Algérie : La difficile équation

Une semaine seulement nous sépare de l’Aid el Adha et déjà la fièvre acheteuse s’est emparée des Algériens dont les discussions tournent de plus en plus autour ce sujet avec les deux fameuses questions « il coûte combien ? » et « as-tu acheté ? ». Des questions avec quasiment les mêmes réponses « il est cher » et « non ».

Et oui il est vrai que se payer cette année un mouton relève quelque peu de l’exploit, tellement les prix sont chers. Pêle-mêle, on parle d’une augmentation qui varie entre 10000 et 15000 dinars par rapport aux prix pratiqués la saison dernière. Pour tout dire c’est une autre saignée qui attend les citoyens encore une fois. Après le très éprouvant ramadhan de cette année où les prix ont pris l’ascenseur et mis beaucoup de ménages dans des situations insupportables, voila que ce nouveau sacrifice de l’Aïd vient presque trop vite et appelle à une autre dépense bien conséquente.

Avoir un mouton moyen devra en effet coûter en 4 et 6 millions de centimes. Ce qui est très cher, surtout quand on sait l’abondance des têtes. Mais les commerçants, éleveurs, maquignons et autres se soucient très peu de cette disponibilité, ils n’ont qu’une seule idée : faire les meilleures affaires possibles, car cette période de l’Aïd reste la période la plus importante pour leur business. Donc, il n’est pas question de laisser passer cette opportunité, et pour ce, il faut frapper vite et le plus haut possible.

Et bien sur comme à chaque fois, c’est le pauvre citoyen qui doit payer toutes les incohérences et tous les dépassements d’un marché loin d’être maîtrisé et laissé à la seule logique des spéculateurs qui dictent leur loi et ont mis le secteur du commerce, sous toutes ses facettes, dans leur étau pour en faire ce qu’ils veulent.

Face à cela, l’Etat tente de réagir et pour cela, le ministère de l’Agriculture a ouvert 665 points de vente à travers tout le territoire national pour peser un tant soit peu sur les prix, qui dans ces lieux coûtent entre 30 à 60.000 dinars le mouton. Une initiative salutaire, certes, mais qui ne peut à seule changer le cours des choses, surtout quand on sait que le nombre est insuffisant, d’une part, et que d’autre part, la plupart des Algériens achètent des fermes et des marchés à bestiaux, où là une seule chanson est répétée à l’envie pour expliquer la cherté du mouton cette année « l’aliment du bétail est de plus en plus cher, et cela se répercute sur les prix des moutons ».

La finalité de la chose, c’est qu’encore une fois le citoyen doit faire le douloureux choix d’observer le rituel du sacrifice, ou s’en passer pour ne pas se retrouver endetté pour plusieurs mois. Une bien difficile équation pour les petites bourses.

Par Abdelmadjid Blidi

Ouest Tribune, 14/07/2021

Etiquettes : Algérie, Aïd El Adha, prix du mouton,

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