, la puissance hégémonique de l’époque en Afrique du Nord.
Bien que le régime marocain évoque, de temps à autre, sa volonté de s’approprier Ceuta et Melilla, son véritable objectif est d’annexer le territoire de l’ancienne province espagnole du Sahara. Comme rien n’est accidentel, et que tout a une raison, il y a de très fortes raisons pour les revendications du Maroc sur le Sahara Occidental.
L’une des raisons est la présence de ressources naturelles sur le sol sahraoui : les phosphates, les réserves de pétrole situées entre les îles Canaries et la côte saharienne, et bien sûr les riches zones de pêche. Un autre facteur très important est la présence de minéraux de tellurium et de cobalt près de l’île de fer, ce qui explique que le Maroc ait un intérêt particulier à augmenter la taille de ses eaux territoriales…..
Sans aucun doute, une autre question d’un poids énorme est stratégique : si le Maroc prend définitivement possession de l’ancien Sahara espagnol, il augmenterait considérablement son territoire, se consoliderait comme une puissance africaine de taille moyenne, ou plus que moyenne, avec un grand poids géostratégique, augmenterait sa capacité d’influence, et serait un acteur important dans le maintien de la « stabilité et de la sécurité » dans la région, toujours, bien sûr, avec le soutien des États-Unis… Le Maroc acquerrait une situation plus favorable (stratégiquement parlant) et empêcherait la sortie de l’Algérie vers l’océan Atlantique. L’Algérie est perçue, comme l’Espagne, par le Royaume Alaouite comme son principal rival et ennemi.
L’ancien Sahara espagnol fait partie de la liste, établie par l’ONU en 1963, des 17 territoires dont les habitants n’ont pas d' »État » et n’ont évidemment pas de gouvernement. Il y a de nombreuses résolutions de l’ONU dans lesquelles il est mentionné que le Sahara Occidental est en attente de décolonisation.
C’est en 1991 que les Nations unies décident de créer la « Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental », en abrégé MINURSO, dans le but de pacifier le territoire et de superviser la tenue d’un référendum dans lequel serait soulevé le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, sur la base du recensement effectué par l’Espagne en 1974… Après seize ans de guerre, le Front Polisario signe un accord de paix avec le Maroc en 1991. Depuis lors, le Maroc a pris toutes les mesures possibles pour empêcher la consultation du peuple sahraoui. Dans le même temps, il a eu recours à la « diplomatie » pour vendre au plus grand nombre de pays possible, et surtout aux décideurs les plus puissants du monde, son « droit historique » d’occuper le Sahara Occidental… Il est important de noter que le Sahara Occidental n’a jamais, jamais appartenu au Royaume du Maroc !
Nous ne devons pas non plus oublier que, parallèlement à tout cela, le Maroc a fait pression sur le Royaume d’Espagne, qu’il perçoit (à juste titre) comme une nation faible, par des actions bien connues, afin que notre pays finisse par reconnaître la souveraineté du Royaume alaouite sur le Sahara occidental.
Le Maroc sait très bien qu’à moyen terme, la possibilité de s’approprier Ceuta et Melilla est impossible ; les deux villes sont de facto des frontières de l’Union européenne, c’est pourquoi le Maroc reçoit une énorme quantité d’argent de l’Europe.
Le Maroc, après avoir été en dehors de l’Union africaine pendant des années, y est revenu en 2017 (il en était parti en 1963), et a le soutien de 39 des 54 pays qui composent l’UA. Il est clair que le retour du Maroc au sein de l’UA a été un sérieux revers, une défaite pour la République arabe sahraouie démocratique et son représentant, le Front Polisario. Depuis le retour du Maroc au sein de l’UA, la seule instance internationale qui reconnaît de facto le droit à l’indépendance du peuple sahraoui, le statut international du Polisario a énormément évolué, et il n’est pas improbable que l’UA finisse par inviter les Sahraouis à partir… De temps en temps.
D’autre part, le Maroc entretient une relation privilégiée avec les États-Unis depuis des décennies. Le Maroc achète des armes aux Américains, a cédé une partie de son territoire aux Américains pour qu’ils puissent y installer des bases militaires (Tan Tan, par exemple)… la relation est tellement spéciale que les USA ont fini par reconnaître que le Sahara Occidental est marocain (en violation des résolutions de l’ONU et du droit international), en échange de la reconnaissance d’Israël par le Royaume Alaouite et du rétablissement des relations diplomatiques avec l’Etat hébreu.
La perception du Maroc selon laquelle le Royaume d’Espagne est une nation faible est démontrée par ses actions constantes de harcèlement, son mépris pour le Premier ministre espagnol, ses insultes et provocations continuelles, telles que la fermeture des frontières de Ceuta et Melilla afin d’asphyxier économiquement les deux villes, l’encouragement à l’émigration massive vers les îles Canaries, l’envoi de milliers de Marocains dans des petits bateaux… Enfin, l’invasion de Ceuta par des milliers de Marocains (plus de 10. 10 000 migrants illégaux, dont certains errent encore dans les environs de Ceuta, semant plus que la peur parmi les Ceutans) à la mi-mai de l’année dernière. Nous ne pouvons pas non plus oublier la permissivité et la complicité continues des autorités marocaines dans l’entrée systématique de Subsahariens ou de Nord-Africains, tant à Ceuta qu’à Melilla, malgré les énormes sommes d’argent que les différents gouvernements espagnols successifs ont envoyées au Royaume du Maroc, ou les splendides cadeaux sous la forme de divers équipements militaires ?
Quelle erreur commettent les gouvernements espagnols en pensant que c’est le moyen d’apaiser le principal ennemi de l’Espagne !
Et pendant ce temps, les différents gouvernements espagnols, qui se sont succédé au fil des ans, sifflent et jouent les « Don Tancredo » et n’entreprennent aucune action, ni en ce qui concerne le harcèlement et le chantage permanent auxquels le Maroc nous soumet, sans interruption, ni en ce qui concerne la question du Sahara… Évidemment, la position de l’Espagne ne fait que pousser le Royaume du Maroc à s’enhardir chaque jour un peu plus, et à appliquer ce qu’un certain Sun Tzu disait dans L’art de la guerre : frappez votre ennemi durement lorsque vous percevez qu’il est faible.
Un autre facteur non négligeable et énormément décisif est que, depuis que la coalition des socialistes et des communistes (soutenue par les séparatistes et les partisans de l’ETA) est au pouvoir en Espagne, les États-Unis ont clairement opté, ouvertement, pour l’allié qu’ils perçoivent comme le plus stable et le plus solide, et celui qui leur offre les plus grands niveaux de sécurité d’un point de vue géostratégique, dans des zones aussi importantes que l’Afrique du Nord et le détroit de Gibraltar ; Il est clair que la troupe d’irresponsables qui gouverne mal l’Espagne ne leur offre aucune confiance, seulement de l’incertitude, et encore plus si l’on ajoute que le gouvernement social-communiste dépend et est constamment soumis au chantage de groupes politiques dont l’objectif est de détruire la nation espagnole, de menacer constamment la stabilité de son propre État et, ce faisant, de devenir un grave danger pour l’OTAN, dont, ne l’oublions pas, l’Espagne est membre.
La preuve sans équivoque que les États-Unis se sont clairement rangés du côté du Maroc, au détriment de l’Espagne, est qu’en juin dernier, des exercices militaires appelés African Lion 21 ont eu lieu en territoire sahraoui, auxquels ont participé plusieurs pays européens, ainsi que les Américains et les Marocains, et auxquels l’Espagne n’a pas été invitée. Bien sûr, en plus d’un soutien clair et net au Royaume alaouite (qui est en guerre ouverte avec le Front Polisario en territoire sahraoui depuis novembre 2020), c’est aussi un mépris total pour l’Espagne, qui était jusqu’à présent considérée comme un allié des USA… Les dégâts, la détérioration que le gouvernement socialo-communiste est en train de causer à nos relations avec les USA, qu’il devrait traiter avec précaution, sont absolument incroyables… Et, à ce stade, il y a encore ceux qui s’étonnent que l’actuel président des USA ne veuille même pas voir Pedro Sánchez.
J’ai affirmé à de nombreuses reprises que le Maroc n’est pas l’ami de l’Espagne, qu’il est son principal ennemi (tout comme nous sommes l’ennemi à abattre pour les Marocains). J’ai également déclaré, et je continuerai à le faire, que l’Espagne et les Espagnols ont une énorme responsabilité dans la question du Sahara, que nous avons une énorme dette historique envers ceux qui, jusqu’à très récemment (il y a quelques décennies), étaient nos compatriotes.
Ne doutez pas que je continuerai à vous rappeler, en rafraîchissant la mémoire de ceux qui veulent oublier que l’Espagne n’a pas réalisé la décolonisation à laquelle elle s’était engagée et qu’elle n’aurait jamais dû laisser nos frères sahraouis devant les chars marocains….. nous ne pouvons pas permettre qu’une telle injustice soit oubliée, nous ne pouvons pas permettre que les Sahraouis continuent à subir le mépris, le pillage et la spoliation, et rester les bras croisés, nous ne pouvons pas permettre que le peuple sahraoui disparaisse et se retrouve dans un génocide complet.
Et, une fois de plus, je suis obligé de répéter que le Sahara occidental (bien que beaucoup d’Espagnols l’ignorent) est un pays arabe très particulier, hispanophone, fortement européanisé, à peine islamisé, qui pourrait être une charnière entre le monde hispanique et le monde arabe, puisque, bien que cela puisse paraître autrement, l’Espagne n’a guère, voire pas du tout, d’interlocuteurs dans le monde arabe. Mais, bien sûr, pour que cela devienne une réalité, il faudrait que la République arabe sahraouie soit libre et indépendante… C’est pourquoi le Front Polisario a repris la lutte armée à la fin de 2020.
Les Marocains qui sautent les frontières de Ceuta et Melilla ne sont que des béliers, des fers de lance, des prétextes, des boucliers humains qui permettent au Maroc d’avancer. Même si certains d’entre eux sont des personnes qui veulent une vie meilleure.
Sans aucun doute, le moment est venu pour le Royaume d’Espagne de commencer à reconsidérer ses alliances, sa politique étrangère, de cesser de faire des cadeaux au Royaume du Maroc (dans le vain espoir de calmer son désir d’expansionnisme et sa colère) et de commencer à appliquer le dicton « l’ennemi de mon ennemi est mon ami » et, étant donné que le principal ennemi du Royaume du Maroc est actuellement le Front Polisario, que l’Espagne cesse de soutenir le peuple sahraoui et commence à soutenir le peuple sahraoui, commence à soutenir le peuple sahraoui ; L’Espagne devrait soutenir les Sahraouis au-delà de faire venir leurs enfants et leurs jeunes dans notre pays pour les vacances et de les retirer temporairement des camps de réfugiés à la frontière avec l’Algérie… et que dorénavant les Sahraouis deviennent les nouveaux bénéficiaires des dons que le Royaume du Maroc reçoit maintenant.
Mais plus encore, l’Espagne a besoin que la République arabe sahraouie soit un État crédible, solide et indépendant, afin que l’Afrique du Nord retrouve la stabilité et l’équilibre qui lui font actuellement défaut, un État qui puisse servir de frein au djihadisme, à l’avancée du terrorisme islamique. À cette fin, le gouvernement espagnol devrait proposer de toute urgence dans les forums internationaux, tels que l’ONU, la reprise des négociations entre le Maroc et le Front Polisario, afin de parvenir à un cessez-le-feu imminent, et la reprise de la décolonisation complète, pour laquelle il est essentiel que les Sahraouis décident du futur statut du territoire par le biais d’un référendum.
Et une autre question essentielle : les autorités espagnoles devraient lancer une campagne d’information nationale et internationale, dans laquelle les différentes résolutions de l’ONU sur le Sahara Occidental, les engagements internationaux pris par le Maroc (et systématiquement violés et boycottés), ainsi que la responsabilité du peuple espagnol envers le peuple sahraoui, sont clairement énoncés.
El Confidencial digital, 30/08/2021