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Par Mohamed Habili
A considérer l’état végétatif dans lequel se trouvent depuis longtemps les relations entre l’Algérie et le Maroc, on se demande à quoi peut bien conduire leur révision, annoncée par le président Tebboune à l’issue de la dernière réunion du Haut Conseil de sécurité, autrement qu’à leur rupture pure et simple.
Ce serait pourtant s’exposer au démenti de la part de la réalité que de se hâter de tirer pareille conclusion, cela dans la certitude qu’elle est inéluctable, après les dernières provocations du Maroc, une première fois en appelant à l’autodétermination de la Kabylie, une deuxième en laissant le ministre israélien des Affaires étrangères proférer à partir de son territoire des menaces à l’adresse de l’Algérie.
Un seul de ces actes d’hostilité, comme les a qualifiés Alger, aurait suffi à réduire à néant des relations diplomatiques déjà à l’agonie, se bornant à assurer le service minimum entre voisins, et sans qu’il soit d’ailleurs possible de dire lequel est le plus intolérable. L’un n’a pas encore épuisé tous ses effets que le deuxième survient. Il n’empêche, ce serait une erreur de les mettre sur le même plan. Ils n’ont ni la même signification ni la même portée.
S’il est possible de voir dans la sortie du représentant marocain à l’ONU relative à la Kabylie un contre-feu aussi insensé que pitoyable, destinée vainement à faire pièce à la position de l’Algérie en faveur de l’autodétermination du Sahara occidental, on ne peut en revanche trouver une excuse du même genre dans les menaces à peine voilées du ministre des Affaires étrangères d’un Etat de surcroît non reconnu par l’Algérie.
Le Maroc ne peut être pris au sérieux pour ce qui concerne la Kabylie, partie intégrante de l’Algérie sans contestation possible, sinon de la part d’une organisation terroriste dont les jours sont maintenant comptés. Ce qui par contre n’a rien d’anodin, ce sont les menaces israéliennes, moins d’ailleurs en elles-mêmes que parce qu’elles ont été faites à partir du Maroc, dont le monarque venait à peine de dire que son pays ne pouvait vouloir du mal à l’Algérie, eu égard à la communauté de destin des deux peuples ; ce qui est nuisible à l’un finissant fatalement par se transmettre à l’autre, avait-t-il souligné à ce moment.
Là n’est pourtant pas le plus significatif. Si lors de son premier voyage au Maroc, le ministre israélien avait seulement tenu à se montrer plein de complaisance pour ses hôtes, en prenant position pour eux contre les méchants algériens, ce n’aurait été que demi-mal. Il savait comment faire plaisir aux Marocains, alors il l’a fait, d’autant qu’il n’avait rien à perdre avec les Algériens, qui eux ne veulent rien avoir à faire avec son pays. Et qui militent au grand jour auprès des Etats africains pour ne pas avoir à subir sa présence en tant qu’observateur dans les instances de l’Union africaine.
Le problème, c’est que ses déclarations, loin de surprendre les Algériens, les ont au contraire confortés dans le sentiment que le Maroc tramait bien quelque chose de particulièrement dangereux contre eux. S’ils avaient été surpris, deux années plus tôt, lorsque le Maroc avait de but en blanc rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran, sous le prétexte que celui-ci assistait militairement le Polisario, ils ne l’ont pas été cette fois-ci.
Ce premier coup-là, personne ne l’attendait du reste, ni les Algériens, ni les Sahraouis, ni les Iraniens, qui d’abord avaient cru à une mauvaise plaisanterie. N’ayant rien à se reprocher vis-à-vis du Maroc, ils ne comprenaient pas de sa part un geste d’une telle extrémité. On sait maintenant à quelle logique de guerre israélienne cette rupture répondait.
Le Jour d’Algérie, 21/08/2021