par Abed Chérifi
La célébration du 59ème anniversaire du recouvrement de l’indépendance nationale, une autre occasion de mettre au-devant de la scène le dossier épineux de la mémoire et la relation avec l’ex-puissance coloniale. Le ministre des Moudjahidine et des Ayants droit, Tayeb Zitouni, a affirmé, dans un entretien accordé à l’agence APS, que les relations algéro-françaises avaient connu, ces derniers temps, «un progrès remarquable» en termes de suivi des dossiers de la mémoire. Tayeb Zitouni a également indiqué que la question de la mémoire, «de tout temps au centre des discussions entre l’Algérie et la France, est traitée avec sérieux et pondération loin des reliquats du colonialisme». «Ces dossiers doivent être traités dans le cadre d’un dialogue d’Etat avec Etat loin des personnes, des groupes et des autre cercles influents», ce qui exige, a-t-il dit, «une véritable lecture objective de l’Histoire sous tous ses volets».
Le ministre des Moudjahidine a estimé que le dossier Mémoire «étant une démarche permanente ne saurait être divisé en étapes ou haltes de la période de la colonisation française de l’Algérie qui s’étale de 1830 jusqu’au 5 juillet 1962», a-t-il souligné. «Une période marquée par des crimes imprescriptibles et dont les effets de certains subsistent à ce jour à l’instar des explosions nucléaires dans notre Sud et le dossier des disparus ainsi que les stigmates des lignes de Challe et Morice, les mines et les victimes du napalm, et autres crimes», a encore rappelé le ministre, ajoutant qu’à ces crimes «s’ajoutent la question des déportés de la Calédonie et Guyane et autres colonies françaises en sus des lois iniques promulguées par le colonisateur français pour confisquer les biens des Algériens (terres et biens immobiliers) pour les redonner aux colons outre l’argent, les biens et les documents historiques précieux volés de l’Algérie, a détaillé Tayeb Zitouni.
Ce dernier a assuré que les efforts se poursuivent «pour insuffler un élan aux relations bilatérales entre l’Algérie et la France basées sur des fondements garantissant l’intérêt commun et le respect de la spécificité et la souveraineté des deux pays». «Les dossiers liés à la mémoire sont toujours au cœur des pourparlers entre l’Algérie et la France dans le cadre du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français (CIHN), des commissions ad hoc et les groupes conjoints regroupant plusieurs secteurs ministériels œuvrent constamment dans une optique globale sur les dossiers de la récupération des archives ainsi que la poursuite de la restitution des crânes de nos chouhada et notre patrimoine gardé en France outre le dossier d’indemnisation des victimes des explosions nucléaires au désert et sa dépollution des déchets nucléaires en sus du dossier des disparus de la révolution nationale», a-t-il indiqué.
Quant aux dossiers des archives nationales et des disparus, Tayeb Zitouni a indiqué qu’ils «n’ont pas connu d’évolution, ce qui requiert de la partie française de s’engager et de répondre à la demande de l’Algérie, en lui permettant de récupérer ses archives nationales et de fournir les informations suffisantes relatives aux disparus algériens et aux lieux où ils se trouvent». Il a également rappelé que les services de son secteur, en coordination avec plusieurs départements ministériels chargés de ce dossier, «ont entamé un examen approfondi de tout ce qui est disponible comme données à ce propos», sachant «qu’il a été procédé au recensement de plus de 2.000 martyrs disparus, dont le lieu de leur enterrement n’est pas connu».
Déchets nucléaires : la France refuse de remettre les cartes topographiques
Au sujet des explosions nucléaires dans le Sahara algérien, le ministre des Moudjahidine a affirmé que la partie française «refuse de remettre les cartes topographiques qui permettent de déterminer les lieux d’enfouissement des déchets polluants, radioactifs ou chimiques non découverts à ce jour», a-t-il déclaré. «La partie française n’a mené techniquement aucune initiative en vue de dépolluer les sites et la France n’a fait aucun acte humanitaire en vue de dédommager les victimes», a encore indiqué le ministre, ajoutant que ce dossier est «le plus sensible de ceux de la mémoire qui font l’objet de consultations au sein des commissions compétentes, ce qui nécessite des mesures pratiques urgentes et un règlement et un débat autour de ce dossier en toute objectivité». Avec la parution du décret exécutif portant création de l’Agence de réhabilitation des anciens sites d’essais nucléaires et d’explosions nucléaires français dans le Sud algérien, ajoute Tayeb Zitouni, l’Algérie «aura renouvelé son engagement permanent en matière d’interdiction des armes nucléaires, en tant qu’acteur actif sur la scène diplomatique internationale, ainsi que ses efforts visant à empêcher la prolifération des armes nucléaires dans le monde».
S’agissant de l’indemnisation des victimes d’explosions nucléaires, le même responsable a précisé que les conditions «rédhibitoires prévues dans la loi Morin du 5 juillet 2010 n’avaient permis aux Algériens de bénéficier d’aucune indemnisation jusqu’à ce jour, malgré le fait que ces essais nucléaires français constituent une catastrophe environnementale et humanitaire qui, après 55 ans, causent des maladies cancéreuses et des malformations physiques», a-t-il souligné. Le ministre a enfin réaffirmé que les autorités françaises «insistent encore sur le fait de traiter le dossier des essais nucléaires dans le plus grand secret, en dépit des nombreuses tentatives de juristes et d’associations de victimes des essais nucléaires français en Algérie, qui ont œuvré à ouvrir l’archive, propriété des deux pays, au moins pour déterminer les sites et le champ d’essais».
Le Quotidien d’Oran, 05/07/2021
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