par Abdelkrim Zerzouri
Israël a réalisé un succès diplomatique en retrouvant son statut d’observateur à l’Union africaine (UA). Une autre forme de normalisation des relations diplomatiques avec les pays africains, qui comptent parmi eux de nombreux pays arabes et/ou musulmans ?
Il faut préciser qu’Israël avait ce statut du temps de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), mais il a été perdu après sa dissolution et son remplacement en 2002 par l’Union africaine (UA), certainement suite aux pressions exercées par des dirigeants africains, notamment Maamar Kadhafi qui a usé de tout son pouvoir d’influence pour fermer les portes de l’UA devant l’Etat hébreu. Alors que la Palestine a obtenu ce statut en 2013 sans grande difficulté. Ne s’avouant pas vaincu, Israël a continué à revendiquer son statut perdu, jusqu’à ce jeudi dernier, où son ambassadeur, actuellement en poste à Addis-Abeba, a présenté ses lettres de créance au président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat. « Cela corrige une anomalie qui a perduré pendant près de deux décennies », s’est félicité le ministre israélien des Affaires étrangère Yaïr Lapid dans un communiqué rendu public immédiatement après la présentation des lettres de créance au président de l’UA.
Quelles conséquences pourrait avoir l’entrée d’Israël au sein de l’UA avec ce statut de pays observateur ? En vérité, Israël a conquis beaucoup d’espaces en Afrique, arrivant à entretenir des relations diplomatiques avec 46 des 55 pays de l’Union africaine, même si sur le terrain seulement une dizaine d’ambassades sont ouvertes dans les capitales de ces pays. Maintenant, les responsables israéliens le disent tout haut et avec fierté, grâce à ce relais à Addis-Abeba, Israël aura la possibilité de parler à la totalité des 55 pays membres. Aux 55 pays membres de l’UA ? Il y aura une dizaine de pays, peut-être moins, qui n’accepteraient jamais de parler à un diplomate israélien quel que soit son statut.
L’Algérie défendra à coup sûr sa position sur ce plan, mais cela n’empêche de se rendre à l’évidence, une grande mue s’opère sur le continent africain, où les puissances étrangères se partagent les zones d’influence comme on le faisait du temps du partage des terres au temps du colonialisme. Tout comme l’ont juré les pays arabes qui ont récemment normalisé leurs relations diplomatiques avec Israël, le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, n’a pas manqué de souligner, à propos du conflit israélo-palestinien, son soutien à la solution de deux Etats, « nécessaire à une coexistence pacifique ».
Le Quotidien d’Oran, 25/07/2021
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