L’Algérie, se dirige-t-elle vers la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe ?

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Algérie/Maroc : Qui en pâtira le plus du non renouvellement du gazoduc Maghreb-Europe ?
Par Ouramdane Mehenni
Les relations entre l’Algérie et le Maroc se compliquent de plus en plus, malgré la main tendue du roi Mohammed VI. Un réchauffement des relations avec le royaume chérifien s’éloigne.
Après la crise diplomatique qui s’est exacerbée ces dernières semaines, une autre crise pourrait surgir. Cette fois, elle sera énergétique et c’est le voisin de l’Ouest qui risque d’en pâtir le plus.
Il s’agit du renouvellement du contrat de passage du gazoduc Maghreb-Europe, reliant l’Algérie à l’Espagne. Le contrat devant arriver à terme en octobre prochain. Jeudi dernier, le Maroc a clarifié sa position en se disant favorable au maintien du gazoduc Maghreb – Europe, mais le gouvernement algérien n’a pas encore tranché.
« La volonté du Maroc de maintenir cette voie d’exportation a été clairement affirmée de manière constante, à tous les niveaux, depuis plus de trois ans », a déclaré jeudi à Maroc le Jour, le quotidien francophone de l’Agence marocaine de presse (MAP), la Directrice générale de l’Office national des hydrocarbures et des mines, Amina Benkhadra.
Par cette déclaration, Mme Benkhadra a mis fin à plusieurs mois de suspense quant au renouvellement par le Maroc du gazoduc, considéré du côté algérien comme un pas vers l’édification du Grand Maghreb, et du côté marocain comme une arme diplomatique qu’il brandit au nez de ses adversaires l’Algérie et l’Espagne.
Cette déclaration intervient dans un contexte marqué par un imbroglio diplomatique suite aux déclarations du ministre israélien des affaires étrangères Yaïr Lapid, à Rabat, où il a évoqué avec son homologue marocain Nasser Bourita, les inquiétudes de son pays au sujet du rôle de l’Algérie en Afrique, et par le rappel de l’Algérie de son ambassadeur à Rabat pour consultation à la suite du soutien marocain à un prétendu droit du peuple Kabyle à l’autodétermination.
L’Algérie a pris ses dispositions
Quoi qu’il en soit, l’Algérie semble avoir anticipé une position défavorable de la part du Maroc quant au renouvellement du gazoduc Maghreb-Europe comme l’atteste l’annonce d’une extension de 2 milliards de mètres cubes/an du gazoduc Medgaz reliant l’Algérie et l’Espagne.
A ce propos, la compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach et son partenaire espagnol dans le gazoduc Medgaz, Naturgy, ont annoncé, le 13 juillet dernier, l’entrée en service au quatrième trimestre 2021 de l’expansion du Medgaz, un gazoduc de 210 km reliant la ville de Beni-Saf à Almeria.
L’accord verra le gazoduc augmenter sa capacité de 2 milliards m3/an, soit une augmentation de 25 %, pour atteindre 10 milliards m3/an à partir du quatrième trimestre.
Le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar a déclaré, le 29 juin dernier, que « même en cas de non renouvellement de ce contrat qui prend fin en octobre prochain, l’Algérie pourra fournir l’Espagne, mais également répondre à une éventuelle demande supplémentaire du marché espagnol sans aucun problème ».
« Nous avons pris toutes les dispositions nécessaires en cas de non renouvellement du contrat d’excellence du gazoduc concerné », a assuré le même responsable qui a affirmé auparavant que « l’Algérie pourra fournir l’Espagne, mais également répondre à une éventuelle demande supplémentaire du marché espagnol sans aucun problème ».
Pour rappel, le gouvernement espagnol a donné, le 4 août dernier, son feu vert et sous conditions à l’OPA partielle lancée par le fonds australien IFM sur le groupe énergétique Naturgy qui détient 49% du gazoduc Medgaz et Sonatrach qui possède 51% depuis mai 2020, suite à l’acquisition des parts de Cepsa). Sonatrach possède par ailleurs 4% des parts de Naturgy.
En se disant favorable au renouvellement du contrat du gazoduc Maghreb-Europe, le Maroc semble avoir compris que l’Algérie et l’Espagne ne comptent pas trop sur ce gazoduc qui traverse le territoire marocain.
Et bien évidemment c’est le Maroc qui en pâtirait le plus si l’Algérie venait à ne pas renouveler le contrat, puisque le Maroc touche des « royalties » du passage du gazoduc et bénéficie également de quantités de gaz.
Algérie Eco, 22/08/2021
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