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par Slimane Laouari
Les Talibans reprennent le pouvoir en Afghanistan. En dehors de Daesh qui vient de l’exprimer à sa manière et avec ses moyens, il ne doit pas y avoir beaucoup d’entités politiques à exprimer aussi clairement et avec autant d’ostentation leur… bonheur que les islamistes algériens. Ce qui est « bien »— en tout cas accommodant — chez les islamistes, avec mention spéciale pour ceux d’Algérie, c’est qu’ils manquent rarement de cohérence.
Quand il s’agit de s’exprimer sur les questions fondamentales, ils sont ainsi… sans surprise. Pas seulement s’exprimer mais aussi agir en conséquence quand ils ont la logistique opérationnelle, les troupes suffisantes et une conjoncture nationale, régionale ou internationale favorable.
L’un impliquant l’autre, ils ne vous laissent, par contre, aucune illusion sur le sens de leurs sporadiques accès de tiédeur et sur les raisons qui les ont motivés. Ils peuvent faire le dos rond et conclure quelques alliances de conjoncture qui ne devraient pas leur ressembler. Mais ils n’omettent jamais de faire savoir à leurs adversaires que ceci n’est pas bien sérieux.
Quant à leurs ouailles et leurs vrais alliés, ils les rassurent : dans le pire des cas, c’est une épreuve à passer. Dans le meilleur, c’est une autre ruse qui conforte leur entrisme, depuis un temps consacré comme modus operandi politique.
Ainsi, non seulement ils ne cèdent rien sur l’essentiel mais entretiennent en même temps l’illusion qu’ils peuvent s’inscrire dans les idées que tout le monde leur dénie, du moins leur conteste. Parmi ces idées, il y a la plus importante : l’engagement à respecter le jeu démocratique.
Mais les islamistes, il faudra peut-être les remercier pour ça, ne vous laissent jamais le temps de vous enflammer : ils sont démocrates mais… dans la foulée, ils veulent appliquer la Charia !
À leur décharge également, il y a beaucoup de monde à les aider pour ce faire en Algérie. Le système politique avec tous ses régimes a souvent empêché leur arrivée au pouvoir plutôt que combattu leur projet, l’opposition démocrate leur trouve cycliquement des vertus et la société a fini par se ranger à leur gestion de la vie publique qui leur a été entièrement livrée pour usufruitier dans un deal tacite avec les gouvernants.
En l’occurrence, il faut avouer qu’ils n’ont pas d’alliés mais souvent des… ralliés, sans jamais rien demander à personne. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant de les voir engagés dans la surenchère démocratique, évoquer les droits humains comme leur combat et… dénoncer la violence comme moyen d’action politique, de conquête du pouvoir et de gestion de la Cité.
Et comme toujours, ils vous obligent tout de suite à l’apnée. Vous n’avez pas le temps de souffler et les voilà heureux de voir les… Talibans revenir aux affaires !
Tout le monde a vu comment les Afghans sont aussi heureux. Tellement heureux que, terrorisés à l’idée de voir s’installer le nouveau pouvoir, ils l’ont fait savoir en s’accrochant aux ailes des avions comme des naufragés tentant d’attraper une bouée dérisoire.
Le Soir d’Algérie, 29/08/2021
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