Par Sonia Djouher
Réuni en session ordinaire, vendredi dernier, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a dressé un bilan assez négatif de la situation générale du pays.
Crise d’eau, fermeture des frontières pour cause de la pandémie de la Covid-19 puis une ouverture partielle avec des conditions draconiennes, enseignement universitaire à distance qui a montré ses limites… mais surtout atteintes aux libertés jusqu’à menacer l’unité nationale, selon les déclarations des membres du secrétariat national du parti.
Dans un communiqué rendu public ce samedi, le RCD va jusqu’à accuser le pouvoir en place de tout faire pour réhabiliter l’ancien système, supposé avoir été anéanti par le Hirak du 22 février 2019.
Selon ce parti de l’opposition, c’est là tout l’opposé de ce qui a été revendiqué par le large mouvement populaire pacifique. Faisant le lien avec le scrutin législatif du 12 juin dernier, le RCD affirme que «le pari impossible du régime était, à travers ces élections, de composer avec les mêmes hommes issus du même système pour obtenir une Assemblée nationale différente. Au final, il se retrouve avec une APN composée des vils soutiens de Bouteflika, ce qui confirme une évidence éclatante : “L’Algérie nouvelle” tant vantée n’est autre que celle de Bouteflika mais en pire !».
Le RCD s’élève contre les arrestations qui, estime-t-il, ont atteint une ampleur sans précédent. «Plus de 300 citoyens sont en prison et cette longue liste des détenus d’opinion s’allonge chaque jour. La dernière en date est celle de Fethi Gherras, premier responsable d’un parti politique agréé», tient-il dénoncer. Le parti évoque une instrumentalisation de la justice : «Le pouvoir continue d’instrumentaliser la justice en la convoquant pour traiter des questions mémorielles, criminalisant toute action politique et citoyenne qui rejette la normalisation violente en vigueur.»
Dans le même communiqué, le RCD revient sur l’utilisation de l’expression “acte terroriste”: «Désormais, le simple fait d’appeler à un changement de régime est considéré comme un acte terroriste. Cette massification de la répression et les provocations ciblant certaines régions sont une menace pour l’unité du pays.»
Le parti affirme que la situation, aujourd’hui, est grave et il y a risque de dérapages dont seul le pouvoir en place devra porter la responsabilité. «Le RCD considère que la politique de restauration du régime avec son lot de lois liberticides, de répression, de spoliation des libertés fondamentales et de promotion de la division est un danger pour le pays, dans son unité et son intégrité. Le pouvoir de fait avec toutes ses façades portera l’entière responsabilité des dérapages qui peuvent advenir», lit-on dans le communiqué.
Au sujet de la crise de l’eau, le parti parle d’irresponsabilité et d’incompétence. «La faillite du pouvoir dans la gestion des réserves stratégiques de l’eau des barrages et des nappes phréatiques est sans appel. Son irresponsabilité et son incompétence sont avérées dans le peu d’investissements dans la promotion d’une politique hydrique intégrée, et ce malgré l’embellie financière des deux dernières décennies», estime le RCD.
Concernant l’année universitaire, écrit encore le parti, «force est de constater que l’université algérienne enregistre deux années consécutives de contre-performances en conséquence de la crise sanitaire et d’une gestion catastrophique basée sur le bricolage. L’enseignement en mode distantiel (virtuel), sans moyens didactiques et sans interactivité, est réduit à l’envoi de cours sous forme de fichiers PDF, de liens ou de notes manuscrites scannées, alors qu’une bonne partie des étudiants ne dispose pas de matériel ni de connexion Internet à débit suffisant pour suivre les cours à partir de chez eux ou des résidences universitaires». De même, «les examens en ligne se font dans des conditions où l’enseignant n’a aucun moyen d’identifier l’étudiant examiné».
Pour ce qui est de la diaspora algérienne, lit-on dans le même communiqué, «il y a un mois, les autorités ont annoncé, tambour battant, la reprise des liaisons aériennes avec l’Europe et particulièrement avec la France. Une nouvelle qui a réjoui la diaspora qui a vite déchanté vu le nombre de vols dérisoire, les prix des billets exorbitants et les mauvaises conditions d’accueil dans le pays».
Le Jeune Indépendant, 03/07/2021
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