Par Mohamed K
Comme attendu, l’Algérie a exprimé sa “profonde préoccupation” suite à l’utilisation par le Maroc du logiciel d’espionnage “Pegasus” contre des responsables et citoyens algériens et condamne “vigoureusement cette inadmissible atteinte systématique aux droits de l’homme et libertés fondamentales”.
Suite aux révélations émanant d’un consortium de nombreux organes de presse de grande renommée professionnelle faisant état de l’utilisation, à large échelle par le régime monarchiste du Maroc, du logiciel d’espionnage israélien “Pegasus” contre des responsables et citoyens algériens, le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a exprimé sa profonde préoccupation en condamnant le procédé qualifié comme une atteinte flagrante aux droits de l’homme.
“L’Algérie condamne vigoureusement cette inadmissible atteinte systématique aux droits de l’homme et libertés fondamentales qui constitue également une violation flagrante des principes et normes régissant les relations internationales”, affirme la même source dans une déclaration diffusée dans la soirée de jeudi. Pour le MAE, “cette pratique illégale, malvenue et dangereuse, met en péril le climat de confiance qui doit présider aux échanges et interactions entre les responsables et représentants des Etats”.
“Etant directement concernée par ces attaques, l’Algérie se réserve le droit de mettre en œuvre sa stratégie de riposte et se tient prête à participer à tout effort international destiné à établir collectivement les faits et à faire la lumière sur la matérialité et l’ampleur de ces crimes qui menacent la paix et la sécurité internationales, ainsi que la sécurité humaine”, souligne le communiqué.
“Toute impunité constituerait un précédent extrêmement dommageable à la conduite de relations amicales et de coopération entre les Etats conformément au droit international”, conclut la même source.
Dans le même registre de riposte, l’ambassadeur d’Algérie en France, Mohamed-Antar Daoud, a déposé plainte pour diffamation contre Reporters Sans Frontières (RSF) qui a accusé l’Algérie d’utiliser le logiciel d’espionnage israélien Pegasus, dans une liste de 180 pays publiée par l’organisation de défense des droits des journalistes dans le monde. L’annonce a été faite par la représentation diplomatique algérienne dans un communiqué ce vendredi à Paris.
« Cette action en justice porte sur l’assertion contenue dans un communiqué publié par RSF le 19 juillet 2021 sur son site web, selon laquelle l’Algérie figure parmi les pays en possession du logiciel Pegasus et qu’elle l’utiliserait pour espionner d’autres parties », a précisé la représentation diplomatique algérienne à Paris.
L’ambassade a qualifié ces « allégations » de « diffamatoires » et de « mensongères », qui sont « inadmissibles » et relèvent de la « manipulation de RSF connue pour son acharnement vis-à-vis de l’Algérie ».
L’Algérie « ne dispose aucunement de ce logiciel et n’a jamais eu à l’utiliser, ni à traiter ou à collaborer, de quelque manière que ce soit, avec les parties détenant cette technologie à des fins d’espionnage visant à porter atteinte à l’honneur et à la réputation d’un pays respectueux de la légalité internationale », a expliqué la représentation diplomatique algérienne.
Ces accusations farfelues du RSF semblent être une tentative de détournement des graves révélations faites par un consortium de presse occidentale sur l’utilisation de ce logiciel par le régime marocain contre des pays voisins et des personnalités politiques, ainsi que des journalistes et des militants des droits de l’homme. Cette organisation se tait étonnamment sur cette affaire, en créant de nouvelles accusations contre des pays et des Etats, dont l’Algérie, ciblés par leurs alliés marocains et israéliens dans cette grosse affaire d’espionnage international et dont on ne connait pas encore en détail ni l’ampleur, ni les ramifications.
Pour rappel, plusieurs personnalités algériennes dont de hauts responsables de l’Etat parmi eux l’ancien président déchu Abdelaziz Bouteflika , le défunt vice-ministre de la défense et chef d’Etat major Ahmed Gaid Salah et le diplomate Abdelaziz Rahabi ont été espionnées par les services de renseignements marocains à travers le logiciel israélien Pegasus.
Les Algériens ciblés par cette opération d’espionnage, on trouve des hauts responsables politiques, mais aussi les militaires, les diplomates, et même les chefs de partis politiques et des chefs d’entreprise, selon une liste révélée récemment le journal français Le Monde.
Ainsi, ce sont plus de 6.000 numéros algériens qui ont été ciblés par le Maroc dans le cadre de cette vaste opération d’espionnage.
Dans cette liste des numéros infectés, on y trouve ceux présumés de Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’ANP décédé en décembre 2019, Ramtane Lamamra, l’actuel chef de la diplomatie algérienne, Abdelkader Messahel, Nourredine Bedoui ainsi que Noureddine Ayadi, qui a occupé successivement les postes de secrétaire général du ministère des Affaires étrangères puis de directeur de cabinet de la Présidence de la République, selon le Monde.
Le royaume chérifien s’est également intéressé à des journalistes et à des personnalités politiques comme Abdelaziz Rahabi et Zoubida Assoul.
Le Maroc a normalisé ses relations diplomatiques avec Israël en décembre dernier, en échange de la reconnaissance par les États-Unis de sa souveraineté sur le Sahara occidental occupé.
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