Algérie : Une décision et deux poids deux mesures

Dispense du confinement obligatoire des détenteurs de passeport diplomatique

Les Algériens détenteurs de passeport diplomatique seront désormais dispensés du confinement obligatoire dans les hôtels, à leur entrée au pays. Ils seront, par contre, appelés à s’auto confiner chez eux durant les cinq (5) jours fixés par le protocole sanitaire, mis en place par le gouvernement Djerad, la veille de l’ouverture partielle des frontières et la reprise du trafic aérien à l’international de et vers l’Algérie.

La décision, qui a été prise au niveau du cabinet du Premier ministre, est intervenue alors que l’Algérie vit toujours une transition gouvernementale, depuis le 24 juin, date à laquelle Abdelaziz Djerad avait présenté la démission de son gouvernement au président de la République, suite à la proclamation des résultats définitifs des élections législatives du 12 juin par le Conseil constitutionnel.

Instruction a été donnée respectivement aux ministères de l’Intérieur et du Transport, afin de mettre en application cette mesure, qui ne va pas manquer de susciter la colère et l’incompréhension des Algériens, qui n’ont pas la chance de posséder un passeport diplomatique. La mesure est qualifiée de discriminatoire, car elle accorde des privilèges « injustifiés » à une catégorie d’Algériens et ne tient pas compte des réclamations faites par les détenteurs de passeport ordinaire, dont un grand nombre est vacciné ou en possession d’un test PCR négatif de moins de 36 heures. Pour ces derniers, le confinement obligatoire de cinq (5) jours dans les hôtels reste en vigueur. Tout ce qui a été dit auparavant au sujet d’une éventuelle levée de cette mesure draconienne, qui avait soulevé l’indignation des membres de la communauté algérienne résidant à l’étranger, s’est avéré sans fondement.

Prise dans le cadre de l’ouverture partielle des frontières et la reprise du trafic aérien à l’international de et vers l’Algérie, la décision d’isoler les ressortissants algériens, dès leur arrivée en Algérie et à leur frais, dans un hôtel réquisitionné par l’Etat, a suscité une énorme controverse. La plupart des membres du comité scientifique qui ont été sollicités pour donner leur avis sur la question, ont cautionné sans réserve la mesure, avant que le docteur Mohamed Bekkat Berkani ne brise l’unanimité ambiante et appelle à la suppression du confinement obligatoire. « Le confinement obligatoire n’a plus d’utilité pour les voyageurs en provenance de certains pays », avait-il estimé, il y a déjà une semaine.

Pour revenir à la décision de dispenser les détenteurs de passeport diplomatique du confinement obligatoire et l’obligation de payement des frais, il est à noter que l’instruction a été signée par le directeur de cabinet du premier ministère. Les simples citoyens détenteurs de passeport ordinaire ne vont certainement pas apprécier et ne vont pas manquer, outre mesure, de dénoncer ce « traitement de faveur » réservé par les autorités à une catégorie de privilégiés.

En un mot, la décision prise en l’absence d’un gouvernement en phase d’être constitué, ouvrira la voie à toutes sortes de spéculations, les unes plus justifiées que les autres. De nombreux internautes ont déjà estimé qu’une telle décision est une flagrante violation de la justice sociale et de l’équité. Selon eux tous les Algériens, et quel que soit leur statut, doivent jouir du même traitement.

Mohamed Mebarki

L’Est Républicain, 06/07/2021

Etiquettes : Algérie, passeport diplomatique, confinement,

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