Joseph Breham, avocat français, le suggère quasi ouvertement : « Rabat fait chanter nombre de hauts responsables hexagonaux»
Pour cet homme de loi hexagonal, qui connaît mieux que personne la complexité des relations quasi-incestueuses qui lient très étroitement le Makhzen à la plupart des hauts responsables français depuis De Gaulle jusqu’à Macron en passant par Chirac, Mitterrand et les autres, les non-dits sont autrement plus parlants et explicites que tous les mots et discours du monde.
Cet avocat, qui a eu à défendre Naâma Asfari militant sahraoui arbitrairement condamné dans les incidents de Gdeim, et sauvagement torturé par les services de sécurité marocains Izik, un royaume comme le Maroc ne s’encombre d’aucun scrupule quand il s’git de ses intérêts étroits.
Rabat, avec ses gros rangers, semble agir sous la protection d’un blanc-seing lui assurant une totale impunité et protection franco-sioniste en dépit de son usage « immodéré « du logiciel Pegasus. Rabat, en effet, en acquérant ce logiciel pour la bagatelle de 10 millions de dollars auprès de ses alliés et complices sionistes, n’a pas hésité à mettre les pieds dans le plat, et à franchir le Rubicon.
Des milliers de numéros de téléphones dont les détenteurs ne sont pas des citoyens lambda, ont découvert abasourdis que leurs vies et leur intimité avaient été violées depuis des mois, ou peut-être des années par les barbouzes d’Abdellatif Hammouchi, chef des services de renseignement et de sécurité marocains.
Pour la petite histoire, je fais peut-être partie des personnes ciblées pour avoir entretenu des contacts étroits et quasi quotidiens avec Claude Mangin et Oubi Bouchraya, formellement identifiés parmi les victimes de ce terrible logiciel.
Une fois fermée cette parenthèse, Joseph Breham suggère plus qu’il ne le dit, que la France officielle, à commencer par delle de Macron, est soigneusement « muselée « par le Maroc.
Or, comment Rabat aurait-elle pu obtenir cela alors que sa position est des plus inconfortables qui soit depuis l’éclatement de ce scandale désormais planétaire, et que Paris, en revanche, était censée jouer sur du velours ? La réponse en est toute simple. Le Maroc, déjà adepte de la corruption et du trafic de drogue, donne l’air de ne pas dédaigner non plus toutes les formes de chantages que l’on pourrait imaginer ou soupçonner.
Chronique d’une «mamounisation » annoncée. Et dénoncée aussi…
S’il n’a pas hésité à espionner le président français lui-même, ainsi qu’une palette impressionnante de journalistes et de défenseurs des droits de l’Homme, c’est qu’il devait être sûr de son fait, et que ce scandale ne dépasserait pas le simple stade d’une tempête dans un verre d’eau.
« La position de la France est déplorable mais pas étonnante. Elle est parfaitement en phase avec l’agenouillement français dans le cadre des relations avec le Maroc. Sous Hassan II et à partir de François Mitterrand, il y a eu globalement une politique pensée et organisée par le Maroc pour créer de bonnes relations avec la France ».
C’est ce qu’assène cet avocat en parfaite connaissance de cause. Cela sans oubli que cette prise de contrôle discrète n’a sans doute été rendue possible que grâce au concours de cette armée d’agents sionistes qui infestent le palais royal marocain.
L’avocat évoque à ce propos la « mamounisation» du personnel politique français.
Entendre par là corrompre celui-ci par des privilèges indus, des séjours touristiques dans des sites idylliques, de la monnaie sonnante et trébuchante, u carrément des plaisirs sexuels dont seul le Maroc détient le secret : « Cette stratégie s’est mise en place à plusieurs niveaux.
La politique, ce que l’on a appelé la « mamouniasation» de la classe politique française [en référence à La Mamounia, mythique hôtel de luxe de Marrakech qui voit défiler des personnalités politiques françaises], de ses décideurs ou de chefs d’entreprise, consiste à les inviter, leur offrir des cadeaux voire assurer un financement de la vie politique française à un niveau assez conséquent ».
Le terme « assez conséquent», n’est qu’un euphémisme quant on se penche sur la frilosité et le silence gêné de l’Elysée par rapport à ce scandale qui, gageons-le, n’en est encore qu’à ses débuts.
Il s’agissait de créer un mélange de liens institutionnels très forts et de liens personnels, voire de compromission, avec un certain nombre de membres de la classe dirigeante française.
La politique de la « mamouniasation « s’est élargie à différentes personnalités du monde des arts, des lettres, du cinéma… Sous Jacques Chirac, cela a commencé à porter ses fruits et s’est perpétué avec tous les présidents suivants ».
Cette « mamounisation « du personnel politique et décisionnel français ne va évidemment pas sans que des affaires compromettantes ne soients retenues contre les concernés.
Discret et efficace, le procédé a en quelque sorte été percé à jour avec l’assourdissant silence élyséen en dépit e l’énormité du scandale Pegasus. Ahurissant, et inquiétant à la fois.
L’affaire Abdellatif Hammouchi, que nous avons souvent évoquée dans de précédents articles suffit à étayer de pareils soupçons.
« Je peux parler d’un exemple tiré de mon expérience d’avocat. En 2014, au nom d’un certain nombre de clients dont Claude Mangin et Nâama Asfari, nous déposons des plaintes pour torture contre différentes personnes dont Abdellatif Hammouchi, directeur de la DGSN [Direction générale de la sûreté nationale, la police marocaine]. Dans le cadre de ces plaintes, j’indique à la juge d’instruction que M. Hammouchi, qui se trouve alors en France, va être interviewé dans les heures qui suivent à Neuilly-sur-Seine, par des journalistes. En temps normal, nous ne sommes jamais informés de la venue de M. Hammouchi sur le sol français. Il se déplace sous de faux noms. Je demande à la juge de saisir l’occasion pour l’interroger. Elle envoie alors une convocation à l’intéressé pour l’entendre dans le cadre des plaintes en question. Non seulement Abdellatif Hammouchi ne viendra pas, mais le Maroc fera un énorme scandale à ce sujet. Les amis français du Maroc entrent dans la danse. Le Maroc suspend la convention judiciaire bilatérale avec la France ».
On sait que Paris a, par la suite, fini par s’aplatir face à Rabat, un peu de la même manière qu’elle le fait dans ce grand et grave scandale. « Il s’agit selon moi d’un point fondamental. L’État marocain exercerait une pression sur un certain nombre de décideurs français ».
Et d’ajouter plus loin : « c’est la méthode du kompromat [faire chanter ses ennemis avec des informations compromettantes]. Quand on détient le téléphone portable de quelqu’un, on sait tout de cette personne.
Quand une personnalité loue une villa à Marrakech, vous savez si elle vient avec des amis jeunes ou non, si elle a perçu de l’argent ou non, etc. Inutile d’en dire plus sans doute les faits sont assez parlants et accablants d’eux-mêmes.
Mohamed Abdoun
La Patrie News, 07/08/2021
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