La Tunisie est en mesure de surmonter les obstacles grâce à la volonté de son peuple et à l’appui des pays frères et amis, lequel (appui) permettra au pays de combler les déséquilibres financiers et honorer ses engagements financiers internes et externes, a déclaré, dimanche, le président tunisien, Kaïs Saïed lors d’un entretien avec le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane El Abassi.
«Je vais annoncer au moment approprié la position historique d’un nombre de pays frères et amis en cette conjoncture historique par laquelle passe le pays notamment leur appui dans le domaine économique», a indiqué Saïed lors de l’entretien, rappelant que les coffres de l’Etat ont été vidés.
Selon une vidéo postée par la présidence de la République tunisienne sur sa page officielle, le chef de l’Etat a indiqué que «cette guerre sera remportée sans balle ni effusion de sang, mais par la loi fondée sur la justice et la liberté».
Le président Saïed a également assuré qu’il n’y aura aucun retour sur les droits et les libertés, notant qu’il «respecte la loi qui exprime la volonté générale du peuple, pas les alliances».
«J’ai choisi d’être au côté du peuple afin de préserver l’unité de l’Etat et de le protéger contre la corruption qui le rongeait», a affirmé Saïed, louant l’élan spontané de solidarité entre le peuple.
Toutefois, l’inquiétude règne, en Tunisie, après l’arrestation de plusieurs députés ainsi que la vacance du poste de Premier ministre depuis que le Président s’est octroyé les pleins pouvoirs le 25 juillet et a suspendu le Parlement, en affirmant vouloir «sauver» ce petit pays du Maghreb, rongé par des mois de blocages politiques et un nouveau pic meurtrier de Covid-19 – la Tunisie enregistre l’un des pires taux de mortalité officiels du monde.
En instaurant ce régime d’exception, dénoncé par ses adversaires du parti Ennahdha comme un «coup d’Etat», Saïed a également levé l’immunité parlementaire des députés. Dans ce contexte, plusieurs arrestations ont fait polémique ces trois derniers jours. Deux députés du mouvement islamo-nationaliste Al-Karama, un parti ultraconservateur allié d’Ennahdha, ont été arrêtés dans la nuit de samedi à dimanche.
Maher Zid et Mohamed Affes sont en détention provisoire dans le cadre d’une «enquête de la justice militaire», a expliqué sur Facebook le chef d’Al-Karama, Seifeddine Makhlouf. Selon cet avocat très hostile au président Saïed, les deux députés et lui-même sont poursuivis dans une affaire liée à une altercation survenue en mars à l’aéroport de Tunis. Ils sont soupçonnés d’avoir insulté des agents de la police des frontières qui avaient interdit à une femme de voyager. Al-Karama compte parmi les partis qui dénoncent un «coup d’Etat» de la part du président Saïed.
Vendredi dernier, un député indépendant, Yassine Ayari, qui dénonçait aussi un «coup d’Etat militaire», a été arrêté en application d’une condamnation à deux mois de prison, prononcée fin 2018, pour avoir critiqué l’armée, selon la justice militaire tunisienne. Son incarcération a suscité l’inquiétude d’ONG comme Human Rights Watch et Amnesty International.
Face à ces arrestations, le parti Harak de l’ex-président de la République Moncef Marzouki a fait part dans un communiqué de sa «profonde inquiétude». Cette formation, qui n’est pas alliée à Ennahdha à l’Assemblée, a condamné un «glissement vers le règlement de compte politique et la répression des libertés, au contraire des assurances données par le chef de l’Etat».
Horizons, 02/08/2021
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