Le sionisme en Afrique

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Chaabane BENSACI

En annonçant l’entité sioniste comme membre observateur de l’Union africaine (UA), le président de la Commission, le Tchadien Moussa Mahamat Faki, pensait qu’il n’y aurait aucune réaction, sinon quelques protestations de pure forme.

Fraîchement réélu pour un second et dernier mandat à la tête de la Commission, il ne lui restait qu’à tenter le diable, chose qu’il ne pouvait se permettre au cours du premier mandat.

Sa décision ne risquait pas de heurter grand monde parmi les 54 pays de l’organisation car près d’une trentaine entretiennent des relations diplomatiques avec l’Etat hébreu. Si la chose est connue pour le Maroc, la Mauritanie, le Tchad ou l’Egypte, elle n’en existe pas moins pour la RDC, l’Ethiopie, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, l’Ouganda, le Mozambique, le Ghana et d’autres.

Lors d’une tournée, en 2017, le Premier ministre israélien Netanyahu avait confirmé la géostratégie sioniste de conquête du continent, depuis N’Djamena, Addis-Abeba et…Entebbe. A cela, une raison toute simple. Dès les années soixante, les dirigeants israéliens ont pris acte du soutien franc et massif de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), ancêtre de l’UA, à la cause palestinienne et ils se sont jurés d’y mettre fin, aussi bien en Afrique que…dans le Monde arabe!

Un pari qui pouvait paraître insensé mais dont on voit, aujourd’hui, qu’il a bénéficié d’une mobilisation dont la puissance va au-delà des moyens de l’entité sioniste, à elle seule.

Des multinationales, dirigées par des membres influents du lobby sioniste international, sont présentes au Nigeria, en RDC, en Ethiopie, au Rwanda.

La toile est si vaste et si enracinée que les prétentions de l’Etat hébreu sont banalisées et l’initiative de Moussa Faki en découle, fatalement. Mais ils n’ont pas prévu la riposte, immédiate et forte, de l’Algérie, avec une diplomatie résurgente, et le mouvement déclenché pour barrer la route à une forfaiture dont l’UA n’a nul besoin.

Reste que l’expansionnisme israélien est si réel qu’il va falloir tenir compte du fait que des pays dont l’indépendance doit beaucoup à l’Algérie, le Mozambique et l’Angola, par exemple, sont, eux aussi, affectés par la normalisation. De plus, l’ambition israélienne est portée par les puissances occidentales. D’où l’argument de Moussa Faki qui justifie une décision, relevant de sa «totale compétence et d’aucune mesure préalable de procédure quelconque», par le fait qu’elle obéit au «rétablissement des relations diplomatiques par une majorité supérieure aux deux tiers des Etats membres de l’UA, et à la demande expresse d’un bon nombre de ceux-ci» au profit de l’entité sioniste. CQFD.

L’Expression, 12/08/2021

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