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Un jeune marocain est mort après s’être immolé par le feu en protestation à la saisie de sa charrette par des agents dans la petite ville de Sidi bennour, près de Casablanca.
Selon son frère, Yassine Lekhmidi, 25 ans, s’était immolé par le feu le 28 juillet pour protester contre la saisie «injuste» de sa charrette mais également parce qu’«il nous a confié avoir subi de violences de la part des autorités». Sa mort a déclenche une vague de manifestations et d’indignation similaire à un moment où la situation s’aggrave de plus en plus, notamment en raison de la pandémie. Une situation qui cuve tous les éléments qui ont déclenché les révolutions en Tunisie et en Égypte il y a une dizaine d’années. Les revendications des jeunes Marocains qui en sont à l’origine sont très similaires
D’abord, la température. La population marocaine est tout aussi jeune (près d’un tiers du total sont des jeunes entre 15 et 29 ans) et souffre d’un taux de chômage tout aussi massif. En effet, au Maroc, les jeunes représentent 82 % du chômage total (contre 56 % et 73 % en Tunisie et en Égypte, respectivement). Et comme dans les deux autres pays, le chômage frappe les jeunes ayant suivi un enseignement secondaire (plus de la moitié d’entre eux, 58%, sont au chômage).
Aux données objectives montrant le coût élevé de la vie au Maroc s’ajoutent des perceptions subjectives : selon le dernier clessement global de l’indice de prospérité (the legatum prosperity index), publié récemment par l’institut britannique legatum, le Maroc occupe la 96ème place sur 167 pays. Il semble que la croissance économique de ces dernières années ne se soit pas répercutée sur les jeunes : alors que le secteur public est déjà hypertrophié et n’absorbe pas davantage d’emplois, le secteur privé n’a pas la capacité d’offrir un débouché aux jeunes instruits qui entrent sur le marché du travail. Et selon les données disponibles, ces jeunes ont le même niveau d’accès à l’internet que leurs homologues tunisiens et égyptiens. Donc, la sécheresse de l’air.
En plus de l’absence d’attentes, la corruption ajoute de l’eau au moulin du mécontentement. Si tous les indicateurs internationaux placent déjà le Maroc dans une position préoccupante (pire encore que la Tunisie), les télégrammes de l’ambassade américaine à Rabat divulgués par Wikileaks montrent à quel point la corruption est répandue et se pratique en toute impunité car le monarque, la maison royale et son entourage en sont les principaux agents.
Selon le magazine Forbes, les entreprises de Mohammed VI dans les domaines de la banque, de l’assurance, de l’immobilier, des télécommunications, de l’exploitation minière et de l’agriculture ont fait de lui le septième monarque le plus riche du monde, avec une fortune personnelle estimée à 8 milliards de dollars. Que l’autoproclamé « roi des pauvres » ait réussi à doubler sa richesse dans un contexte de crise économique mondiale est un honneur douteux. Mais si cela se produit également dans un pays où le PIB par habitant est de 4 773 dollars (nettement inférieur à celui de l’Égypte et de la Tunisie), où le taux d’analphabétisme est de 40 % et où un tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, un tel niveau de cupidité est une folie qui sape indubitablement la légitimité et la stabilité du régime. Il est vrai que ses alliés occidentaux veillent à son image de façade, mais, le dernier scandale d’espionnage via le logiciel israélien Pegasus reflète à quel point les Marocains jouissent d’une liberté très limitée et surveillée.
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