Par Lilia Aït Akli
Les propriétaires des nouveaux pôles résidentiels de la ville nouvelle de Bouinan, dans la wilaya de Blida, font face à de sérieux inconvénients décourageant la majorité d’entre eux de rejoindre leur nouveau lieu de résidence. Bien que nombre d’entre eux aient attendu plus 20 ans pour obtenir leurs logements, dont la distribution a commencé progressivement en 2018, ils considèrent que ces nouvelles cités dortoirs vont accentuer le mal-vie.
La plupart des logements achevés dans cette nouvelle-ville sont ceux de la formule LPP. En l’espace de trois années, environ 25 000 logements y ont été livrés, dont environ 10 000 pour les souscripteurs de la wilaya de Blida et le reste à ceux d’Alger, qu’ils soient inscrits au programme 2001 et 2002 (AADL 1) ou au programme 2013 (AADL 2). Récemment, des milliers de logements ont été achevés au profit des souscripteurs de la capitale et ont été distribués progressivement. Pour la wilaya de Blida, on espère accélérer le rythme de réalisation dans le pôle résidentiel jouxtant la ville nouvelle dénommée Sidi Sarhan. Les travaux de réalisation en sont à l’aménagement extérieur et du réseau routier, et ce avant la distribution des clefs.
Scolarité de leurs enfants
Lors d’une visite d’inspection, le Jeune Indépendant a visité la nouvelle-ville, dont la construction a commencé en 2015, tout en maintenant le complexe résidentiel et les anciens quartiers de Amrousa, qui est le cœur de cette ville. Il a été fait un constat : un grand pourcentage de ceux qui ont bénéficié d’un logement, jusqu’à 40%, refusent d’y vivre. Les autres bénéficiaires, pour leur part, ont été contraints de déménager vers Bouinan faute de
location. Pour ceux qui possèdent des voitures particulières, le problème du transport peut être surmonté. Le Jeune Indépendant a appris que beaucoup de bénéficiaires préféraient ne pas déménager dans la nouvelle-ville de Bouinan car leurs enfants préfèrent rester sur Alger étudier à proximité de la maison familiale. Les enfants des nouveaux habitants du quartier d’An-Nakhil étudient dans un seul collège, en attendant la livraison d’un nouveau collège à la rentrée scolaire dans le quartier des 3000-Logements, mais la plupart des parents jugent la nouvelle-ville dangereuse et refusent de transférer leurs enfants dans des établissements d’enseignement à plus d’un demi-kilomètre, surtout au vu du phénomène croissant de maltraitance des enfants que l’Algérie a connu ces dernières années.
Le transport : un casse-tête
Les nouveaux habitants de la ville nouvelle de Bouinan ont des difficultés à se déplacer vers leur lieu de travail dans la capitale. En effet, les nouveaux résidents exercent leurs fonctions à Alger et le service des transports vers la capitale est inexistant. Beaucoup de projets ont été inscrits, dont un tramway qui relierait, dans un futur proche, la nouvelle ville au chemin de fer, mais il semble que ça ne soit pas pour demain. Aussi, les locataires AADL demandent qu’on mette à leur disposition des bus ETUSA à destination d’Alger, comme c’est le cas des bus reliant Amroussa à Blida.
Réseau mobile et couverture internet faibles
Parmi les problèmes qui rebutent les gens à résider dans la nouvelle-ville, il y a la faible couverture du réseau de téléphonie mobile. Le Jeune Indépendant a appris que l’opérateur public Djezzy pourrait ne pas renouveler son contrat en installant une antenne dans la zone, et ce en raison d’un différend entre les héritiers au sujet du sol où l’antenne a été plantée, dans le centre d’Amroussa.
Quant à l’autre opérateur public, Mobilis, et bien qu’il ait ouvert une agence commerciale dans le quartier d’An-Nakhil il y a quelques mois, son service de quatrième génération ne semble pas très fiable, selon les habitants. En ce qui concerne le service internet, qui devrait être fourni dans le cadre de l’opération de l’e-gouvernement, 2 000 logements du quartier d’An-Nakhil ont été équipés de la fibre optique. Un procédé technologique moderne qui a commencé à être utilisé dans la nouvelle-ville il y a quelques mois, après avoir cherché en 2018 à amener l’internet de manière traditionnelle, c’est-à-dire via un câble en cuivre.
Des soumissionnaires algériens crient au scandale
Parmi les principales raisons à l’origine des retards accumulés dans l’achèvement et la livraison des logements se trouve le retard de certaines entreprises chinoises à payer les cotisations des soumissionnaires algériens (sous-traitants), avec lesquels ils ont passé un contrat pour réaliser certains travaux. A ce sujet, le Jeune Indépendant a appris que les entreprises chinoises préfèrent réaliser uniquement des travaux en béton, lesquels peuvent être accélérés par rapport à d’autres travaux tels que la menuiserie, le plâtrage, la peinture et les tuiles, qui prennent, quant à eux, beaucoup de temps car nécessitant de la précision. Ces
derniers travaux sont alors confié aux Algériens. Les Chinois enregistrent beaucoup de retard dans le versement des contributions financières, ce qui poussent les Algériens à baisser les bras. A ce propos, le Jeune Indépendant a appris qu’une vingtaine de manutentionnaires algériens sont en litige avec l’entreprise publique chinoise.
Le Jeune Indépendant, 12/07/2021
Etiquettes : Algérie, Bouinan, scolarité, réseaux Internet, transport, logement sociaux,
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