Algérie : Polémique malsaine

par Abdelkrim Zerzouri

Mémoire nationale, symboles de la nation et histoire occupent la scène à la veille de la célébration du 59e anniversaire de l’indépendance, le 5 juillet 2021. Une date évocatrice de 59 années de souveraineté nationale de notre pays, qui rappelle à la mémoire le fruit d’un très long parcours de militantisme et de lutte d’un peuple contre le colonialisme, mais ce n’est, hélas, pas le débat qu’on voit et qu’on entend de nos jours. De nos jours, il y a plutôt une polémique malsaine, concentrée sur les atteintes aux symboles de la nation depuis l’éclatement de ce scandaleux outrage contre l’Emir Abdelkader et Houari Boumediene, qui nous fait oublier, surtout, que le contentieux mémoriel n’est pas interne. Qu’un Algérien ou deux aient des avis différents sur un héro de la révolution ou du mouvement nationaliste, cela ne peut voiler les hauts faits et les sacrifices que les Algériens ont consentis en gage d’amour à leur patrie tout au long de l’histoire de la lutte contre le colonialisme.

Y a-t-il une volonté de jouer sur la fibre sensible émotionnelle des Algériens et chercher à dévier, maintenant, le cours de ce débat évènement autour des pires souffrances infligées à un peuple et les grands sacrifices d’hommes et de femmes qui ont offert leur vie, leur sang pour libérer le pays du joug colonial ? On peut tout croire, tant les rancœurs se saisissent de la moindre perche trouvée sur le chemin pour nous faire oublier la «fête» de l’indépendance, qu’on doit au peuple héros et à ses grands hommes qui ont marqué l’histoire du pays. Ce n’est vraiment pas le moment, donc, de focaliser entièrement le débat sur les outrages, aussi choquants soient-ils, aux symboles de la nation, contre lesquels la justice aura son mot à dire, afin de ne pas tomber dans le piège qui nous ferait traverser l’étape à côté de l’histoire, la véritable histoire héroïque du peuple qui devrait inspirer les générations de l’indépendance à aimer leur pays et faire le tiers minimum de ce qu’ont fait leurs aïeux pour lui rendre sa liberté.

Dans le feu de l’actualité, outrageante contre les hommes qui ont marqué l’histoire du pays, on devrait rebondir sur le débat réel, soit comment préserver la mémoire de la nation et protéger ses symboles dans le contexte du discours de haine et de remise en doute de la glorieuse histoire de l’Algérie, comme le suggère la conférence placée sous le thème «Fidélité aux symboles de l’Algérie» et organisée, mardi dernier, par des jeunes de l’Organisation nationale des étudiants libres (ONEL), à l’Université d’Alger ‘2′.

Plus loin encore, pour répondre aux discours de la haine, rien de mieux que de semer l’amour de la patrie. Et, ce n’est pas uniquement du rôle ou du pouvoir des historiens de le faire, mais également des pouvoirs publics, qui doivent instaurer un climat de confiance et d’égalité des chances, un pays de droit et de valeurs pour lesquels ces symboles de la nation ont tout sacrifié. Les nouvelles générations seraient immunisées contre les outrages et les atteintes aux symboles de la nation si les gouvernants concrétisaient leurs idéaux, résumés dans la déclaration du 1er novembre, dans le temps présent. C’est le serment qu’on doit aux symboles de la nation.

Le Quotidien d’Oran, 01/07/2021

Etiquettes : Algérie, Mémoire nationale, symboles de la nation, histoire, Emir Abdelkader, colonialisme, guerre de libération, Houari Boumediene,

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