Rachida Dati accusée de corruption dans l’affaire Ghosn

Une ex-ministre français accusée de corruption dans l’affaire Ghosn

Le service de répression de la délinquance financière français a annoncé mardi 27 juillet qu’il avait mis en examen Rachida Dati, ancienne ministre et proche alliée de l’ex-président Nicolas Sarkozy, dans le cadre de ses relations avec l’ancien dirigeant de Renault Carlos Ghosn.

Elle est accusée à la fois de « corruption passive par une personne investie d’un mandat électif » et de « bénéfice d’un abus de pouvoir » en relation avec le travail de conseil qu’elle a effectué pour Ghosn de 2010 à 2012, alors qu’elle était également députée au Parlement européen.

Selon une source proche de l’enquête, Mme Dati a reçu 900 000 euros d’honoraires d’avocat au cours de cette période.

L’enquête cherche à déterminer s’il s’agit uniquement d’un travail juridique ou si elle s’est livrée à des activités de lobbying, ce qui serait illégal pour les législateurs européens.

Selon le journal Le Monde, le contrat de Mme Dati l’engageait à contribuer à l’expansion internationale de Renault, notamment au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Dati a demandé que ce travail reste strictement confidentiel, selon Le Monde.

Mme Dati, qui est aujourd’hui maire du 7e arrondissement de Paris pour le parti de droite Les Républicains (LR) et parfois présentée comme une future candidate à la présidence, a été ministre de la Justice dans le gouvernement de M. Sarkozy entre 2007 et 2009 et a également été la porte-parole de sa campagne électorale.

Depuis l’été 2019, trois juges enquêtaient sur des contrats conclus par la filiale néerlandaise de Renault Nissan lorsque Ghosn était directeur général du groupe.

Dati a été interrogé dans le cadre de cette affaire pendant 16 heures en novembre, mais n’a pas été formellement mis en examen, bénéficiant au contraire du statut de témoin assisté.

Au début du mois, cependant, les magistrats instructeurs l’ont à nouveau interrogée et ont prononcé la mise en examen.

Dati, combative, a déclaré qu’elle allait se défendre, ajoutant : « Le système judiciaire est utilisé pour un motif politique ultérieur ».

Elle a déclaré que le constructeur automobile n’était « ni le plaignant ni une victime et qu’aucun fonds public n’était en jeu ».

Ghosn recherché par Interpol

L’équipe de défense de Mme Dati avait toutefois déjà fait valoir qu’aucun de ses revenus n’avait été tenu secret et qu’un délai de prescription de trois ans devait s’appliquer.

Les magistrats de l’unité de lutte contre les crimes financiers n’étaient pas d’accord et ont poursuivi leur affaire qui avait été déclenchée par une plainte en justice d’un actionnaire de Renault.

M. Ghosn, qui a joui pendant des années d’une excellente réputation en tant que cadre supérieur de l’industrie automobile, est tombé en disgrâce en novembre 2018 lorsqu’il a été arrêté au Japon pour des allégations de malversations financières. Il a passé 130 jours en détention avant d’être libéré sous caution et de quitter clandestinement le pays fin 2019.

Recherché par Interpol, Ghosn se trouve désormais au Liban, où il a été interrogé par des magistrats français en tant que témoin.

L’ancien patron de Dati, Sarkozy, a lui-même fait face à une rafale d’enquêtes sur ses affaires depuis qu’il a perdu son immunité présidentielle après son unique mandat de 2007 à 2012.

Le mois dernier, les procureurs ont réclamé une peine de six mois de prison pour l’ancien président dans le cadre de son procès pour violation du financement de sa campagne électorale lors de sa réélection en 2012.

En mars, il est devenu le premier président français de l’après-guerre à être condamné à une peine privative de liberté lorsque les juges l’ont condamné à une peine de trois ans, dont deux ans avec sursis, pour corruption et trafic d’influence à la suite de tentatives d’obtenir les faveurs d’un juge.

Euractiv, 28/07/2021

Etiquettes : Rachida Dati, Carlos Ghosn, Interpol, corruption, Nissan-Renault, corruption,

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